À la lumière prodigieuse de cette vérité, nous sommes obligés de dilater le concept de la famille au plan universaliste, niant notre égoïsme criminel qui parfois prend d'assaut notre cœur créant les germes de la discorde et de la souffrance en son foyer même.
Si l'homme est la cellule divine de la collectivité, le foyer est le noyau sacré de toute la construction de la civilisation. Un homme détaché du bien et un foyer empoisonné par des déviations sentimentales provoque de singuliers déséquilibres qui tourmentent les peuples !...
Jésus connaissait tous nos besoins et pensait à notre situation, non seulement en fonction du temps qui passe, mais aussi face aux siècles à venir.
Je crois que l'Évangile ne pourra être intégralement compris en ces temps amers de débauche et de décadence ; néanmoins alors que les forces les plus puissantes du monde se concentrent sur cet Empire plein d'orgueil et d'impiété, d'autres énergies profondes travaillent son organisme tourmenté préparant l'avènement des civilisations à venir.
Jusqu'à présent, les aigles romains dominent toutes les régions et toutes les mers ; mais le jour viendra où ces symboles d'ambition et de tyrannie tomberont de leur piédestal en une tempête de cendres et d'ombres !... D'autres peuples seront amenés à diriger la marche du monde.
Mais, tant que l'esprit agressif de la guerre restera parmi les hommes, comme un monstre de ruine et de sang, c'est le signe que les créatures ne se sont pas réalisées intérieurement pour être les frères du Maître, purs et pacifiques.
La terre vivra ses phases évolutives de douleur et d'expériences pénibles jusqu'à ce que la compréhension parfaite du Messie fleurisse dans le monde entier pour les âmes.
Jusqu'à présent, le christianisme a grandi des larmes et du sang de ses martyrs ; mais les Esprits du Seigneur dont j'ai entendu les voix dans ma jeunesse lors des réunions sacrées dans l'église d'Éphèse, assuraient aux disciples de Jean qu'il ne faudrait pas longtemps avant que le prosélytisme du Christ soit appelé à collaborer dans les sphères politiques du monde pour dissiper les ténèbres et la confusion des pièges de l'imposture.
En ces temps, mes frères, peut-être que la doctrine du Maître souffrira l'insulte de ceux qui naviguent sur le vaste océan des pouvoirs terrestres pleins de vanité et de despotisme. Il est possible que des esprits turbulents et endurcis essayent d'annihiler les valeurs de notre foi, la détournant sous l'apparence du polythéisme, mais gare à ceux qui commettront une telle atteinte face aux vérités qui nous guident et nous consolent !...
Dans les efforts de notre foi, n'oublions jamais l'exhortation du Seigneur aux femmes de Jérusalem qui se lamentaient à le voir humilié sur la poutre infamante : - « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Car voici venir des jours où l'on dira : - Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui n'ont pas enfanté, et les seins qui n'ont pas nourri ! Alors on se mettra à dire aux montagnes : Tombez sur nous ! Et aux collines : Couvrez-nous - ! Car si l'on traite ainsi le bois vert, qu'adviendra-t- il du sec ? »
Gare à ceux qui ont abusé au nom de Celui qui nous assiste au ciel et connaît nos pensées les plus secrètes car plus tard, comme il l'a promis, la lumière du Très-Haut se fera sur la chair et la voix des cieux sera entendue sur terre à travers les doux enseignements et les prophéties les plus élevées ! Si les hommes manquent à leurs objectifs, les armées d'anges devront venir jusqu'à nous certifiant toute sa miséricorde...
Car, mes frères, le royaume de Jésus doit être édifié dans les cœurs, dans les âmes, il ne pourra jamais s'accorder en ce monde avec toutes les expressions politiques relevant de l'égoïsme humain ou des doctrines de violence qui structurent les états de la terre !
Le règne du Seigneur souffrira pendant longtemps encore « l'abomination du lieu saint» par la fausse interprétation des hommes, mais viendra le temps où l'humanité, aujourd'hui décadente et corrompue, trouvera la voie d'une Jérusalem glorieuse et libérée !...
