Выбрать главу

Les membres de l’équipe poussèrent un soupir de soulagement.

En plus de Laurent, Alex et Pépé, Franck avait engagé Lazar et son frère Roman, deux hommes qu’il avait choisis dans le vivier de Pépé, ceux qui lui paraissaient les moins fébriles et les plus débrouillards.

Six mois avaient été nécessaires à Franck pour trouver le maillon faible du dispositif. Il avait étudié les matières qui touchaient de près ou de loin aux systèmes de détection, aux alarmes en tout genre et à la fabrication des coffres-forts.

Il en avait conclu que chaque système, même le plus sophistiqué, comporte ses failles et que les moyens de les exploiter sont souvent d’une telle simplicité que personne ne les envisage.

Malgré les problèmes techniques auxquels il fut plus d’une fois confronté, il n’avait pas fait appel à Julie. Après avoir posé ses conditions à Alex et Laurent, en janvier 2002, il l’avait informée qu’il montait un coup avec eux.

Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il était inutile de tenter de l’en dissuader. Elle avait accueilli la nouvelle avec flegme, ne lui avait posé aucune question et ne lui avait fait ni scène ni reproche.

Après quelques jours de froid, elle était revenue sur le sujet.

— Fais comme tu veux. Je ne te demande qu’une seule chose, sois prudent.

Le samedi 15 février, peu avant 22 heures, Franck et son équipe se regroupèrent dans l’entrée du parking du Diamond Center, situé dans une rue adjacente.

Quelques semaines auparavant, Franck était entré dans le parking, caché dans la voiture de Finkel. Il s’était laissé enfermer et avait passé la nuit à analyser le système d’ouverture du volet métallique. En identifiant les fréquences utilisées, il avait réussi à confectionner une télécommande qui permettait d’actionner le portail à distance.

Les hommes se faufilèrent dans le parking, à l’exception de Lazar, chargé de monter la garde. Ils forcèrent une porte et parcoururent le sous-sol en direction de la salle des coffres.

La veille, peu avant la fermeture, Léonard Finkel avait suivi à la lettre les instructions de Franck et était descendu pour utiliser son coffre. Dans le hall qui menait à la chambre forte, il avait neutralisé le détecteur de chaleur en l’aspergeant de vaseline et posé un morceau de ruban adhésif sur le détecteur de lumière.

Ces deux premières alarmes étant hors d’état de nuire, ils allumèrent leurs torches pour localiser le détecteur de mouvement. Laurent s’était longuement entraîné à désamorcer ce type d’appareil.

Il s’agenouilla et se mit à ramper sur le sol, centimètre par centimètre.

Les autres le regardèrent progresser en retenant leur respiration. Parvenu au pied de l’appareil, il se redressa avec une lenteur majestueuse et posa une boîte en polystyrène sur le capteur.

Aucune alarme ne se déclencha.

Il fit un geste de la main, puis un deuxième. Voyant qu’il avait réussi, il se mit à danser dans le hall en fixant les caméras.

Franck soupira.

— C’est bon, Laurent, calme-toi, on est loin du compte.

Pépé et Roman s’attaquèrent à l’obstacle suivant, les contacts magnétiques fixés sur la porte. Ils les fixèrent à l’aide d’une patte métallique pour que les deux parties restent solidaires. La manœuvre terminée, ils dévissèrent l’ensemble. La manipulation leur prit moins de dix minutes.

Franck et Alex partirent à la recherche de la clé. Finkel avait remarqué que les gardiens la mettaient dans un coffret fixé au mur, dans un local attenant.

La serrure céda à la première sollicitation.

Alex transpirait à grosses gouttes.

— C’est trop facile, le ciel va nous tomber sur la tête.

Franck resta concentré.

— Ne crie pas victoire trop vite. Il reste la combinaison.

Franck était en possession du code d’ouverture depuis plusieurs semaines.

