Выбрать главу

Son cœur bondit dans sa poitrine.

Le fourgon avait ralenti.

Elle balaya la zone autour du véhicule. Rien ne perturbait le trafic, aucun obstacle n’entravait le passage et les véhicules qui suivaient le fourgon se trouvaient à plus de deux cents mètres.

Elle plissa les yeux et régla ses jumelles sur les silhouettes qui avançaient derrière le fourgon. Elles étaient identiques. Petit à petit, une ligne bleue sur la carrosserie et des appendices sur le toit apparurent.

— Merde !

Elle enfonça le bouton de l’émetteur.

— Foxtrot, je répète, Foxtrot.

Pour la première fois, ils entendirent le signal d’alarme.

Dans le tunnel, Sergio poussa un juron.

— Putain, qu’est-ce qu’elle a foutu ?

La voix de Franck couvrit la fin de sa phrase.

— Les flics !

Alex prit le talkie-walkie.

— Instructions ?

Franck réfléchit à toute vitesse.

— Évacuez. Retournez à la Toyota. Je vous couvre.

Alex et Sergio évacuèrent le tunnel et se dirigèrent au pas de course dans la direction de Julie.

Sur la route, le fourgon s’était arrêté.

Franck arrivait en face, à tombeau ouvert. Il croisa le fourgon et poursuivit sa route vers les deux camionnettes de police.

Laurent hurla.

— Qu’est-ce que tu fous ?

— Mets ta cagoule.

Face à eux, les combis VW se mirent côte à côte pour leur bloquer le passage. Franck plaça la voiture au milieu de la route et enfonça l’accélérateur.

Laurent était hystérique.

— Arrête, merde ! Tu vas nous tuer.

Franck serra les dents.

Lorsque la Peugeot ne fut qu’à cinquante mètres, l’un des combis fit un brusque écart pour éviter le choc frontal. Dans un grincement strident, la Peugeot s’infiltra entre les deux véhicules en leur labourant les flancs.

Julie hurla dans le haut-parleur.

— Je les ai récupérés. Instructions ?

Franck interpella Laurent et lui indiqua le talkie-walkie du menton.

— Qu’elle laisse tomber le leurre et vienne nous récupérer au point de chute.

Dans le Toyota, Alex avait pris le volant et fonçait dans le bois de Halle. Lors des repérages, il avait noté que le chemin forestier passait au-dessus du Ring. En passant à travers bois, il pourrait descendre sur le Ring et rejoindre l’aire de repos.

De son côté, Franck avait bifurqué dans la chaussée de Tubize et était remonté sur le Ring en direction de Bruxelles. Malgré le choc, la Peugeot se comportait normalement.

Deux minutes plus tard, il arriva sur l’aire de repos. Le Toyota fit son apparition sur l’aire opposée.

Laurent s’égosilla.

— Les armes ? Le cadre ?

— Laisse tout.

Ils sortirent de la Peugeot et traversèrent la route dans un concert de klaxons. Ils rejoignirent Alex et grimpèrent dans le Toyota.

— Fonce.

Alex démarra en trombe.

— Les GTI ?

— On s’en fout. On n’a pas une seconde à perdre.

— Où on va ?

— Sors à Ittre et reprends le Ring dans l’autre sens.

— On va être coincés dans les embouteillages.

Franck haussa le ton.

— Fais ce que je te dis.

Alex obéit. Il sortit à Ittre, prit la bretelle de l’échangeur et repartit vers Bruxelles. Recroquevillés à l’arrière, Julie, Sergio et Laurent n’osaient intervenir.

À l’approche de Beersel, ils rencontrèrent les premiers ralentissements.

Alex hurla.

— Putain, les embouteillages du matin. Et maintenant ?

— Va sur la bande d’arrêt d’urgence, mets les warnings et fonce.

Ils parcoururent deux kilomètres pied au plancher sous l’œil effaré des automobilistes immobilisés dans les bouchons.

À l’arrière, Sergio s’époumona.

