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Bon, ça ne va pas tourner court aussi culment, tout de même ! Pourquoi m'est-elle hostile, cette fille aux pieds nus ? Parce que je suis flic et qu'elle cultive des idées anarchisantes ?

Je joue ma grande scène du trois. Me dresse, rajuste une jambe de mon futal qui tire-bouchonnait et me dirige vers la porte en disant :

— Merci, docteur.

Voilà que je gagne la sortie. Elle, comme une vérolée de connasse de merde, reste coite avec son sandouiche et sa bouchée en cours de mastication. Bitée par mon brusque revirement. II y a quelque chose de confusément insultant dans mon comportement. C'est une façon de lui dire merde et de lui tirer un bras d'honneur. Avec le tempérament rageur que je lui devine, ça lui fouette l'orgueil.

— Qu'est-ce qui vous prend ! lance-t-elle furax, au moment où je déponne la lourde du couloir.

Je ne réponds pas.

— Hein, dites ? crie-t-elle. En voilà des façons de foutre le camp comme un malpropre !

Je me retourne.

— Tant qu'à faire de converser avec une statue, je préfère celle du monument aux morts, sur la place : elle représente la France et n'a pas la bouche pleine.

Oh ! la tigresse ! Un bond, elle m'a rejoint. Là, le peignoir n'est plus maîtrisé. Elle s'en tamponne que les pans s'écartent et qu'on voie sa chatte frisée : une exquise chagatte très sombre.

— J'aurais parié que vous étiez brune, dis-je sans chercher à lui celer la direction de mon regard.

Ma réplique la cloue. Elle dépose son trognon de sandouiche sur une console de bois et referme sa robe de chambre. Puis elle éclate d'un rire fantasque.

« Gagné ! » me dis-je. Ces petites furies de meetinges, tu les désamorces avec un trait d'esprit ou un vanne polisson.

Je la regarde en souriant également. Et puis j'avance ma dextre sur son épaule gauche, l'y dépose doucement, comme la mouette harassée se pose sur une épave, ainsi que l'a superbement écrit Canuet dans ses mémoires préfacées par la comtesse de Ségur.

— Tu es belle quand tu es en pétard, mais tu es sublime quand tu ris, murmuré-je.

De plus en plus déconcertée, elle se dégage et dit :

— Je vous demande un instant pour aller me laver les dents, je n'aime pas qu'on m'embrasse quand je viens de manger.

Tu vois ?

Donc, il semblerait qu'une aube très superbe lève sur mes relations avec le docteur Marie-France Pardevent.

Je retourne m'asseoir dans la salle d'attente. Pour l'attendre.

AMOURS, DÉLICES ET MORT

Quand elle me rejoint, je suis en train de lire un article passionnant sur les bouchons de sécrétion obstruant le conduit auditif et qui sont de trois natures différentes. Ils peuvent être croûteux, épidermiques ou cérumineux, alors tu vois qu'il faut pas la ramener, vu qu'on est vraiment peu de chose ! Elle a quelques minuscules éclaboussures de Fluocaril bi-fluoré au-dessus de la bouche, et a changé (l'idiote) son peignoir contre une sorte de training de soie noire qui lui sied davantage mais que je trouve un tantinet moins godant.

Elle me vient contre, s'assied sur mon genou (je me rappelle plus lequel), me cueille la tête dans ses mains et commence à me rouler une pelle éperdue, vorace, implacable, investisseuse, décapante, exploratrice, fureteuse, qui me déambule dans le buccal jusqu'aux amygdales.

Si tu veux l'avis d'un spécialiste, cette gosse est en manque. Elle doit en avoir classe de soigner les hémorroïdes, crises de foie, broncho-pneumonies, rhumatismes articulaires, règles douloureuses, oreillons, phlébites, angines, rougeoles et toutim de Vilain-le-Bel.

Je devine le topo. Cette petite mère, son diplôme conquis, a racheté un cabinet de province pour démarrer. Because les traites à carmer, elle se prive (sandwichs, sandwichs), mène une vie chiche et quasi solitaire. Alors, de ce fait, ses glandes renâclent, c'est fatal ! Le gonzier énergique, avec une belle gueule (t'en fais pas pour mes chevilles, je porte des bandes molletières sous mon grimpant) qui se pointe chez elle tandis qu'elle est à demi nue, et qui lui met la main sur l'épaule, elle résiste pas. Pour Ninette c'est l'heure de la récré ! Elle jette son caducée aux orties ! Une occase pareille, on l'attrape par la queue (ce qu'elle fait) et on s'en confectionne une partie de cul expresse (c'est parti !). C'est parce que, d'entrée de jeu, ce mâle surgi inopinément lui titillait le sensoriel, qu'elle tentait de le rebuffer. Mais Achtung ! Quand c'est de l'Antonio qu'il s'agit, tu n'es pas de force à lutter !

