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Marika dit qu’elle allait le demander.

Bon, c’est une sacrée pétroleuse, ma souris, mais elle a ses déclencheurs naturels, sa passion pour moi lui suffit, son tempérament de braise (et de baise) fait le reste.

Là, je suis convaincu que ce n’est pas le film porno en tant que tel, comme diraient Michel Rocard, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen (qui a trouvé une bonne gâche) et quelques autres, qui l’intéresse, non plus que la zézette surdimensionnelle du Polak, mais le comportement du personnage.

Miss Veuvette va à un cosy-corner pourvu d’une vaste niche où se trouvent, dûment étiquetées, les cassettes des films tournés par Serge.

— Vous n’avez pas vu son dernier : Les petites purgées ? Quoiqu’il risquerait de vous flanquer la gerbe. Non, je vais vous programmer Les grandes craquettes sous la Lune, qui est charmant et comique, par moments. Pendant que vous le visionnerez, je continuerai mes valises car il faut que je vide les lieux avant huit heures, son « ex » va rappliquer de Belgique où elle vit avec la fille de Sergio. Paraît que c’est une acariâtre de première grandeur. Et, dans ces cas-là, les épouses délaissées prennent leur revanche, vous pensez ! Si je me taille pas avant son arrivée, elle me laissera même pas emporter mes culottes.

Tout en devisant, elle nous branche la vidéo. Ça démarre sec, avant le générique, par un numéro de fellation contrôlée. Plan gigantesque d’un super-zob engouffré par une bouche rouge coquelicot. En fond sonore, les plaintes d’un couple en pâmoison. Le générique se déroule sur cette scène intéressante de tutoiement poussé dans ses ultimes retranchements.

À la fin du générique, la bouche dégage le champ pour laisser le paf s’exprimer clairement. Il le fait à en brouiller l’écran.

— C’était Serge ! nous annonce triomphalement Geneviève Ripaton, sans cesser d’emballer un baromètre à mercure posé sur un socle de faux vieux bois « chironné » à la main.

Le film commence. Panoramique d’une nuit d’été à la campagne. Superbe ! On grossit sur un champ de blé. On découvre des formes blanches, bondissantes. Dans le fond de l’image, un vaste château à tourelles. L’objectif serre sur l’une de ces formes jusqu’à nous permettre de définir une femme en chemise de nuit qui gambade dans les blés mûrs. Un faune la course. Gars velu, seulement vêtu d’une veste de fourrure. Masqué. La tronche de caoutchouc est celle de King-Kong. Se sentant sur le point d’être rattrapée, la fugitive s’abat dans le champ de blé, à la renverse. Contrechamp sur la pleine lune. On laisse glisser quelques nuages floconneux, évoquant un flot de ce que tu sais. Nouveau contrechamp. La dame est à la renverse, troussée, les jambes en V, offerte. Son mollusque à crinière appelle un complément naturel en sourd-muet. Elle l’obtient puisque le faune s’agenouille entre les cannes de la dame vaincue. Son braque est à ce point conséquent que tu le prendrais pour le tube d’un canon de 155.

La future victime a placé ses bras en parade sur son visage, comme s’il s’agissait du point névralgique de sa personne. Elle n’a pas tort, car « the monster », remonte son corps, à genoux, jusqu’à amener sa vigueur au niveau de la figure protégée. Il assène quelques coups de membre sur les mains défendeuses. La malheureuse finit par attraper la matraque. Du coup elle se rend compte qu’il ne tient qu’à elle de devenir une bienheureuse. Revirement complet. Trompettes d’Aïda. Gloire immortelle de nos aïeux !

Bon, comme que comme, on retombe dans le classique. C’est ça qui les freine chez les « X » ; le renouvellement est duraille. Le calumet de l’happé, la minette chantée, l’embrocage urbi et orbi, plus des papouilles complémentaires, c’est les interprètes qui changent, mais l’action demeure la même. Et ça finit toujours pareil ! Mais alors toujours, je te le garantis. L’éternuement de Popaul, la grande beuglante de la madame ; et comme corollaire, la tartine ! On s’enlace et on s’en lasse.

