— Mais mieux que le coffre de ta D.S., ricane Antoine.
Nous n'avons guère de chemin à parcourir avant de repérer la BMW de Godemiche, couchée sur le flanc. Un peu plus loin, nous découvrons Jacquemart-André. Il s'est tordu la cheville dans une profonde ornière. Je m'approche de lui, compatissant.
— J'ai tout compris, mon vieux.
En guise de bienvenue, il me largue une bastos qui me rase le temporal. Je plonge au sol en gueulant.
— Arrête tes conneries, Jacquemart !
— Attention ! Il me reste encore une balle !
Je demeure un long moment couché dans mon sillon avant de relancer le débat.
— Pourquoi ? Dis-moi, pourquoi tant de meurtres ?
— Ma femme avait besoin d'une greffe.
— La greffe de vie, ça n'existe pas.
— Si ! Moi, je vais lui faire sa transplantation ! Elle revivra !
Mieux vaut changer de sujet.
— Pourquoi as-tu marqué les lieux de tes crimes sur la carte routière de ton fils ? Pourquoi avoir utilisé sa hache contre le Dr Collot ? Pour le faire arrêter à ta place ?
Surmontant sa douleur, Jacquemart se redresse.
— Nicolas est une petite ordure. Pendant que sa mère mourait, il baisait sa tante. Il fallait qu'il paie et que moi je poursuive mon œuvre !
— Cette petite ordure a accepté de prendre tes crimes en charge ! grondé-je. Il s'est accusé pour toi.
Je pousse un hurlement car Antoine bondit vers le forcené ! Le coup part. Mon fils est stoppé net. Il gémit et bascule en arrière. Je me précipite en même temps qu'Anatole. Mais lui s'est emparé d'une fourche trident qu'il enfonce de tout son poids dans les poumons de Jacquemart.
Je n'oublierai jamais le son de ce poitrail perforé, ni la lente agonie de ce pauvre malade.
Antoine n'est que superficiellement touché au bras. Il nous faut plusieurs minutes pour recouvrer notre calme.
— Je vais aller en taule ! gémit Blondeau. J'm'en fous, pour moi. Mais mes bêtes ? Et ma femme ? Qu'est-ce qu'elle va devenir, ma femme, sans sa fille ni son homme ?
Bérurier se gratte le fion, renifle ses doigts et prend la décision du siècle.
— Faut qu'on fait disparaître le cadav' !
Antoine que je viens de garrotter réagit aussi sec.
— Hé ! En l'absence du coupable, je reste le seul suspect !
— Rassure-toi, mon garçon, j'ai toutes les preuves de la culpabilité de Jacquemart-André. Suffit d'explorer son grenier.
— Ouais… marmonne Anatole. J'ai bien une idée pour ce salaud, seulement je sais pas quoi faire de sa voiture.
— La bagnole, on s'en charge ! décidé-je.
« La lune, quand elle est pleine et toi aussi, te fait penser à un cul, admets ? Et bien cette nuit-là, pas du tout. C'était une lune fielleuse, plus blanche qu'un lilas offert à une jeune tuberculeuse… »
Tu connais la suite, non ?
Ce fut sans doute l'un des plus beaux matins du monde, puisque ce fut celui où IL mourut.
Quatrième de couverture
Le 6 juin 2000 Frédéric Dard nous quittait, laissant derrière lui son œuvre géniale et des millions de lecteurs orphelins.
Il nous a fait le cadeau de ce roman posthume dans lequel son humour, son sens du suspense et son éternelle jeunesse éblouissent notre esprit !
Le Commissaire est toujours là, qu’on se le dise !
En compagnie de Bérurier, Berthe, Marie-Marie et toute la fine équipe !