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Mais c’est à ce moment le début de la collection « Le Rayon fantastique ». Et il se trouvait qu’alors un ami de la famille de ma mère, Roger Allard, était directeur de collection chez Gallimard. Ayant convaincu — ce qui ne fut pas évident — mon père de soumettre son ouvrage, ma mère alla le porter à l’éditeur.

Le roman fut accepté, et sous le numéro 23 devint en 1954 le premier roman français publié par « Le Rayon fantastique ».

François Bordes choisit comme pseudonyme Francis Carsac, « Francis » pour « François », bien sûr, et « Carsac » du nom du village du Périgord, près de Sarlat, où il possédait une maison qui lui servait de « camp de base » pour ses fouilles préhistoriques dans la région. L’obligation pour lui d’avoir un pseudonyme était double. D’une part, il ne souhaitait pas qu’une confusion puisse se faire entre ses écrits scientifiques et ses écrits d’imagination. D’autre part, malgré une réputation scientifique déjà internationale et grandissante, il n’était encore statutairement qu’un jeune chercheur du C.N.R.S., dont la carrière dépendait de décisions de commissions dont certains membres auraient accueilli avec joie la possibilité de mettre en avant le fait qu’il écrivait de la « science-fiction »: « quelqu’un qui écrit de la science-fiction ne peut pas être un scientifique sérieux » aurait été leur argument. Que le géologue-préhistorien François Bordes et l’écrivain de SF Francis Carsac était une même personne resta donc quelques années un secret, jusqu’à ce qu’il n’ait plus lieu d’être.

Ceux de Nulle-part ayant connu un succès immédiat, l’éditeur eut le réflexe de tout éditeur, à savoir demander à l’auteur s’il n’avait pas autre chose dans ses tiroirs. Et c’est ainsi que l’Aventure cosmique fut réécrite, avec peu de changements par rapport au manuscrit (cette fois vraiment manuscrit, pas « tapé à la machine » …). Pour des raisons « commerciales », le titre devint Les Robinsons du Cosmos, qui fut publié en 1955 sous le numéro 34 de la collection. Mais dès Décembre 1952, « Francis Carsac » avait commencé la « suite » de Ceux de Nulle-part, Ce Monde est nôtre, qui ne devait être achevé qu’en 1959 pour finir par être publié en 1962. Entre temps, il avait repris Le Grand Crépuscule, en 1955-56, pour de nouveau l’abandonner avant de le terminer au début de 1959. Il fut publié en 1960 sous le titre Terre en fuite. Les premières pages du Peuple des Etoiles, paru en 1962 sous le titre Pour Patrie l’Espace, datent de 1956–1958. Puis le roman fut écrit de Décembre 1960 à Mai 1961. La Vermine du Lion, enfin, fut écrit d’Octobre 1961 à Décembre 1962.

Puis Francis Carsac n’écrivit plus de romans, juste quelques nouvelles.

Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’avait plus le temps. Ou plutôt parce que François Bordes n’avait plus beaucoup le temps d’être Francis Carsac. Parce que Bordes/Carsac n’a jamais écrit de la science-fiction qu’en amateur, et que, pour l’utilisation du temps disponible, François Bordes le scientifique avait la priorité absolue sur Francis Carsac l’écrivain. Pire, parce que François Bordes le scientifique devait déjà batailler avec le Professeur Bordes, directeur d’un laboratoire qui prenait de plus en plus d’importance, pour avoir un peu de temps à consacrer à la recherche …