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Le chauffeur le regarda approcher et déverrouilla la porte sans méfiance. Dès qu’il eut passé le sas, Franck le menaça de son arme.

— Lève les mains.

L’homme avait les yeux agrandis par la peur. Comme il l’avait fait avec son collègue, Franck le menotta et le bâillonna.

Il ouvrit ensuite la porte et lança un coup d’œil circulaire à l’extérieur.

À première vue, tout allait bien.

Surgi de nulle part, Alex, cagoulé, pénétra dans le fourgon.

Franck s’adressa au chauffeur.

— Toi, tu viens avec moi.

Pendant qu’Alex faisait le guet, Franck et le chauffeur prirent le chemin de l’agence. La nuit était calme et la chaussée déserte. Ils entrèrent dans la banque sans rencontrer âme qui vive.

Franck libéra l’une des mains du chauffeur et referma le bracelet sur un autre radiateur, face au convoyeur qui observait la scène avec stupeur.

Il récupéra le sac avec l’argent et regagna le fourgon.

Une fois à l’intérieur, il prit la place du chauffeur et démarra en douceur.

— Je suis en nage. Espérons que personne ne les découvre avant demain matin.

À ses côtés, Alex ricana.

— Ce sont les deux plus cons de la bande, mais on ne sait jamais. Étape suivante ?

— On se fait la BBL de Forest et on file au centre commercial.

Vingt-cinq minutes plus tard, le fourgon s’arrêta devant la banque.

Alex prit la mallette et sortit.

Il revint quelques minutes plus tard, la valise pleine.

— Trop facile.

Franck grinça.

— Monte et tais-toi.

La tension restait vive dans l’habitacle. Franck conduisait en silence, les mâchoires serrées, les muscles crispés.

À minuit et demi, ils arrivèrent au Westland Shopping Center, le centre commercial d’Anderlecht. Cette fois, Alex négligea la valise et agrippa le sac de sport.

— J’ai pas envie de me taper plusieurs allers-retours.

Franck haussa le ton.

— Pas question, tu prends la mallette, même si tu dois faire trois trajets.

Alex obéit et sortit avec la valise de sécurité.

Alors qu’il revenait avec le dernier chargement, il se força à lâcher une plaisanterie.

— Il y a de quoi se payer un Boeing.

Franck le rabroua.

— Tais-toi. On dégage.

Ils prirent le Ring, roulèrent pendant quelques minutes et empruntèrent la sortie qui menait à l’hôpital Érasme. Ils firent une halte à proximité du parking dans lequel Franck avait garé la GTI volée, quelques heures auparavant.

Alex descendit, récupéra la voiture et se colla au fourgon qui retournait vers le Ring. Deux kilomètres plus loin, Franck prit un chemin caillouteux, dans une zone déserte proche d’une décharge.

Alex vint se garer derrière lui, ouvrit le hayon de la GTI et transbahuta les pochettes. Le chargement arrivait à hauteur du plafond.

Le transfert terminé, Franck prit le volant.

Alex sifflota.

— Tu as vu ça ? C’est plein à ras bord.

Franck démarra et se détendit un peu.

— On récupère ta bagnole, on va planquer le pognon dans la forêt et on rentre.

La voiture d’Alex était garée dans le bois de la Cambre, non loin des Jeux d’Hiver, une boîte de nuit branchée fréquentée par la jeunesse dorée bruxelloise. Chaque week-end, des dizaines de voitures se garaient aux alentours et des groupes de jeunes déambulaient autour du night-club jusqu’aux petites heures du matin.

Ils quittèrent le Ring, remontèrent la rue de Stalle et prirent l’avenue Defré jusqu’à la chaussée de Waterloo. Alors qu’ils attendaient que le feu passe au vert, le cœur de Franck s’emballa.

Une camionnette blanche entravait une partie de la chaussée à l’entrée du bois et trois policiers équipés de bâtons lumineux faisaient le pied de grue. Une seconde voiture, une Volvo blanche, portières ouvertes, était en faction de l’autre côté, au début de l’avenue de la Laiterie. Deux autres policiers patientaient à l’intérieur.

