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— Je l'ai influencé en lui affirmant que j'étais sûr de l'innocence d'Antoine, insisté-je.

Miss Hatouva est impressionnée par notre solidarité.

— On ne me l'avait encore jamais fait le coup du « c'est pas lui, c'est moi ». Enfin !.. Venons-en à l'essentiel.

Elle se tourne vers Antoine et le fixe longuement. Aussi vrai que le dernier orgasme de ta femme coïncide avec la dernière livraison du garçon boucher, je suis prêt à te parier que cette nana en pince aussi fort pour mon fils que pour moi. Le charme juvénile interpelle autant les œstrogènes que la ravageuse maturité. Brad Pitt ou Harrison Ford, même mouillette !

— Comment expliquez-vous la présence de votre casquette sur le lieu du crime ?

Antoine me consulte du regard. D'un battement de cils je lui indique de parler naturel, de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, sans haine et sans crainte.

Il obtempère.

— C'est très simple, madame la juge. Mélanie est une amie de longue date. Au cours de la soirée nous avons dansé et flirté ensemble. Je lui ai fixé rendez-vous près du parking de l'entrée, sous le grand saule pleureur.

— Dans quel but ? demande la perfide magistrate.

— De l'emmener faire l'amour dans ma voiture.

— Qu'a-t-elle répondu ?

— Qu'elle avait encore des potes à saluer et qu'elle me rejoindrait une heure après.

— Ensuite ?

— J'ai continué à danser et un peu plus tard je me suis rendu à l'endroit convenu. J'ai patienté quelques minutes en marchant de long en large sur le talus. Et c'est là que j'ai découvert le corps de Mélanie. C'était effroyable…

— Pourquoi vous êtes-vous enfui ?

— J'ai vu un gendarme arriver dans ma direction. J'ai paniqué.

— Et vous avez perdu votre casquette dans votre fuite…

— Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite. C'est seulement le lendemain que j'ai réalisé.

— Vous êtes rentré à Paris avec votre voiture ?

— Bien sûr.

Annick Hatouva croise les bras sur son bureau.

— Vous aviez bu, ce soir-là ?

— Oui.

— Beaucoup ?

— Trop pour échapper à un contrôle d'alcoolémie, mais pas au point de perdre la raison.

— Vous aviez fumé ?

— Du tabac, uniquement.

— Pas de pilules, pas de coke ?

Antoine remonte ses manches pour dévoiler ses veines sans aucune trace de piqûre.

— Et pas d'héroïne non plus. Je ne me drogue pas, madame la juge, les tests sanguins le prouveront.

— Nous les ferons pratiquer.

Un long silence plane, juste troublé par la greffière qui achève de consigner l'interrogatoire sur son ordinateur.

— Quelque chose vous gêne dans le témoignage d'Antoine, madame la juge ? questionne Roykeau. Il est le fils d'un policier de haut rang et policier lui-même, depuis peu de temps, je vous l'accorde. Mais enfin… rien ne nous permet de douter de sa bonne foi. D'autant qu'il n'a aucun antécédent judiciaire.

Le juge feuillette un dossier et hoche la tête à plusieurs reprises.

— En effet. Pas d'antécédent.

Je lui sais gré de ne faire aucune allusion aux parents biologiques d'Antoine.

— Des tests génétiques sont en cours ? hasardé-je, manière de relancer l'ambiance.

Roykeau opine de son ondulante toison grisonnante qui tant fait ruisseler les muqueuses australes des Chartraines.

— Le légiste a déterminé trois spermes différents sur la victime.

In petto, je me dis que cette Mélanie était un véritable shaker à foutre. Trois fourrettes et un bon coup de techno là-dessus, bonjour le cocktail !

— Nous allons les comparer aux marqueurs ADN des cheveux trouvés dans le bonnet inca, précise le commissaire, et… dans la casquette.

Antoine ne peut s'empêcher de réagir, se dressant d'un bond.

