Mais bientôt jaloux, fou furieux,
Il la saisit, ce fut atroce
D'un seul coup il lui fit trois bleus
Et d'un autre, il lui fit trois gosses!
Puis saisissant à bras le corps
Sa petite femme en bois d'ébène
Il la balança par-dessus bord
En s'écriant: La mer est pleine
Et les morues, qu'avaient les foies
Moururent de peur toutes à la fois!
Mais stupeur le lendemain les flots
Etaient noirs… sitôt tout le monde
Pensa: C'est la faute aux bateaux
Qui jettent leur… ancre dans l'onde!
La vérité, moi j'vous l'apporte
Notre négresse c'est notoire
Avait déteint et… la mère morte
Flottait maintenant dans la mer noire
Et le gardien désespéré
Se jeta… dans les mots croisés!
Le juif errant à Paris
Paroles: E. Dumont. Musique: F.L. Bénech 1922
autres interprètes: Georgette Plana
Au pied du sacré cœur, tout là haut sur la butte,
Passait un grand vieillard, à la barbe hirsute.
De ses yeux lumineux, il contemplait Paris,
Et les gens s'arrêtant, le regardaient surpris!
Dis-nous grand-père, quel est ton âge?
Où vas-tu? Qui donc es-tu?
Tu as dû faire un long voyage!
Et le vieillard a répondu:
{
J'ai vu tous les pays, J'ai parcouru la terre,
Car depuis deux mille ans, Je suis le juif errant.
De l'histoire des hommes, je connais les mystères,
Ce qu'on voit aujourd'hui, moi je l'ai vu jadis.
Vous cherchez un remède à toutes vos misères,
L'exemple du passé ne vous a rien appris!
Oui! Tant que tournera notre machine ronde,
Les hommes resteront les grands enfants du monde!
Grand-père parle nous, nous savons ton histoire,
Et nous t'écouterons, car nous voulons te croire!
Autour du juif errant chacun s'est approché,
Un jeune homme d'abord vient pour l'interroger.
"J'aime Lisette à la folie,
La belle m'a donné son cœur!
M'aimera-t-elle toute la vie?"
Il répondit avec douceur:
{
J'ai vu des amoureux, j'ai vu des amoureuses,
Vouloir mourir un jour par désespoir d'amour!
Je les ai vu plus tard la mine insoucieuse,
Avec d'autres échangeant les plus tendres serments…
Ils avaient oublié leur passion malheureuse,
Aveugles! Ils s'en allaient vers de nouveaux tourments!
Oui! Tant que tournera notre machine ronde,
Des hommes souffriront pour l'amour d'une blonde!
Grand-père à notre tour, toi qui vit tant de choses,
Des malheurs d'aujourd'hui, tu dois savoir les causes!
On nous promet partout un meilleur avenir,
Dis-nous si nos enfants n'auront plus à souffrir?
Reverront-ils l'horrible guerre?
Devons-nous croire ce qu'on nous dit:
Que tous les hommes sont nos frères
Et le vieillard leur répondit:
{
J'ai vu des royautés, j'ai vu des républiques,
Où vivaient des humains, contents de leur destin,
Pour soutenir leur trône ou bien leur politique,
Leurs maîtres ont semé la haine parmi eux…
Je les ai vu mourir en combats héroïques,
Les peuples sont toujours la proie des ambitieux!
Oui! tant que tournera notre machine ronde,
Les hommes se tueront pour conquérir le monde!
Le menuet d'Exaudet
Cet étang
Qui s'étend
Dans la plaine
Répète au sein de ses eaux
Les verdoyants ormeaux
Où le pampre s'enchaîne
Un ciel pur
Un azur
Sans nuages
Vivement s'y réfléchit
Le tableau s'enrichit
D'images
Mais tandis que l'on admire
Cette onde où le ciel se mire
Un zéphyr
Vient ternir
La surface
D'un souffle il confond les traits
L'éclat de tant d'objets
S'efface
Cet étang
Qui s'étend
Dans la plaine
Répète au sein de ses eaux
Les verdoyants ormeaux
Où le pampre s'enchaîne
Un ciel pur
Un azur
Sans nuages
Vivement s'y réfléchit
Le tableau s'enrichit
D'images
Le Père la Victoire
Paroles: Lucien Delormel, Léon Garnier. Musique: Louis Ganne 1888
Nous l'avions surnommé le Père la Victoire
Devant son cabaret nous lécoutions parler
Or un jour qu'il voyait des pipupious défiler
Il nous dit tout joyeux en nous offrant à boire:
Amis, je viens d'avoir cent ans,
Ma carrière est finie,
Mais mon coeur plein de vie
Bat toujours comme au jeune temps.
Le printemps parfume,
Le jeu, le vin, j'ai tout aimé,
Le gai tintin, le glouglou d'un flacon
Me mettaient folie en tête,
Et lorsque j'étais pompette,
Je me grisais d'une folle chanson.
Mais l'enchanteur
Qui me faisait battre le coeur,
Plan, rataplan, rataplan,
C'était ce bruit-là mes enfants!
Vous qui passez là-bas,
Sous cette tonnelle, entrez boire,
Ah! Buvez, jeunes soldats,
Le vin du père la victoire.
Brillant, vermeil,
Nectar sans pareil,
Il remplit le coeur de vaillance.
Buvez, enfants,
Le vin de mes cent ans.