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Les mains de la tante Pétunia trouvèrent les épaules massives habillées de cuir de Dudley, et elles se crispèrent dessus.

« Attends » dit l’oncle Vernon, regardant tantôt sa femme, tantôt Harry, apparemment choqué et étourdi par l’intelligence sans précédent qui semblait s’être tissée entre eux deux. « Attends. Ce Lord Voldetruc est revenu, tu dis ? »

« Oui. »

« Celui qui a assassiné tes parents. »

« Oui. »

« Et maintenant il a envoyé des Distracteurs à tes trousses ? »

« Ça en a tout l’air » dit Harry.

« Je vois. » dit l’oncle Vernon, regardant sa femme livide puis Harry et retroussant son pantalon. Il semblait gonfler, son gros visage violacé s’étirant à vue d’œil. « Eh bien, c’est réglé, » dit-il, le devant de sa chemise se tendant alors qu’il enflait, « tu peux partir de cette maison, gamin ! »

« Quoi ? » dit Harry.

« Tu m’as entendu — DEHORS ! » mugit l’oncle Vernon, et même la tante Pétunia et Dudley sursautèrent. « DEHORS ! DEHORS ! Ça fait des années que j’aurais dû faire ça ! Les hiboux qui prennent ma maison pour un asile, les puddings qui explosent, la moitié du salon en ruines, la queue de Dudley, Marge qui rebondissait sur le plafond et cette Ford Anglia volante — DEHORS ! DEHORS ! Tu l’auras voulu !

Tu n’es plus que de l’histoire ancienne ! Tu ne restes pas là s’il y a un fou à tes trousses, tu ne mets pas en danger ma femme et mon fils, tu ne nous attires plus d’ennuis.

Puisque tu vas suivre tes bons-à-rien de parents, c’en est fini ! DEHORS ! »

Harry resta cloué au sol. Les lettres du Ministère, de M. Weasley et de Sirius étaient toutes froissées dans sa main gauche. Ne ressors pas de la maison, quoi que tu fasses.

NE T ’EN VAS PAS DE CHEZ TA TANTE ET TON ONCLE. « Tu m’as entendu !

» dit l’oncle Vernon, se penchant maintenant en avant, son imposante face violacée si proche de Harry, qu’icelui sentait effectivement des postillons contre son visage. « Vas-y

! Tu étais tout à fait prêt à partir il y a une demi heure

! Je suis avec toi ! Dégage et n’assombris plus jamais notre seuil ! Pourquoi nous t’avons pris au début, je l’ignore, Marge avait raison, ç’aurait du être l’orphelinat. Nous étions fichtre trop bons pour ne pas en pâtir, nous avons cru qu’on pouvait te purger de cela, qu’on pourrait te rendre normal, mais tu étais pourri depuis le début et j’en ai assez —

des hiboux ! »

Le cinquième hibou fonça si vite par la cheminée qu’il heurta le sol avant de poursuivre avec un puisant ululement. Harry tendit la main pour attraper la lettre, qui était dans une enveloppe écarlate, mais le hibou vola droit au-dessus de sa tête directement vers la tante Pétunia, qui laissa échapper un cri et s’écarta, les bras sur le visage. Le hibou largua l’enveloppe rouge sur sa tête, fit demi-tour, et repartit tout droit par la cheminée.

Harry courut pour ramasser la lettre, mais la tante Pétunia fut plus rapide.

« Tu peux l’ouvrir si tu veux, » dit Harry, « mais j’entendrai ce qu’elle dit quand même.

C’est une Beuglante. »

« Lâche-la, Pétunia ! » rugit l’oncle Vernon. « Ne la touche pas, elle pourrait être dangereuse ! »

« Elle est adressée à moi. » dit la tante Pétunia d’une vois tremblante. « Elle est adressée à moi, Vernon, regarde ! Mme Pétunia Dursley, La Cuisine, numéro quatre, Privet Drive

–»

Elle retint son souffle, horrifiée. L’enveloppe rouge avait commencé à fumer.

« Ouvre-la ! » la pressa Harry. « Ne perds pas de temps ! Tu ne peux rien y faire. »

« Non. »

La main de la tante Pétunia tremblait. Elle scruta frénétiquement la cuisine comme si elle cherchait une issue de secours, mais trop tard — l’enveloppe s’enflamma. La tante Pétunia cria et la lâcha.