Gardons à l'esprit la conviction que le royaume de Jésus n'est pas dans les temples ou dans les manuscrits que le temps se chargera d'annihiler sur son passage Incessant. Mais que les fondations divines doivent être construites en l'homme, de sorte que chaque âme puisse construire ce royaume en elle-même au prix de ses efforts et de ses larmes en route vers les demeures glorieuses de l'Infini où nous attendront après le voyage les bénédictions de l'Agneau de Dieu qui fut immolé sur la croix pour nous racheter du malheur et du péché !...
Après une prière, Nestor termina son témoignage sous le regard bienveillant et ému de tous ceux qui avaient accompagné ses paroles spontanées à travers ses considérations d'ordre évangélique.
Certains pleuraient, troublés, partageant les impressions de l'orateur.
Au début du christianisme lors de ces assemblées, alors que le messianisme doctrinaire était plein d'enseignements purs et simples, l'exposant de la Bonne Nouvelle se devait d'élucider les points évangéliques répondant aux questions de ceux qui avaient des doutes dans la vie pratique.
C'est ainsi qu'après l'élocution, de nombreux confrères se sont approchés de Nestor, sollicitant son humble avis fraternel.
Mon ami - demanda l'un des connaisseurs présents -, comment expliquer la différence, bien que sensible, qui existe entre les évangiles de Matthieu et ceux de Jean, ou entre les narrations de Luc et les épîtres de Paul ? N'ont-ils pas tous été apôtres de l'enseignement chrétien et inspiré par le Saint-Esprit ?
Oui - répondit l'interpellé -, mais nous devons reconnaître qu'à chaque travailleur Jésus a donné une tâche. Si Luc et Matthieu nous ont montré le berger d'Israël rassemblant les moutons égarés de la bergerie de la vérité et de la vie, Paul et Jean nous ont révélé le Christ divin, Fils du Dieu vivant, dans sa sublime mission universaliste à rédimer le monde.
Nestor - demanda un autre peu soucieux de trouver la paix intérieure par la méditation et par l'étude -, qu'adviendra-t-il de moi qui suis victime des intrigues et des calomnies de mes voisins ?... Je veux apprendre et progresser dans la foi, mais la provocation de la médisance ne me le permet pas.
Et comment pourras-tu aller vers Jésus tout en étant prisonnier de l'opinion du monde ?! - demanda plein d'attention l'affranchi d'Helvidius. - La science du bien-être n'est pas seulement dans l'art de ne pas déranger avec nos pensées et nos actes tout un chacun, mais aussi à faire en sorte que les autres ne s'intéressent pas constamment à notre vie personnelle.
Maître - s'exclama alors une femme au visage âgé et triste, s'adressant à l'ancien esclave -, mes souffrances me submergent !... Priez pour moi pour que Jésus réponde à mes suppliques!...
Ma sœur - lui répondit Nestor légèrement véhément -, as-tu oublié que Jésus nous a recommandé de ne jamais nous appeler « maîtres » entre nous ? Je ne suis que l'humble serf de ses serviteurs, indigne d'agiter la poussière des sandales de l'unique et divin Maître. Ne vous laissez pas aller aux tristesses et aux lamentations, parce qu'en ce qui concerne la foi, il n'y a que vous pour donner à Jésus le témoignage de votre amour et de votre confiance. De plus, il convient de rappeler que la terre n'est pas le paradis, nous devons rester attentifs à la recommandation du Messie qui dit que pour atteindre le bonheur céleste, il faut prendre notre croix avec humilité et le suivre.
À cet instant, son regard perça la foule des croyants autour de lui et il reconnut Célia et Tullia qui approchaient courtoisement. Surpris, le libéré les saluées alors que la jeune fille lui adressait des paroles pleines de joie et de sympathie.
Nestor - s'exclama Célia radieuse - pourquoi ne m'as-tu jamais parlé de tes convictions, de ta foi ?
Mon enfant, malgré ma ferveur chrétienne, je ne pouvais mépriser les principes de la famille qui m'a accordé la liberté.