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M'est donc apparu que le don essentiel tait le don de la route suivre pour accder la fte. Et que d'abord pour juger ta civilisation je veux que tu me dises quelles sont tes ftes et de quel got pour le cur et puisqu'elles sont instant de passage, porte franchie, closion hors de la chrysalide aprs la mue, d'o tu viens et o tu vas. Alors seulement je connatrai quel homme tu es, et si vaut la peine que tu sois prospre dans ta sant, ton tour de ventre et ton nombre.

Et puisqu'il se trouve que, pour que tu tendes vers telle route, est ncessaire que tu prouves la soif dans telle direction et non dans une autre et qu'elle suffira ton ascension, car elle guidera tes pas et fertilisera ton gnie (comme il en est de la pente vers la mer dont il me suffit que je t'augmente pour obtenir de toi des navires) je veux que tu m'claires sur la qualit de la soif que tu fondes chez toi dans les hommes. Car il se trouve que l'amour, essentiellement, est soif d'amour, la culture, soif de culture, et le plaisir du crmonial vers la perle noire, soif de perle noire du fond des mers.

CCXVII

Tu ne jugeras point selon la somme. De ceux-l, me viens-tu dire, il n'est rien attendre. Sont grossiret, got du lucre, gosme, absence de courage, laideur. Mais ainsi peux-tu me parler des pierres, lesquelles sont rudesse, duret, pesanteur morne et passeur, mais non de ce que tu tires des pierres: statue ou temple. J'ai trop vu que l'tre ne fonctionnait presque jamais comme l'eussent fait prvoir ses parties et certes ceux-l des peuplades voisines, si tu les prends chacun part, tu trouves chacun qui hait la guerre, ne souhaite point quitter son foyer, car il aime ses enfants et son pouse et les repas d'anniversaire ni verser le sang car il est bon, et il nourrit son chien, et il caresse son ne, ni le pillage d'autrui car tu l'observes qui ne chrit que sa propre maison et lustre ses bois et repeint ses murs et embaume son jardin de fleurs et tu me diras donc: Ils figurent dans le monde l'amour de la paix Et cependant leur empire n'est que grande soupire o mijote la guerre. Et leur bont, et leur douceur, et leur piti pour l'animal bless, et leur motion devant les fleurs ne sont qu'ingrdient d'une magie qui prpare les cliquetis d'armes, comme il en est de tel mlange de neige, de bois verni et de cire chaude qui prpare les grands battements de ton cur, bien que la capture, ici comme ailleurs, ne soit point de l'essence du pige.

Me juges-tu l'arbre sur les matriaux? Me viens-tu parler de l'oranger en me critiquant sa racine, ou le got de sa fibre, ou le visqueux ou le rugueux de son corce, ou l'architecture de ses branches? Ne t'importent point les matriaux. Tu juges l'oranger sur l'orange.

Ainsi de ceux-l que tu perscutes. Alors que pris part ils sont tel et tel et tel. M'en moque bien. Leur arbre me fabrique de temps autre des mes de glaive prtes sacrifier le corps dans les supplices, contredisant la lchet du plus grand nombre, et des regards lucides qui dpouillent, comme de son corce le fruit, de ses vains attributs la vrit, et, contredisant l'apptit vulgaire du plus grand nombre, t'observent les toiles de la fentre de leur mansarde et vivent d'un fil de lumire alors me voil satisfait. Car je vois condition l o tu vois litige. L'arbre est condition du fruit, la pierre du temple et les hommes condition de l'me qui rayonne sur la tribu. Et de mme que dans la bont et la rverie douce et l'amour de la maison de ceux-l, j'irai aisment planter mon talon car il ne s'agit, malgr l'apparence, que d'ingrdients pour la soupire, de peste, de crime et de famine. Je pardonnerai aux autres leur absence de bont ou leur refus de rverie ou leur faiblesse d'amour pour les maisons (car il se peut qu'ils aient longtemps t nomades) s'il se trouve que ces ingrdients sont conditions de la noblesse de quelques-uns. Et de cela je ne sais rien prvoir par l'enchanement des mots aux mots cause qu'il n'est point de logique qui fasse passer d'un tage l'autre.

CCXVIIl

Car ceux-l se pment et te voudraient faire croire qu'ils brlent nuit et jour. Mais ils mentent.

Ment la sentinelle des remparts qui te chante nuit et jour son amour de la ville. Elle lui prfre sa soupe.

Ment le pote qui nuit et jour te parle de l'ivresse du pome. Lui arrive de souffrir de quelque mal de ventre et se moque de tous les pomes.

Ment l'amoureux qui te prtend que nuit et jour il est habit par l'image de sa bien-aime. Une puce l'en dtourne, car elle pique. Ou le simple ennui, et il bille.

Ment le voyageur qui te prtend que nuit et jour il s'enivre de ses dcouvertes, car si la houle est par trop creuse le voil qui vomit.

Ment le saint qui te prtend que nuit et jour il contemple Dieu. Dieu se retire de lui parfois, comme la mer. Et le voil plus sec qu'une plage galets.

Mentent ceux qui pleurent leur mort nuit et jour. Pourquoi nuit et jour le pleureraient-ils, quand ils ne l'aimaient pas nuit et jour? Connaissaient les heures de dispute ou de lassitude ou de distractions hors de l'amour. Et certes, le mort est plus prsent que le vivant, d'tre contempl hors des litiges, devenu un. Mais tu es infidle, mme tes morts.

Mentent tout ceux-l, car ils renient leurs heures de scheresse, n'ayant rien compris. Et ils te font douter de toi car, de les entendre affirmer leur ferveur, tu crois en leur permanence et, ton tour, rougissant de ta scheresse tu changes ta voix et ton visage, quand tu es en deuil, si l'on te regarde.

Mais je ne connais que l'ennui qui te puisse tre permanent. Lequel te vient de l'infirmit de ton esprit qui ne sait lire aucun visage au travers des matriaux. Ainsi qui considre le matriel du jeu d'checs sans deviner qu'un problme s'y inscrit. Mais, si t'est accorde de temps autre, en rcompense de fidlit dans la chrysalide, la seconde d'illumination de la sentinelle, ou du pote, ou du croyant, ou de l'amant, ou du voyageur, ne te plains point de ne point contempler en permanence le visage qui transporte. Car il en est de si brlants qu'ils consument qui les contemple. La fte n'est point pour tous les jours.

Donc tu te trompes quand tu condamnes les hommes sur leurs mouvements de routine, la faon du prophte aux yeux bigles qui nuit et jour couvait une fureur sacre. Car je sais trop que le crmonial s'abtardit dans l'ordinaire en ennui et routine. Car je sais trop que la pratique de la vertu s'abtardit dans l'ordinaire en concessions aux gendarmes. Car je sais trop que les hautes rgles de la justice s'abtardissent dans l'ordinaire en paravent pour jeux sordides. Mais que m'importe? Je sais aussi de l'homme qu'il lui arrive de dormir. Me plaindrai-je alors de son inertie? Je sais aussi de l'arbre qu'il n'est point fleur, mais condition de la fleur.

CCXIX

J'ai dsir fonder en toi l'amour pour le frre. Et du mme coup j'ai fond la tristesse de la sparation d'avec le frre. J'ai dsir fonder en toi l'amour pour l'pouse. Et j'ai fond en toi la tristesse de la sparation d'avec l'pouse. J'ai dsir fonder en toi l'amour pour l'ami. Et du mme coup j'ai fond en toi la tristesse de la sparation d'avec l'ami, de mme que celui-l qui btit les fontaines btit leur absence.