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Dès le début de la partie, un joueur français nommé Jacques Merdre (tiens, j’aurais dû l’appeler Jean. Jean Merdre eût été plus comique) a délibérément assommé le gardien de but hindou.

À tel point que deux ambulanciers sont venus chercher le blessé pour l’évacuer.

En réalité, ces ambulanciers étaient bidons et attendaient l’acte de violence de Merdre pour intervenir.

Nous leur avons donné la chasse et nous avons constaté qu’au lieu de driver Flahagran-Dehli dans un hosto parisien, ils ont emprunté l’autoroute du sud.

Une défaillance mécanique de la voiture de Pinaud a provoqué la mort du trio. Tout a flambé.

Je me suis dès lors rabattu sur l’appartement des Merdre. Un type m’a répondu au parlophone. Un obèse qui, je le suppose, s’appelle Claudius Monbraque. En apprenant que j’appartenais à la police, il s’est jeté par la baie et s’est écrasé aux pieds de Béru.

Nous nous sommes précipités dans l’appartement des Merdre et avons découvert dans leur piscine une mystérieuse et splendide créature. Elle semblait ignorer le décès tragique de son compagnon. Vous savez quel accueil elle nous a réservé ? Bon, merci.

Une personne de confiance habitant l’immeuble m’a révélé : que le père Merdre était absent de chez lui depuis au moins deux semaines, que les domestiques sont en vacances et que le fils se sert d’une motocyclette dont la bruyance est non seulement compétitive, mais sujette à pétitions.

Une heure plus tard, je fouille le portefeuille de l’obèse. J’y trouve un billet d’avion pour Bombay, ainsi que la description d’un certain Hivy Danhladesh, sujet hindou, lequel attendra (en vain) le pseudo Monbraque à l’aéroport de cette charmante localité.

À l’instant où j’enregistre le fait, mon respectable chef me charge d’enquêter sur l’assassinat du fils Merdre !

De toute beauté, hein ? Ça, c’est de l’action. Du mystère. Je te vous suce-pince à bout portant, mes gueux !

Te vous en flanque pour vos piastres dévaluées, bande de requins.

Et le plus inouï, c’est que ça ne fait que commencer. Vous allez voir !

Lire !

Ouïr !

Jouir !

The big fade, chéris, chéries ! The monumental orgasme, promis, certifié. Le panard du mois ! Y en a qui promettraient du siècle, mais je suis prudent dans mes engagements, moi ! Je m’enfourne pas à la légère. Je préfère demeurer en deçà des possibilités. Garder de la réserve d’accélération pour doubler dans les virages.

Le bigophone sonne à nouveau.

Cette fois, c’est bien Sa Majesté l’Enflure.

— J’ai morflé la crève, geint-il. Je crois que la fièvre me prend. Je m’enquillerais un baromètre dans le recteur, je taperais le 40 chrono facile !

— Si c’est ainsi, zone-toi, Gros et interprète un solo de polochon !

— Ce serait la prudence, éternue le Gros d’un ton gourmand. Que si je balade à l’estérieur une grippe de c’t’acabit, j’ouvre la lourde à la conjonction pulmonaire et à ses dérivés. Mon cousin Fernand, de Saint-Locdu-le-Vieux, il est canné dans un sana des consécutions d’une partie de pêche. Le brochet, en plein hiver… Il s’était fichu à la baille en enfilochant un petit monstre… Moins vingt sous zéro, tu juges ? L’avait des glaçons aux joyeuses. Deux mois plus tard, on lui trouvait des cavernes aux soufflets grandes comme les champignonnières d’Argenteuil ! Y avait pas de pénoche à l’époque. Il a fini par faire une physionomie galopante qu’a tellement galopé qu’il en est mort…

— Pas besoin de me déballer ton caveau de famille pour m’expliquer que tu vas tirer ta flemme, eh, Baudruche ! Prends ta boutanche de Négrita et file dans les toiles.

— Tu sais que j’sus pas du genre mauviette qui se chouchoute, déclare le Mammouth enrhumé. Mais ouvre tes Saint-Jacques et écoute ça, please !