— Ne perdez pas votre temps à analyser mes cheveux ! Je n'ai pas couché avec Mélanie, ce soir-là. Et si je l'avais fait, j'aurais utilisé ça !

Il balance un préservatif sur la table de la jugeasse[15].

— Mélanie me faisait bander, poursuit mon garnement, s'exaltant quelque trop, mais je ne suis pas débile au point de sauter une fille à risques, comme elle, sans protection !

Le couillon ! Il est en train de se piéger comme un bleu.

— Et vous pensez que ce fait peut servir votre défense ?

— Eh bien…

— Au contraire, enchaîne la jugeonne[16], ça vous accable !

Mon Antoine se liquéfie comme une glace à la vanille en vacances chez Kadhafi.

— Je ne vois pas en quoi…

— Réfléchissez. Votre égérie copule avec trois hommes au cours de la soirée…

Egérie, copule… Ce sont vraiment des mots de vieille fille branleuse. Il va falloir qu'on la rééduque, cette jugeoune[17].

En attendant, elle n'est pas décidée à lâcher mon fiston d'une semelle.

— Lorsque vous la retrouvez, continue-t-elle, Mélanie se refuse à vous. L'affront est insupportable…

Cette fois, je décide d'intervenir.

— Alors Antoine, pour se venger, tue la fille, lui arrache utérus et ovaires et taillade les seins. Il est vraiment susceptible ! Mais enfin, madame la juge, regardez-le ! Ce garçon vous paraît-il capable d'une telle monstruosité ? Alors qu'il vient de sortir major de l'école de Police ?

Annick Hatouva demeure imperturbable, tendance butée. Le commissaire Roykeau essaie à son tour de nous venir en aide.

— Je vous rappelle, madame, que mon collègue San-Antonio a recueilli les aveux d'un certain Paco Rodriguez, trafiquant de drogue notoire, qui se trouvait sur les lieux la nuit du crime, et qui a reconnu avoir assassiné Mélanie Godemiche parce qu'elle refusait de lui payer son dû.

La jugeope[18] fait non de la tête.

— Ces aveux ne figurent pas sur le rapport du commissario Manao !

— Parce que c'est à moi que Paco s'est confié.

— Vous pensez vraiment que je vais croire cette fable, commissaire ?

— Non. Mais c'est dommage pour la suite de votre enquête.

Pas impressionnée, Annick Hatouva frappe son bureau du plat de la main pour attirer l'attention de sa greffière broutassière.

— Je décide la mise en examen et l'incarcération immédiate de M. Antoine San-Antonio.

— Junior, précise mon fils, San-Antonio Junior !

* * *

— Tu ne veux pas me laisser le volant ? demande Roykeau, plus blanc qu'un navet javellisé égaré sur un lit de Chantilly. Tu as l'air nerveux.

J'attaque un virage en épingle à cheveux à plus de cent trente à l'heure. Deux roues de ma bombe se soulèvent et les deux autres mordent le talus.

— Non. Ça me détend, de conduire.

Je contrebraque, enraye un tête-à-queue et évite de justesse une bétaillère qui tient la moitié de la chaussée. Nouveau virage serré et je lève le pied car nous arrivons aux abords du château de la Vieille-Nave. Mon collègue prend le temps de pisser un coup, sa grand-mère lui ayant expliqué qu'il fallait toujours uriner après une grande émotion.

Nicolas Godemiche nous ouvre. Le jeune homme ne paraît pas spécialement joyce de me voir. Et pas davantage de se trouver en présence de Roykeau. De notre précédente rencontre, il conserve un sparadrap sur le tarbouif.

— Bonjour messieurs ?

— Inutile de faire les présentations, tu connais mon confrère de Chartres.

— Vous jouez de malchance, mon père est à Paris pour toute la journée.

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15

La rime est riche avec pétasse.

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16

La rime est riche avec conne.

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17

La rime est riche avec foufoune.

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18

La rime est riche avec salope.