Выбрать главу

— Cela demanderait des jours et des jours, rétorqua Chiu. Quand le F.R.P. comprendra ce que nous cherchons à faire, il lui sera facile d’activer les réacteurs et de détourner les satellites de leur orbite. Il pourrait même les diriger sur la Terre pour qu’ils s’embrasent en entrant dans l’atmosphère ou s’écrasent au sol.

— Cela aussi demanderait pas mal de temps, répliqua Malekoff. Nous pourrions profiter de ce délai pour faire intercepter les satellites par des équipes de cosmonautes qui les replaceraient sur leurs orbites originelles.

— Cela marcherait pour quelques-uns mais la plupart seraient anéantis et de vastes régions seraient totalement privées d’énergie. Ce serait une catastrophe épouvantable.

— Et pendant ce temps, ajouta Anderson, les terroristes procéderaient au meurtre rituel de Bowéto, d’al-Hachémi et de Dieu sait combien d’autres otages.

Chiu ferma les yeux. Quand il les rouvrit, il dit :

— Messieurs, il n’existe qu’une seule tactique : attendre. Les terroristes ne sont qu’une poignée et les habitants d’Île Un sont légion. Peut-être parviendront-ils à résoudre leur problème.

— Et le nôtre, grommela Williams.

Toujours juché sur son siège, Cyrus Cobb regardait fixement Bahjat sans se soucier des écrans qui l’environnaient de toutes parts, semblables aux facettes de l’œil d’un insecte.

Immobile et silencieuse, la jeune fille était debout à côté du pupitre. Seul le sommet de son casque de cheveux noirs et lustrés dépassait. Ses mains étaient nouées, son visage luisant de sueur et ses traits trahissaient une profonde détresse.

— Est-ce que vous l’aimez ? lui demanda Cobb.

La question posée à brûle-pourpoint l’arracha à ses pensées et, étonnée, elle leva la tête.

— Il croit qu’il vous aime, reprit Cobb. Je le connais depuis qu’il est né. Et s’il croit qu’il vous aime, il risquera sa vie pour vous.

— Comment fera-t-il ?

Les maigres épaules du vieil homme se soulevèrent.

— Je ne sais pas mais il est d’ores et déjà en train de tirer des plans.

Cobb n’avait pas suffisamment confiance en Bahjat pour lui dire qu’il voyait la capsule de fuite sur les écrans. Comme il levait les yeux, il aperçut sur l’un d’eux Hamoud, sombre comme une nuée d’orage, dans le couloir menant à son bureau.

— Est-ce que vous l’aimez ? répéta-t-il sur un ton pressant.

— Non ! répondit sèchement Bahjat. Je… Comment pourrais-je l’aimer ? Nous sommes ennemis. Seuls les chrétiens sont assez fous pour aimer leurs ennemis.

Cobb sourit comme un inquisiteur qui a trouvé le nerf sensible.

— Je vois. Tiens ! Voici un de vos amis.

La porte s’ouvrit brutalement et Hamoud, revêche et maussade, entra en trombe dans la salle d’observation.

— Qu’est-ce que tu fais ici ? gronda-t-il à l’adresse de Bahjat.

Impassible, elle le dévisagea.

— Le prisonnier… le blond, David Adams… il s’est échappé.

Hamoud fit halte à quelques pas d’elle.

— Échappé ? Comment ? Où ?

— Je n’en sais rien.

— Il a maîtrisé votre amie ici présente et est parti dans une de nos capsules de fuite, intervint Cobb du haut de son perchoir. Je présume qu’il va se cacher dans un des modules de service qui entourent le maître cylindre. N’importe comment, il ne peut pas aller très loin à bord d’une de ces capsules.

Les paupières de Hamoud se plissèrent.

— Dis donc, le vieux, comment ça se fait que tu sois aussi prodigue en informations ?

Cobb sourit mollement.

— Dame ! Autrement, vous utiliseriez la manière forte pour me faire parler, non ?