Moi, je me demande si je vais pouvoir tenir le choc. C’est tellement triste de voir copuler cet homme maintenant égorgé ! Pendant un moment, la scène est surréalisée par le très gros plan. Et puis les deux partenaires passent à un autre exercice, et alors le metteur en cul, pardon, le metteur en obscène, se paie un plan de coupe : les deux frimes réunies du couple. Je comprends pourquoi ce génial artisan du septième art a décidé cela. C’est pour obtenir un effet. Tout le monde croit qu’il va nous montrer « La Belle et la Bête ». King-Kong et Ophélie ! Sainte Blédine et le lion ! Le monstre en rut et la jeune proie soumise. Mais au lieu de, fume ! Ouitche ! c’est la grande zobance. Une figure de cauchemar s’inscrit à côté de celle du violeur masqué. Tête de vieille sorcière sortie de Blanche-Neige. Nez crochu, formant casse-noisettes avec le menton. Regard enfoncé aux orbites noircies. Cheveux filasse, gris raide, tombant bas. Verrues protubérantes plein la gueule de cauchemar. Denture ébréchée, avec des trous noirs. Le cadeau de l’enfer !

Les visages se désunissent et King-Kong prend du recul pour manœuvrer la vioque. Il la fait placer dos à lui, l’oblige à s’incliner, lui dépiaute sa chemise de nuit pour lui en couvrir la tête. La vieille vilaine offre un corps assez pulpeux, quoique chutant par toutes ses rotondités. L’agresseur de la Belle Étoile dégaine son guiseau féroce et plante la sorcière avec une autorité convaincante. C’est l’emplâtrage impétueux, à sec ! Sans barguigner. Le coup de goumi insolent du soudard conquérant. Pas de pitié pour le pot de l’ancêtre ! Vaseline prohibited ! Que tant pis pour elle si son fion supporte mal l’assaut. Il va au plus pressé, ce colosse du goume. Et pas de service préparatoire, je vous prie ! Il l’attaque d’emblée par un galop effréné. Se moque de la surchauffe, le bandit voyou ! Hardi, hardons ! La chevauchée cosaque déferle à travers la steppe de la douairière. Elle a une période indécise avant de pouvoir dominer sa souffrance, mémé. Tu lubrifies plus lulure, à son âge ! La sécrétion est une source qui se tarit dans l’hiver des connasses.

Mais la nature étant généreuse, elle finit par donner à l’épouvantail l’agrément qu’il saurait attendre d’un membre aussi exceptionnel. King-Kong pousse, il s’évertue. Il précipite la cadence. N’ensuite, au bout d’une ardente besognance, le fauve place sa consentante victime côté face pour prolonger ses prouesses. Dame Tartine en conçoit davantage de jubilation. Cette fois, on est parti pour le grand raid et le gros raide (ah ! que j’aime les mots, les émaux, les mailles et l’émail !).

L’ami Grokomak seringue si fort qu’il la gonfle. Il panarde pile avant qu’elle n’éclate. Virgule son éblouissement dont la duègne se sert aussitôt comme d’un onguent de jouvence.

Rien de nouveau sous le soleil ! Ni sous la lune ! Et moi, je suis aux prises avec un sentiment mélangé (tellement d’autres sont sans mélange !). Ce que j’éprouve, devant ces pauvretés affligeantes, c’est l’impression que cette passe copulatoire est « à clé ». Qu’elle détient un secret. Et que ce secret, il me faut le percer tout de suite, tant il est vrai, comme me le faisait remarquer Canuet l’autre jour, que le sperme ne se réchauffe pas, fût-ce au bain-marie.

Le film, si j’ose ainsi qualifier l’immondice en question, continue de se dérouler. Après avoir comblé la vieillarde surchauffée, King-Kong l’étrangle de son énorme patte velue et cartonneuse. La laisse gésir dans le champ de blé nocturne. S’avance vers le château.

Nous l’y verrons, tour à tour, sodomiser le petit palefrenier qui couchait au-dessus des écuries ; étouffer d’une pipe ininterrompue la grosse lingère en corset 1900 ; faire plus complaisamment l’amour avec deux impertinentes soubrettes vêtues de leur seul tablier blanc en dentelle, mais chaussées d’escarpins noirs. Et, pour finir, s’embourber la châtelaine, sous le regard effaré du comte qu’il a ligoté sur le billard et qui est contraint (mais ça ne lui déplaît pas) de groumer la cuisinière dont King-Kong survolte les ardeurs avec une queue de billard (tenue à l’envers). Drôle de vie de château, non ?