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Williamson estimait que la situation sur Etla était suffisamment dangereuse pour justifier l’envoi d’un des plus importants vaisseaux de guerre du corps des Moniteurs. Pourquoi? Où était le danger?

Il n’y avait certainement pas la moindre menace de type militaire, sur Etla. L’attaque la plus violente dont les Etliens étaient capables avait été lancée contre le vaisseau de Lonvellin, et elle n’avait blessé que l’amour propre du EPLH. Ce qui signifiait que le danger devait venir d’ailleurs.

Brusquement, Conway crut savoir ce qui inquiétait le colonel : L’Empire …

Il avait trouvé dans plusieurs rapports des références à cet Empire, mais c’était pour l’instant une inconnue. Les patrouilleurs du corps des Moniteurs n’avaient jamais pris le moindre contact avec lui, ce qui n’était en soi guère surprenant étant donné que ce secteur de la galaxie ne serait pas cartographié avant une cinquantaine d’années, et que nul n’y aurait pénétré si Lonvellin ne s’était pas trouvé dans l’incapacité de mener à bien ses projets. Les uniques éléments connus sur cet Empire étaient qu’Etla en faisait partie et que ce monde en recevait une aide médicale à intervalles réguliers, bien que fort éloignés.

Pour Conway, la qualité de cette aide et les délais séparant son envoi permettaient de déduire énormément de choses sur le peuple qui l’accordait. Il estima qu’il ne pouvait être très avancé sur le plan médical, car dans le cas contraire les médicaments auraient enrayé, ne fût-ce que temporairement, certaines des épidémies qui ravageaient Etla. Et il était presque certain qu’il n’avait pas des moyens très importants, car autrement les intervalles séparant l’arrivée des secours auraient été moins longs. Conway n’aurait pas été surpris d’apprendre que le mystérieux Empire n’était en fait composé que du monde d’origine de ce peuple et de quelques colonies en difficulté semblables à Etla. Mais, chose la plus importante de toutes, un Empire qui envoyait régulièrement une aide médicale à des planètes en détresse, qu’il fût immense, moyen ou minuscule, ne semblait pas à Conway pouvoir être une puissance particulièrement redoutable ou mal intentionnée. Il trouvait au contraire cet Empire plutôt sympathique, s’il se basait sur les données dont il disposait.

Alors qu’il se glissait dans son lit, il ne put s’empêcher de penser que le colonel Williamson était décidément d’un tempérament très soucieux.

IX

Le Vespasien se posa. Sur l’écran principal de la salle des communications, Conway voyait une grande étendue de béton blanc et fendillé dont la limite se trouvait à huit cents mètres, point où les détails de la végétation et de l’architecture qui auraient donné à cette scène son caractère exotique étaient estompés par une brume de chaleur. La dalle de béton était couverte de poussière et de feuilles sèches. De petits nuages étaient disséminés dans un ciel fort semblable à celui de la Terre. L’unique autre vaisseau présent sur le terrain était un appareil de liaison du corps des Moniteurs. Ce dernier se trouvait à proximité du bâtiment administratif désaffecté qui avait été prêté aux visiteurs par les autorités locales afin de leur servir de base planétaire.

Derrière Conway, le colonel Williamson prit la parole.

— Vous comprenez que Lonvellin est dans l’impossibilité de quitter son appareil et que tout contact physique entre nous à ce stade signifierait la fin de nos bonnes relations actuelles avec les autochtones. Excusez-moi, professeur …

Il y eut un déclic et Conway vit la cabine de pilotage du vaisseau de Lonvellin ainsi que la représentation grandeur nature du EPLH qui occupait la majeure partie de l’image.

La voix de son ex-patient gronda hors du haut-parleur.

— Soyez le bienvenu, ami Conway. Je suis vraiment heureux de vous revoir.

