– Oh! c'est bien ici qu'il se trouve, dit l'aîné des frères. Tout est solennel; les visiteurs sont graves, et il n'y a rien à manger. Ce n'est que pure apparence. Des personnes qui venaient d'admirer les oeuvres sublimes du maître approchèrent du tombeau où il repose. Leurs figures étaient encore illuminées par les impressions qu'ils venaient de recevoir dans ce sanctuaire de l'art. C'étaient de grands personnages venus de loin, d'Angleterre, de France, d'Italie; la fille de l'un d'eux, une charmante enfant, cueillit une des roses en souvenir du célèbre sculpteur, et la mit dans son sein. Les moineaux, en voyant le muet hommage qu'on venait rendre au rosier, pensèrent que l'édifice était construit en son honneur; cela leur parut exorbitant; mais, pour ne point paraître trop campagnards, ils firent comme tout le monde et saluèrent à leur façon. En regardant de près, ils remarquèrent que c'était leur ancien voisin. Le peintre qui avait dessiné le rosier au pied de la maison brûlée avait demandé la permission de l'enlever, et l'avait donné à l'architecte qui avait construit l'édifice. Celui-ci en avait trouvé les fleurs si admirables, qu'il l'avait placé sur le tombeau de Thorwaldsen, où ces roses étaient comme l'emblème du beau; on les emportait bien loin en souvenir des émotions que produit la sublimité de l'art.
– Tiens, dirent les moineaux, vous avez trouvé un bon emploi en ville. Les roses reconnurent leurs voisins et répondirent:
– Quelle joie de revoir d'anciens amis! Il ne manquait plus que cela à notre bonheur. Que l'existence est belle! Tous les jours ici sont des jours de fête.