Après quoi, elle le va-et-viente un brin, imiter le flux et reflux humain, très comme il faut. Et naturellement elle prend des mines, des révulsions, convulsions, trémulsions. Une imitation parfaite du beau coït qui attriste si fort l’animal. Quand elle redégaine le petit obélisque à tête fouineuse, elle le brandit en gros plan, montrer que sa pâmade, c’était pas de l’imitation de crocodile comme les portefeuilles de bazar. Et le filmet (car il ne mesure pas plus de trois minutes) cesse, pour réitérer séance tenante car il est sur boucle et la dame s’engode en permanence, ne laissant même pas le temps à la direction de vendre les sacro-saints esquimaux entre deux projections.
J’arrache le chplaftz de la main béruréenne. Le Gros se laisse faire sans rien dire. Il est tout sonné, dirait-on. Je presse le compulseur endémique de tractation, ce qui a pour effet de stopper le programme net. L’écran devient opaque comme un œud d’.
— Eh bien, Prosper, gouaillé je, car je suis terriblement gouailleur, si tu l’auras remarqué.
Y a pas plus gouailleur que moi. Je gouaille dans toutes les circonstances : en marchant, en dormant, et même en faisant l’amour. Gouailler est mon vice, ma raison d’être, ma seconde nature, mon n’hobby, la fleur de mon esprit, le trop plein de mon âme, l’éjaculation précoce de ma pensée, la flamme de mon subconscient. Je me gargarise de gouaille, m’en oins, m’en torche, m’en mets en torche, m’en affûte les extrémités auxquelles je suis amené. Je suis gouailleur professionnel, quoi.
Et donc, ici, penché sur l’hébétude de mon collaborateur, je trouve le moyen de lui gouailler mon inquiétude.
— C’est un brin de film érotique qui te file dans le coltar ?
Il me lève contre deux pauvres yeux rouges et proéminents comme des coquilles de protection contre les UV (en français épiscopal : ultraviolets, merci).
— C’est à quel sujet ? il me demande, le timbre plus pâteux que s’il l’avait trempé dans de la gomme arabique.
Holà ! Youyouille ! Qu’est-ce qu’il lui prend, tout soudain, au Dodu ? D’abord, c’est quoi, cette visionnette ? Le fait que son déclencheur soit au bout d’un long conduit de trois mètres ne me dit rien qui vaille. Ce, d’autant plus (ou moins, tu choisis, je t’en prie, t’es chez toi !) qu’à moins de deux mètres de l’appareil noir se trouve une sorte de paravent, attends que je le touche…
De plomb ! Un paravent de plomb, pis que chez les radiologues. Ce qui ramène à définir que de la chatte excavateuse de la dame du film, sortent également des radiations dangereuses. Et mon œuf de Béru qui, louftingue à bouffer de la bite de gorille en salade, vient tout planplan s’asseoir devant ce bigntz et se paie une auto-séance, l’Empaffé ! Rien laisser perdre quand y a une possibilité de connerie qui se profile à son horizon merdique ! En v’là un, je te jure… Comment il fait pour être encore vivant à notre époque, je me demande. Il a dû passer un pacte avec le Diable, ce gros Fausto.
— Tu m’entends, dis, tas de larves ?
— Eh bé voui. Bé voui ! bée-t-il. Mais qui vous êtes, m’sieur ?
Un frisson, assez léger au départ, comme une brise à la surface d’un plan d’eau me décarre de la raie culière et va s’égayer dans mon rectum de cérémonie avec une force de Beaufort 6.
Mon Dieu et cher Seigneur, l’interpellé-je. Se pourrait-il que cet engin de merde eusse détraqué la raison si pourtant solide de mon brave Sanchu Pançu ? Auriez-Vous permis une telle iniquité afin de lui punir la curiosité ? Est-ce là la rançon de trois petites minutes documentaires sur le godemiché considéré comme un des beaux-arts, bien qu’étant article de bazar ?
— Te foutrais-tu de ma tirelire, Alexandre-Benoît ? insisté-je avec l’aine air gît dû dé S poire (quand je ferai partie de lac anémie franc seize, je ne me permettrai plus ce genre de face et scie).
— Écoutez, m’sieur, marmonne l’Emplâtré, j’vous connais pas, j’n’ons point c’t’honneur. Et si v’voudrez me tutoillier, faudrait z’au moins m’donner vot’nom.
Hélas, hélas, hélas…
Oui : trois fois hélas.
Que dis-je : mille fois hélas, je ne vais pas lésiner avec un ami de toujours. Force m’est de me rendre à machin : Sa Majesté, à moins qu’elle ne simule, et ça m’étonnerait, a partiellement perdu la raison. Tu t’attendais à un coup de ce genre, tézig ?
Oui ?
Comment, oui ?
En ce cas, viens t’asseoir ici et déconne à ma place, mon ami : moi j’irai pointer à la tienne !
LE CAS BÉRU
La clinique est discrète, au fond d’un parc. Elle n’appartient pas à des fraudeurs de fisc promis à des supplices ravaillaciens ; mais elle est des plus cossues tout de même. Le docteur Danloigne, un neurologue réputé du 16e, entre dans le petit salon où je me fais une patience en admirant les beaux complets et autres smockinges d’Edgar Schneider dans Jours de France. L’endroit est agréable, pimpant. Murs recouverts de tissus clairs, tableaux de bon aloi, ni trop abstraits, pas faire chier le borné, ni trop figuratifs pour ne pas hérisser le poil intellectuel ; meubles opulents, mais discrets. Bref, l’endroit idéal pour attendre la naissance d’un bébé. Une baie vitrée, dont le panneau est relevé, biscotte la chaleur, donne sur un jardin de rêve, plein de pollen et de gazouillis.
Mais je t’en reviens à Danloigne qui finit d’entrer d’un pas assuré de mec jouissant du pouvoir discrétionnaire.
— Alors, docteur ?
Sa blouse blanche est grande ouverte pour permettre l’épanouissement de son bide. Lequel burlingue est barré, à l’ancienne, d’une grosse chaîne de montre capable de servir au repêchage d’un car de touristes allemands dans le lac Léman.
Il fait la moue.
— Grave, très grave. Traumatisme psychique à effrénance concave. Le miurédique de Falstaff est durement atteint et je crains une lésion para-pontifiante du bulbe biscomeur premier ; ce qui, en clair, signifie qu’il y a appauvrissement smigard de la conchoïde monomade avec épilation négative blanche du Riva de Cossu endémique, comprenez-vous ? Autrement dit, si je veux schématiser, sa tourangelle sassanide a subi une convection unilatérale, dite encrafouillage de Saillet, qui provoque un aéropage multiforme de la bandoulière équilatérale. Vous êtes bien d’accord ?
— Mais…
— Les conséquences, me demanderez-vous ? Eh bien, elles sont de deux sortes. Primo, nous allons assister à un petafinage molduc du trublion carrossable ; secundo, il est prévisible que son balayage de spoliation va cranouffer. Je dis bien : cra-nouf-fer ! Et alors, alors là, alors…
Il lève ses bras courtauds dont un poignet des deux quels s’orne de la grosse cartier carrée.
Son visage ordinairement sanguin devient apoplectique.
— C’est mortel ? essayé-je de faire résumer.