Yveline répondit :
« Je te donne un mois pour réfléchir. Si dans un mois nous n’avons pas changé d’existence, je me tuerai, puisqu’il ne reste aucune autre issue honorable à ma vie. »
Et elle s’en alla.
Au bout d’un mois, on dansait et on soupait toujours dans l’hôtel Samoris.
Yveline alors prétendit qu’elle avait mal aux dents et fit acheter chez un pharmacien voisin quelques gouttes de chloroforme. Le lendemain elle recommença ; elle dut elle-même, chaque fois qu’elle sortait, recueillir des doses insignifiantes du narcotique. Elle en emplit une bouteille.
On la trouva, un matin, dans son lit, déjà froide, avec un masque de coton sur la figure.
Son cercueil fut couvert de fleurs, l’église tendue de blanc. Il y eut foule à la cérémonie funèbre.
Eh bien, vrai, si j’avais su ! – mais on ne sait jamais, – j’aurais peut-être épousé cette fille-là. Elle était rudement jolie.
« Et la mère, qu’est-elle devenue ?
— Oh ! Elle a beaucoup pleuré. Elle recommence depuis huit jours seulement à recevoir ses intimes.
— Et qu’a-t-on dit pour expliquer cette mort ?
— On a parlé d’un poêle perfectionné dont le mécanisme s’était dérangé. Des accidents par ces appareils ayant fait grand bruit jadis, il n’y avait rien d’invraisemblable à cela. »
20 décembre 1882
FIN