— Dio cane ! Un hélico, dans l’autre sens.

Franck indiqua un panneau à Alex.

— Sors à la station.

Une vaste station-service était implantée peu avant la sortie de Drogenbos. Un hôtel économique jouxtait les installations. Censé accueillir des voyageurs de passage, il était principalement fréquenté par des couples illégitimes qui s’y retrouvaient à toute heure du jour et de la nuit.

Franck dirigea Alex.

— Tourne à droite. Le parking de l’hôtel. Mets-toi entre la Volvo et la Polo.

Alex se rangea entre les voitures et coupa le moteur. Tout le monde s’apprêtait à quitter le véhicule lorsque Franck les arrêta.

— Refermez les portes. Ne bougez pas.

Ils se figèrent et perçurent le bruit caractéristique d’un hélicoptère en approche. Le vrombissement enfla et devint assourdissant.

L’hélicoptère passa en rase-mottes au-dessus du parking de l’hôtel et poursuivit sa route en longeant le Ring.

Le silence s’installa dans l’habitacle.

Personne n’ouvrit la bouche, chacun essayant de reprendre ses esprits et de calmer les battements de son cœur.

Au volant, le regard fixe, Franck se revit deux ans plus tôt, adossé au tronc d’arbre, le visage écorché, la rage au ventre, ruminant son échec.

Alex brisa le silence.

— Tu avais raison, c’était foireux. On aurait dû t’écouter.

Franck ne répondit pas.

Sergio se manifesta.

— Et maintenant ?

Franck se retourna.

Julie tremblait comme une feuille. Laurent était blême.

Il fixa Sergio.

— Croise les doigts pour qu’ils ne trouvent rien. En ce qui nous concerne, l’aventure est terminée.

52

La nana dont je parle

Durant les semaines qui suivirent, Franck regarda les journaux télévisés et écouta les nouvelles à la radio pour tenter d’évaluer les progrès de l’enquête.

Hormis le Toyota Land Cruiser qu’ils avaient fait disparaître dans le canal de Ronquières, la police avait mis la main sur les autres véhicules. Si les deux Golf GTI n’avaient livré aucun secret, il n’en allait pas de même pour les Peugeot.

La 405 que les policiers avaient récupérée dans le bois de Halle leur avait permis d’étudier le procédé de mise à feu imaginé par Julie. Le juge d’instruction chargé de l’enquête l’avait baptisé gâteau d’anniversaire, une expression aussitôt reprise par la presse.

L’autre Peugeot renfermait une mine d’or pour les enquêteurs. Elle contenait un FAL, deux cagoules, les sacs destinés à transporter le butin et le cadre métallique rempli d’explosif.

Sur le châssis et le semtex de ce dernier, les policiers avaient prélevé des dizaines d’empreintes digitales et palmaires. Elles appartenaient à la même personne, mais n’étaient pas enregistrées dans la banque de données du service d’identification judiciaire.

À la fin du mois de février, on ne parlait plus d’eux, ce qui ne signifiait pas pour autant que l’enquête était abandonnée. Ils décidèrent de se faire oublier tout en gardant des contacts réguliers entre eux.

Sergio Cirilli ouvrit un restaurant dans la région de La Louvière. Laurent Nagels se lança dans le commerce de vins tandis que Franck, Alex et Julie se concentrèrent sur le développement de Vert d’experts.

Durant le printemps, Franck et Julie se rendirent plusieurs fois à Oppède-le-Vieux.

Ils avaient fondé une société en Angleterre et ouvert un compte à la BNP d’Avignon pour financer l’achat de la maison et les travaux de rénovation. Ils alimentaient régulièrement le compte à l’aide de virements postaux luxembourgeois, en veillant à varier le nom des débiteurs et à se limiter à de petits montants.

Les travaux commencèrent au début du mois de mai. Dans un premier temps, l’objectif était de restaurer le bâtiment principal et de le rendre habitable pour la fin de l’année.