Franck fulmina.

— Merde ! Ils traquent les alcoolos qui sortent des Jeux.

Alex baissa le ton, comme s’il risquait d’être entendu.

— Qu’est-ce qu’on fait ?

Franck réfléchit à toute vitesse.

— On ne peut pas prendre le risque de se faire contrôler, ils vont voir les pochettes et les reconnaître au premier coup d’œil. On attend que ça passe au vert et on file à droite.

À cet instant, l’un des policiers jeta un coup d’œil dans leur direction, leva son bâton et s’approcha. Un deuxième se mit également en marche.

Alex s’agita sur son siège.

— Merde, merde, merde !

Lorsqu’il fut à cinq mètres, le policier esquissa un geste circulaire pour leur signifier d’ouvrir la fenêtre.

Franck prit sa décision.

— Accroche-toi.

Il embraya, passa la première et enfonça l’accélérateur. Les pneus hurlèrent et la voiture bondit.

Il frôla le policier et l’entendit vociférer.

Il jeta un coup d’œil dans le rétroviseur. La Volvo avait allumé ses phares et partait à leur poursuite en actionnant la sirène et le gyrophare.

Alex se retourna.

— Merde ! Putain ! Ils nous suivent.

Franck se tenait droit sur le siège, le visage fermé.

— On peut semer la Volvo, mais ils vont alerter la meute et nous tomber dessus.

Il descendit la chaussée de Waterloo à toute allure.

Au feu rouge, il vira dans la chaussée de la Hulpe, à la limite du décrochage. Il contrebraqua, poussa le moteur en surrégime et grimpa à cent vingt, la Volvo à ses trousses.

— Ils nous collent au cul. Elle est gonflée, leur caisse, c’est pas possible autrement.

La course-poursuite continua dans le boulevard du Souverain, les deux voitures filant à cent quarante.

Au carrefour de la chaussée de Wavre, Alex pointa un doigt devant lui et se mit à hurler.

— Là, une autre, en face.

Une voiture de police, gyrophare allumé, venait à leur rencontre, mais le terre-plein central l’empêchait de leur barrer la route.

Franck garda son sang-froid.

— Ils n’ont pas le temps de nous bloquer.

Alex regardait de tous côtés.

— Emmène-les dans les petites rues.

Ils arrivèrent aux Étangs Mellaerts, brûlèrent le feu et prirent l’avenue de Tervuren. Une voiture arrivait en face. Franck fit un brusque écart pour l’éviter. La GTI se mit à déraper mais il réussit à la rattraper.

Alex couvrit le rugissement du moteur.

— Ils vont nous avoir.

Franck jeta un coup d’œil dans le rétroviseur et hurla de plus belle.

— Putain, elle vient d’où, celle-là ?

Une Golf GTI de la gendarmerie leur collait au train, sirène hurlante.

Il se mit à zigzaguer pour l’empêcher de les doubler.

L’habitacle sentait l’embrayage grillé, la sueur et la peur.

— Ils sont partout.

Un coup de feu claqua et la lucarne arrière vola en éclats.

Alex était proche de l’hystérie.

— Ils vont nous abattre comme des lapins.

Il sortit son revolver et se retourna.

Franck l’arrêta d’un geste.

— Non, pas ça. Jamais.

— Tu préfères te faire tuer ?

Un autre coup de feu claqua.

Alex beugla.

— Merde, je suis touché.

Franck jeta un rapide coup d’œil vers Alex qui grimaçait et se tenait le bras.

— Accroche-toi. Ça va secouer !

Il pesa de tout son poids sur les freins.

Dans un fracas de métal et de verre, la GTI des gendarmes les percuta à l’arrière.

Franck se retourna et évalua la situation.

La voiture des gendarmes était hors service. De la fumée s’échappait du capot. Les occupants avaient été projetés contre le pare-brise.