Hamoud repoussa Bahjat et alla jusqu’au pupitre sur lequel il s’accouda.

— Eh bien, puisque tu vois tout, dis-moi un peu où ont filé l’autre milliardaire et sa rouquine.

— Garrison ? Oui, j’ai observé l’épisode qui a lieu chez lui. J’ai été très offusqué.

— Il m’a carotté.

— Il vous a dit la vérité au sujet du trésor — sauf qu’il s’agit presque uniquement d’œuvres d’art, pas de valeurs.

— Il m’a donné une fausse combinaison. Il va falloir qu’on retourne pour faire sauter la porte de la chambre forte à la dynamite.

Cobb gloussa.

— Non, c’était la bonne. Mais quand vous vous êtes précipités avec vos copains comme une bande de gamins à la recherche d’un mégot enterré, il a donné ordre à l’ordinateur de la modifier.

Hamoud fit un pas en avant et empoigna Cobb par son col de chemise.

— Cesse de ricaner. Je n’aime pas qu’on se foute de moi.

Le vieil homme dut se retenir au rebord de la console pour ne pas tomber de son siège.

— Rassurez-vous, je vous prends tout à fait au sérieux.

Hamoud le lâcha.

— Eh bien, où est passé le nabab ?

— Pendant que vous essayiez d’entrer dans la caverne d’Ali Baba, Garrison s’est réfugié dans la forêt avec sa garde du corps.

— Quand je les aurai retrouvés, je les tuerai tous les deux. Lentement.

— Il faudra d’abord leur mettre la main dessus.

— Ce n’est pas pour faire la course à l’échalote avec des milliardaires que nous sommes ici, intervint Bahjat. Les satellites solaires…

— Silence, femme ! La colonie est à nous et nous sommes en train de couper les satellites. En attendant, je veux retrouver cet homme et sa putain.

— Ils sont dans les forêts du cylindre B, dit Cobb. Cachés.

— Où ça ?

— Aucune idée.

— Tu as dit toi-même que tu les observes, fit Hamoud avec un moulinet du bras en direction des écrans.

— Oui, je les ai observés. (Le doigt osseux de Cobb se pointa sur l’écran qui renvoyait encore l’image du salon désert de Garrison.) Mais ils sont partis quelques secondes après vous.

— Où sont-ils allés ?

— Je suis bien incapable de vous répondre, il n’y a pas de caméras dans la forêt, mentit Cobb.

— Le blond nous a affirmé que la colonie en était entièrement truffée !

— C’est exact et il y a un écran pour vingt-cinq caméras. Mais nous ne pouvons quand même pas surveiller chaque centimètre carré des forêts du cylindre B. C’est trop grand.

— Je veux retrouver Garrison et cette fille !

— Hamoud, je t’en prie ! fit Bahjat.

Il la repoussa.

— Si vous voulez, lui proposa aimablement Cobb, prenez ma place et appuyez sur tous les boutons que vous voudrez. Mais il y a neuf chances sur dix pour qu’ils soient trop loin d’une caméra pour être repérables. Garrison n’est pas tombé de la dernière pluie. Il s’est terré au fond d’un épais taillis où il est invisible, même si une caméra se trouve à deux mètres de lui. Et il y restera jusqu’à ce que vos hommes s’en aillent ou que la faim les chasse tous les deux. Ce que je peux vous dire, c’est qu’ils ont pris tout ce qu’il y avait comme vivres dans la maison avant de la quitter.

— J’exécuterai les otages !

Le visage de Cobb s’assombrit.

— Garrison se moque comme de sa première chemise du nombre de gens que vous pourriez tuer.

— Il ne se moquait pas de cette femme.

— Mais elle est avec lui.

— Je détruirai la colonie !

— Non ! fit Bahjat d’un ton sec.

Cobb hocha la tête.

— Comment ferez-vous ? Il faudrait une bombe d’une mégatonne pour faire sauter le cylindre B.

— On la désatmosphérisera.

— En chasser l’air vous prendrait plusieurs semaines.