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Le règne d'Hadrien, bien que libéral et juste au début, se caractérisa par la persécution et par la cruauté après les terribles événements de la guerre civile en Judée.

Postérieurement en 131, tous les chrétiens se virent obligés de se réfugier à nouveau dans les catacombes pour prier. Des persécutions tenaces et implacables étaient ordonnées par l'autorité impériale dans tous les cercles d'idées ou de nature hébraïque. En ville, les adeptes de Jésus ne se reconnaissaient entre eux que par un vague signe de croix qui les identifiait fraternellement où qu'ils soient.

Nestor ne méconnaissait pas le climat de danger qui régnait, cherchant, autant que possible, à s'adapter à la situation de sorte à toujours servir le Christ dans sa foi intime, sans trahir l'exécution de ses devoirs en toute conscience.

Il vouait à Helvidius Lucius et à sa famille un profond respect et une sincère estime. Jamais il ne pourrait oublier qu'il avait reçu de leurs mains généreuses la liberté. Pour autant, il assumait ses responsabilités avec satisfaction et dévouement.

En peu de temps, il en était arrivé à la conclusion que les deux jeunes filles étaient dûment préparées pour la vie, étant donné l'ensemble des connaissances acquises à travers la lecture ; mais, Helvidius Lucius qui avait apprécié sa compagnie dès la première heure, le conserva dans son cabinet de travail où le libéré eut l'occasion de manifester sa reconnaissance et son admiration en renforçant chaque fois davantage leurs liens d'amitié réciproque.

Cela faisait déjà un mois que nos amis étaient revenus à Rome, quand le censeur Fabien Corneille voulut ouvrir les portes de son palais pour présenter ses enfants à toutes les personnalités de l'aristocratie.

À cette fête d'une large portée sociale, Hadrien lui-même était présent avec le préfet et Claudia Sabine, exaltant la splendeur de l'événement.

En cette nuit mémorable pour la destinée de nos personnages, un éblouissement de lumière et de fleurs régnait dans la somptueuse résidence de l'ancien quartier des Carines.

Dans les jardins luxuriants brillaient des torches artistiquement disposées, alors que sur le lac improvisé des musiciens et des chanteurs étaient rassemblés sur de gracieuses embarcations. La mélodie des harpes se mêlait au son des flûtes, des luths et des timbales où des esclaves sveltes et jeunes chantaient d'une voix douce et cristalline.

Mais ce n'était pas tout.

Fabien Corneille et Julia Spinter, disposant de larges moyens matériels, présentèrent une cérémonie de qualité dont la société romaine devait garder un souvenir indélébile.

Des lumières en profusion, des tables richement garnies, des fleurs précieuses, des ornementations extravagantes venues d'Orient, des chanteurs et des danseurs célèbres, des présentations d'antilopes gigantesques qui combattaient avec des esclaves athlétiques dans l'arène préparée tout spécialement à cet effet, des gladiateurs et des artistes se mêlaient à la légion d'invités dans le magnifique tableau d'une grande jovialité.

Amenant l'Empereur à s'adresser directement à sa personne et à s'intéresser à ses agissements, après quelques efforts, Claudia Sabine réussit à attirer l'attention d'Helvidius Lucius qui se montrait lointain. Elle faisait de temps en temps une insinuation aimable et vague que le patricien recevait contrarié, craignant de se rappeler des souvenirs touchant au temps embarrassant de sa jeunesse.

Pendant cela, Lolius Urbicus, offrant le bras à Alba Lucinie, la conduisait tranquillement sur les longues allées fleuries tout autour du lac artificiel qui brillait à la lumière de la nuit dans un éblouissement sans commune mesure.

Retenu à dessein par Claudia auprès de l'Empereur, Helvidius écoutait les généreux propos de César tout en démontrant un intérêt évident pour sa personne :

Helvidius Lucius - s'exclama Hadrien avec un sourire aimable et attentionné -, j'aurais plaisir à vous revoir dans notre entourage.