Finkel avait réussi à fixer un caméscope miniature sur la caméra placée au-dessus de la porte. Le lendemain, il avait récupéré le film du gardien qui composait le code.

Ils retournèrent dans le hall et glissèrent la clé dans la serrure.

Pépé fit un signe de croix et indiqua la molette à Franck.

— À tout seigneur, tout honneur.

Franck inspira et expira plusieurs fois.

Dans dix secondes, il saurait.

Si les gardiens avaient changé la combinaison entre-temps, ils plieraient bagage et rentreraient bredouilles. Dans le cas contraire, il était sur le point de réaliser un casse plus spectaculaire que celui perpétré par Albert Spaggiari à Nice, en juillet 1976.

Il actionna la molette vers la droite, revint vers la gauche, repartit vers la droite.

Les autres membres de l’équipe l’observaient, les muscles tendus, le cœur battant.

Il arrêta la roulette sur le dernier chiffre et tourna la clé dans la serrure. Un déclic se fit entendre et la porte s’ouvrit.

Ils restèrent quelques instants silencieux, n’en croyant pas leurs yeux.

Pépé fut le premier à réagir.

— Franck, tu es le diable en personne !

Les cent quatre-vingt-neuf coffres leur tendaient les bras.

Finkel avait photographié le sien sous tous les angles, ce qui avait permis à Franck d’étudier le système d’ouverture et de fabriquer un outil apte à le forcer. L’opération prenait tout au plus une minute.

Ce qu’ils découvrirent pendant les cinq heures qu’ils passèrent dans la salle dépassa leurs estimations les plus folles.

Tandis qu’ils ouvraient les coffres et jetaient leur contenu sur le sol, Pépé, le plus expérimenté en pierres, faisait un tri rigoureux, allant jusqu’à négliger de superbes parures qu’il jugeait invendables.

Avant de quitter les lieux, Alex crocheta la serrure du local de sécurité et emporta les cassettes qui avaient enregistré le casse. Ils sortirent par où ils étaient entrés et se retrouvèrent chez Finkel pour que le diamantaire puisse évaluer le butin. Ils avaient convenu qu’il garderait l’ensemble des pierres et paierait chacun au fur et à mesure de la revente.

Comme il l’avait fait avec Cirilli en son temps, Franck avait dû freiner l’appétit de ce dernier. D’entrée de jeu, il avait mis les points sur les i : il n’aurait rien de plus que les autres et toucherait sa part s’il s’impliquait personnellement dans le casse.

Au petit matin, ils se séparèrent et chacun reprit la route vers Bruxelles.

Le casse d’Anvers n’avait fait aucun blessé. Aucune arme n’avait été utilisée.

Il n’y avait eu ni violence ni haine.

69

La mort dans l’âme

J’éprouve un mal fou à me concentrer. Je ne perçois qu’un brouhaha et des mouvements dans la salle.

Un procès d’assises s’étire sur deux semaines. Il mobilise de nombreuses personnes et coûte une fortune au contribuable. Un certain nombre de faits considérés comme des crimes par le Code pénal ont été requalifiés pour pouvoir être renvoyés devant un tribunal correctionnel, ce qui évite aux avocats de passer leur vie dans les salles d’audience.

La première journée est consacrée au tirage au sort des douze jurés et des suppléants. Mon rôle est passif, mais ma présence requise.

À tout bout de champ, je décroche et laisse mes pensées s’envoler vers Leila.

Hier, dès la descente du train, j’ai filé chez elle. Je suis arrivé vers 13 heures, mais nous n’avons pas déjeuné comme nous l’avions prévu. Elle a ouvert la porte et nous avons plongé dans les bras l’un de l’autre.

Les préliminaires se sont limités à leur plus simple expression. Brûlants de désir, nous nous sommes déshabillés en un temps record. Notre première étreinte a été foudroyante. La suivante remplie d’attentions et de tendresse.