Il m’offre un récital de toux sans accompagnement en grande avant-première mondiale.

— T’as entendu un peu ce désastre ? halète-t-il consécutivement.

— Une merveille, apprécié-je. L’on dirait (long dix raies) qu’on défonce des cercueils à coups de marteaux.

À propos, je t’ai pas encore raconté la dernière ?

— Quelle dernière ?

— Le fils Merdre a été assassiné en se rendant au laboratoire paternel de Corbeil-Essonnes. On démarre par une hécatombe, ça promet. Cela dit, faut que je fonce là-bas, dors bien et n’oublie pas de te faire grimper les baveux par Marie-Marie, demain, noir sur blanc, avec le lyrisme de mes potes journalistes, ça doit avoir une certaine allure.

— Hé, écoute ! égosille Pépère.

Je raccroche.

Le temps pour Alexandre-Benoît de recomposer mon numéro et voilà ses dring-dring qui remettent le couvert.

Je les connais, les rappels du Gros.

Aussi, je laisse quimper.

— Le téléphone ! crie Félicie, étonnée que je ne décroche pas.

— T’inquiète pas, M’man, c’est un vieil emmerdeur qui cherche à me vendre de la salade fanée. Il vaut mieux ne pas répondre. D’ailleurs il va se calmer très vite.

Effectivement, à la quatrième stridée, l’appareil redevient aussi muet qu’il était avant qu’on ne le raccordât au réseau.

— Tu le connais bien, note Pinuche en souriant avec tendresse.

— Oui, César, je le connais bien. Et parce que je le connais bien, je peux t’assurer qu’il arrivera à Corbeil moins de vingt minutes après nous !

HATER PIC CINQ

Je me suis gouré dans mon estimation, gentlemen et messieurs, car il est déjà là, Grobide, lorsque nous déboulons.

Son pardingue étant provisoirement hors d’usage, il a endossé sa vieille canadienne à col de mouton-frappé-de-pelade. De plus, il s’est noué un cache-col autour de la tête pour se protéger les oreilles. Il a mis par-dessus le tout un chapeau de feutre dont il ne me restait plus la moindre souvenance et qui fait songer à quelque immense champignon pourri, déjà vénéneux originellement. Tel, Béru ressemble à un maquignon de la Corrèze. Il n’est point seul. Marie-Marie l’escorte, croquignolette tout plein dans un manteau écossais bleu. Elle porte un béret, également écossais, sommé d’un gros pompon rouge. Ses genoux sont violacés par le froid et elle tape la semelle, histoire de se réchauffer les pinceaux.

En m’apercevant, la mouflette me saute au col !

— Santonio ? Depuis le temps qu’on s’est pas vus !

Je lui rends sa bise.

— Qu’est-ce que tu fiches ici, Moustique ?

— Bé, j’ai accompagné Tonton, vu qu’à l’école on a les aprèmes du samedi.

— Tu trouves que c’est un lieu de balade pour une gamine, Alexandre-Benoît ! exclamé-je sévèrement en lui désignant le cadavre dissimulé jusqu’aux cuisses sous une bâche.

Sa Majesté explose, ce qui est grave de conséquences car un gorille enrhumé est particulièrement riche en expulsions variées et avariées.

— Merci beaucoup de l’accueil, tonne Tonton. J’sus là, le c… bourré de fièvre, avec des éponges comme des réservoirs d’aspirateurs après usage, alors que je devrais me faire faire un tomato-catchup d’urgence et boire des pleins bols de pénicilline. Je claque tellement des ratiches que j’ai dû mettre mon râtelier dans ma poche pour pas qu’y s’ébrèche. Je pousse la confiance professionnelle jusqu’au risque du péril de ma vie, et le remerciement, c’est de la rouscaille comme quoi je m’ai fait escorter de ma nièce ! Non, mais, de qui ce mecton, hein ? Qui prend-on pour une courge ? Un melon ! Le roi des ballots ! La reine des pommes. Un sac à chiasse ! Brèfle : un cé-ho-enne !