Moi, rien de temps, hop ! Au sol ! Y a un tapis. Corde tressée, soit, gratte-miches, mais mieux que rien ! Tiens ! Elle ne s'est pas lavé que les chailles, la friponne ! Son frifri sent la savonnette de qualité. Je reconnais « Bois de Santal » de Roger et Gallet ! Invitation à la minouche ?

Voyons voir ! Oui, elle attendait que ça. Faut dire que c'est sa compensation à Vilain-le-Bel, Marie-France ; elle bouffaille sa petite assistante, la fille aînée d'Evariste Lucot, le garagiste de Montpaf-lez-Mantes. Juste un crougnou, de temps en temps, avant que la môme grimpe son Solex pour aller se faire tirer par René Clinquet qui est garnisseur à la Régie Renault de Flins.

Elle la trouvait mignonnette, acidulée, l'œil viceloque. La regardait se défaire de sa blouse blanche. Dessous, la gamine ne portait qu'un slip de complaisance incapable de dissimuler trois poils de cul. Elle lui a fait compliment de sa taille, tout en la saisissant par ses seins, tout en les caressant, de son pubis (à propos faut que je téléphone à Dechavanne)[3] tout en suivant de l'index la fente enchanteresse. Alors elle a gousillé la petite mouilleuse, amicalement. Rien qui compromette leurs relations. En tout, c'est la manière qui compte. Ne jamais théâtraliser. Quand tu restes simple, tout est fastoche.

Martine (c'est le nom de l'assistante) a trouvé cette attention délicate. Elle a remercié sa patronne en la médiumisant gauchement car elle, elle n'aime pas la fellation. Comme dit Toinet, c'est pas encore de son âge. Ça les prend plus tard. Seulement leurs bonhommes n'attendent pas et vont se faire pomper ailleurs, si bien que les femmes mariées ne sucent guère que leurs amants. Sauf dans la version secondes noces où la femme est équipée de son expérience antérieure et te négocie le braque d'entrée de jeu.

Tu penses que Marie-France, juste avec un médius trembloté dans la moniche, elle va pas loin question extase. Aussi suis-je le bienvenu.

Je lui paie une séance classique dite de « présentation », le côté : montre un peu tes trésors, voilà mon capital ! Je sais faire ça, ça, ça et encore ça ; mais c'est juste pour te révéler les perspectives d'avenir. Plus tard, si nous en avons un, t'auras droit à un exposé détaillé. On reprendra tout point par point. On développera. On précisera. On hissera la grande verge, comme dit Poirot, on baissera le froc et on s'en ira taquiner les alizés du bonheur.

C'est une très belle troussée de rencontre, franche et cordiale. N'empêche qu'en fin de parcours, elle a les miches en sang à cause du tapis en ratafia ou je ne sais… Mais contente. Soulagée.

— Y a combien de temps que tu n'avais pas baisé, chérie ? je m'inquiète.

C'est là qu'elle me raconte Martine dont elle lichouille un brin l'entre-deux. J'ai interverti dans la narration, mais c'est pas grave. Des julots, elle s'en ai pas appuyé depuis l'internat. Ici, c'est la chasteté complète. Personne ne vient la voir. Simplement, elle a taillé une pipe à un crouille voici un an. Un gonzier qui travaille à la Régie lui aussi, jeune et beau. Elle lui a fait une piqûre d'héparine dans le ventre. Malgré la douleur, le gars bandait turc. Marie-France a pas pu résister et lui a turluté la guiguite. Le mec, il avait pas l'habitude de ces mignardises : un Kabyle, tu penses ! Plein les badigoinsses, la Marie-France ! Perrier c'est fou ! Elle a failli s'étouffer. Tu le crois, toi, qu'abondance de biens ne nuit pas ? Mon œil !

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3

Sans un minimum de culture, tu ne peux pas comprendre la feinte, mais te tracasse pas, ça ne t'empêchera pas de mourir.

San-A.