— Je suis enchanté de me trouver ici, monsieur, répondit Conway. J’espère que vous êtes en bonne santé? …

Cette demande n’était pas simplement une formalité de pure courtoisie. Conway désirait savoir s’il n’y avait pas eu d’autres « malentendus » au niveau cellulaire entre Lonvellin et son praticien personnel : la colonie organisée de virus intelligents qui résidait en permanence dans le corps de son patient et hôte. Le médecin de Lonvellin avait été à l’origine d’une importante agitation, au Secteur Général, où l’on discutait toujours pour savoir s’il fallait le classer dans la catégorie des médecins ou dans celle des maladies …

— Ma santé est excellente, professeur, répondit Lonvellin.

Puis il aborda immédiatement les problèmes qui se posaient à eux et Conway reporta rapidement son esprit sur l’instant présent. Il se concentra sur les paroles de Lonvellin.

Le EPLH lui transmit des instructions d’ordre général. Conway devait coordonner le regroupement des données transmises par les officiers du service de santé présents sur Etla et, étant donné que les domaines sociologiques et médicaux étaient si étroitement liés, Lonvellin lui conseilla de suivre également l’évolution des situations qui n’entraient pas directement dans le cadre de sa spécialité. Les derniers rapports rendaient le problème sociologique encore plus déconcertant et le EPLH espérait qu’un esprit habitué à la complexité d’un hôpital à multi-environnements serait capable d’extraire un schéma logique de cette masse confuse de données contradictoires. Lonvellin était persuadé que le professeur Conway se rendait compte qu’il fallait agir rapidement et qu’il désirait se mettre immédiatement à l’ouvrage.

—  … Et j’aimerais avoir des données sur cet être, ce Clarke qui opère dans le secteur trente-cinq, ajouta Lonvellin sans faire de pause. Afin que je puisse accorder à ses rapports le crédit qu’ils méritent …

Alors que le colonel Williamson lui transmettait les informations demandées, Stillman donna une tape sur le bras de Conway et lui fit un signe de tête pour lui indiquer qu’ils devaient partir. Vingt minutes plus tard, ils se trouvaient à l’arrière d’une camionnette bâchée et roulaient en direction du périmètre de l’aire d’atterrissage. La tête et une oreille de Conway étaient emmaillotées dans des bandages et il se sentait à la fois inquiet et légèrement ridicule.

— Nous resterons dissimulés tant que nous ne serons pas sortis du port spatial, lui dit Stillman dans le but de le rassurer. Ensuite nous irons nous asseoir à côté du conducteur. De nombreux Etliens voyagent avec des Moniteurs, mais si nous avions été vus à la sortie du vaisseau cela aurait pu éveiller des soupçons. Nous allons nous rendre directement en ville, sans faire de halte au quartier général. J’estime que vous devriez voir certains de vos patients le plus rapidement possible.

— Je sais que les symptômes sont d’ordre purement psychosomatique, déclara Conway avec sérieux, mais mes pieds me semblent être complètement gelés …

Stillman se mit à rire.

— Ne vous inquiétez pas, professeur. Vous resterez informé de tout ce qui se passe grâce au traducteur dissimulé sous la bande qui couvre votre oreille et vous n’aurez pas à parler, étant donné que je vais expliquer que le traumatisme crânien dont vous avez été victime a temporairement affecté la zone de Broca de votre cerveau. Plus tard, cependant, lorsque vous aurez en partie maîtrisé cette langue, le mieux sera de feindre le bégaiement. Un handicap de cette sorte dissimule le fait qu’une personne ne possède pas l’accent ou les idiotismes locaux. Les défauts importants dissimulent les petits.

« Il ne faudrait pas croire que tous nos agents secrets ont des connaissances linguistiques avancées et c’est pourquoi de telles ruses sont parfois nécessaires, ajouta-t-il. Mais ce que vous ne devez jamais oublier, c’est qu’il ne faut en aucun cas demeurer au même endroit durant un laps de temps suffisamment long pour que des anomalies plus précises de comportement puissent être décelées …