Et désignant Claudia Sabine, debout à ses côtés, il ajouta :

Notre amie m'a parlé de votre précieuse capacité de travail et je vous félicite. J'ai actuellement de nombreuses Genres d'importance dans Tibur où j'aurais besoin du concours d'un homme opérationnel et intelligent qui apprécierait ces activités.

Il est vrai que ces constructions arrivent bientôt à leur terme, mais certaines installations exigent la contribution d'une personne avec une bonne connaissance de nos réalités pratiques. J'ai confié à Claudia la solution de nombreux problèmes artistiques où brille sa sensibilité féminine, mais j'ai besoin d'une coopération comme la vôtre, dévouée et persévérante, concernant la partie administrative. Vous serait-il agréable de collaborer avec notre amie pendant quelque temps à Tibur ?

Helvidius comprit immédiatement la situation difficile qui avait été préparée.

En toute conscience, il ne pouvait accepter avec plaisir une telle charge, mais les désirs de César étaient des ordres.

Auguste - a répondu l'interpellé avec révérence -, votre bienveillance honore mes efforts. Le respect d'une telle responsabilité est à mes yeux un devoir du cœur.

Claudia Sabine a esquissé un sourire de bonne humeur, s'adressant satisfaite à l'Empereur :

Merci, César, pour le choix d'un collaborateur aussi précieux. Je sens que les œuvres de Tibur seront la merveille insurpassable de l'Empire.

Flatté, Hadrien a souri tout en disant amicalement comme s'il faisait une faveur toute spéciale:

Très bien ! Nous traiterons du sujet le moment opportun venu.

Et plongeant son regard énigmatique sur les allées harmonieuses et fleuries où de nombreux couples défilaient manifestant une joie évidente, il a ajouté :

Mais que faites-vous ici jeunes gens à écouter mes propos pleins d'ennui et d'austérité ?... Amusez-vous ! La vie romaine doit être un beau jardin de plaisirs !...

Contraint par les circonstances, Helvidius Lucius a donné le bras à la séductrice favorite avançant lentement en sa compagnie sous les yeux généreux et complaisants d'Auguste.

Claudia Sabine ne réussit pas à dissimuler l'Irrépressible émotion qui l'affligeait intérieurement en raison de la situation qui l'avait conduite au bras de l'homme qui concentrait toutes ses aspirations de femme et après quelques pas, elle fut la première à rompre le silence accablant qui régnait entre eux deux :

Helvidius - a-t-elle dit le suppliant presque -, je reconnais tout à fait la limite des responsabilités sociales qui nous séparent, mais serait-il possible que tu m'aies oubliée ?

Madame - a répondu le patricien ému et respectueux -, en notre for intérieur, tout le passé doit être mort. Si je vous ai offensée à une époque, je vous suis reconnaissant de cet oubli. Par ailleurs, tout rapprochement entre nous serait une forme d'existence odieuse et impossible.

La favorite d'Hadrien a ressenti au fond la fermeté de ces propos qui gelaient son cœur inquiet et insatiable, rétorquant toutefois sans hésiter :

Une femme conquise ne pourra jamais se considérer comme une femme offensée.

Les mains que nous aimons ne peuvent jamais blesser, et en ce qui me concerne, je n'ai jamais oublié ton affection.

Donnant à sa voix un ton d'humilité, elle ajouta :

Helvidius, j'ai beaucoup souffert mais je t'ai attendue toute ma vie. Vaincue et humiliée dans la jeunesse, je n'ai pas succombé au désespoir pour attendre, confiante, ton retour à mon amour. Voudrais-tu par hasard m'annihiler maintenant que je viens humblement t'offrir tous les trésors de la vie accumulés avec zèle pour te les offrir ?

Ces derniers mots furent marqués d'un profond désenchantement sur son visage et Helvidius Lucius comprenant sa déception, a continué sans hésiter :