Une voix affreuse emplit la cuisine, rebondissant dans le volume restreint, sortant de la lettre en feu sur la table.

« Souviens-toi, Pétunia. »

La tante Pétunia eut l’air d’être sur le point de perdre connaissance. Elle s’écroula sur la chaise à côté de Dudley, son visage caché dans ses mains. Les restes de l’enveloppe se consumèrent en silence.

« Qu’est-ce que ceci ? » dit l’oncle Vernon d’une voix rauque. « Que — je ne — Pétunia

? »

La tante Pétunia resta muette. Dudley observait bêtement sa mère, bouche bée.

Le silence tournoyait horriblement. Harry regardait sa tante, complètement abasourdi, sa tête battant assez pour exploser.

« Pétunia, chérie ? » aventura l’oncle Vernon. « P–Pétunia ? »

Elle redressa sa tête. Elle tremblait toujours. Elle déglutit.

« Le garçon — le garçon doit rester, Vernon. » dit-elle faiblement.

« Qu–Quoi ? »

« Il reste. » dit-elle. Son regard évitait Harry. Elle se remit sur ses pieds.

« Il… mais Pétunia… »

« Si nous le jetons dehors, les voisins vont jaser. » dit-elle. Elle recouvrait rapidement ses habituelles manières brusques et grinçantes, tout en restant très pâle. « Ils poseront des questions embarrassantes, ils voudront savoir où il est parti. Nous sommes obligés de le garder. »

L’oncle Vernon désenflait comme un vieux pneu.

« Mais Pétunia, chérie –»

La tante Pétunia l’ignora. Elle se tourna vers Harry.

« Tu vas rester dans ta chambre. » dit-elle. « Tu ne vas pas sortir d’ici. Maintenant au lit.

»

Harry ne broncha pas.

« De qui était cette Beuglante ? »

« Ne pose pas de questions. » aboya la tante Pétunia.

« Tu es en contact avec des sorciers ? »

« Je t’ai dit d’aller au lit ! »

« Ça voulait dire quoi ? Souviens toi de quoi ? »

« Au lit. »

« Comment se fait –? »

« TU AS ENTENDU TA TANTE, ALORS MONTE TE COUCHER ! »

Chapitre 3 : L'avant-garde

Je viens d'être attaqué par des détraqueurs et je risque d'être renvoyé de Poudlard. Je veux savoir ce qu'il se passe et quand je pourrai partir d'ici.

Harry recopia ces mots sur trois parchemins différents, dès qu'il eut rejoint sa chambre dans la pénombre. Il adressa la première à Sirius, la deuxième à Ron et la troisième à Hermione. Sa chouette, Hedwige, était partie chasser. Sa cage était vide sur le bureau.

Harry tournait en rond dans sa chambre, en attendant qu'elle revienne. Il avait toujours aussi mal à la tête. Il avait trop d'idées qui lui trottaient dans la tête pour qu'il puisse dormir, bien que ses yeux se ferment de fatigue. Son dos le faisait souffrir depuis qu'il avait ramené Dudley à la maison et les deux bosses sur sa tête - à l'endroit où il s'était cogné à la fenêtre et à celui où Dudley l'avait frappé - l'élançaient douloureusement.

Tout en tournant autour de sa chambre, tiraillé entre la colère et la frustration, grinçant des dents, les poings fermés, il jetait des regards furieux vers le ciel vide d'étoiles, à chaque fois qu'il passait devant la fenêtre. Des détraqueurs lui avaient été envoyé.

Madame Figg et Mundungus suivaient en secret le moindre de ses pas. Ensuite, ce renvoi de Poudlard et cette audition au ministère de la magie.Et toujours personne pour lui dire ce qu'il se passait ! Et de quoi parlait cette beuglante ? A qui appartenait la voix dont l'écho avait été si horriblement menaçant dans la cuisine ? Pourquoi était-il encore retenu ici sans aucune information ? Pourquoi tout le monde le traitait-il comme un enfant ? Ne fais plus de magie ! Reste à la maison ! Il donna un coup de pied dans la malle où il rangeait toutes ses affaires d'école. Mais, au lieu de soulager sa colère, il se sentit encore plus mal, son gros orteil l' élançant douloureusement. Cela venait s'ajouter aux autres douleurs dans le reste de son corps. Au moment où il passait devant la fenêtre en boitillant, Hedwige s'engouffra avec un léger bruissement d'aile ressemblant au bruit qu 'aurait pu faire un fantôme.