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La question parut surprendre Tyrosian. « Eh bien… oui, en effet. S’ils avaient coupé l’alimentation, nous aurions dû réactiver lentement l’équipement pour nous assurer qu’il n’était pas saboté mécaniquement ou informatiquement.

Vous savez… par des vers et des virus infiltrés dans les programmes. Mais il est déjà en activité, capitaine. »

Autrement dit, les virus ou autres sous-programmes de piratage étaient d’ores et déjà en train d’opérer. Ne jamais se fier aux cadeaux des Syndics. « Je vois. »

Le visage du colonel Carabali réapparut, non moins renfrogné que celui de Tyrosian. « Nous allons devoir procéder à une fermeture contrôlée de tous les systèmes, capitaine, les nettoyer et les rallumer l’un après l’autre. »

Geary lâcha une longue bouffée d’air en se demandant pourquoi ses fusiliers et ses ingénieurs devaient précisément tomber d’accord sur ce point. « Quel serait le pire scénario si nous les faisions fonctionner maintenant ?

— Panne désastreuse de tous les systèmes, fermeture et destruction des équipements, dommages fatals à l’environnement, personnel blessé, mort d’hommes et perte de toutes les capacités de l’installation minière, répondit Tyrosian.

— Tout sauterait », renchérit laconiquement Carabali.

Geary hocha la tête. D’accord. La cata. « Quel délai exigera la méthode la plus prudente ?

— Son estimation dépendra largement du nombre plus ou moins important des facteurs impliqués… commença Tyrosian.

— La flotte ne peut pas se permettre de s’attarder très longtemps aux abords de cette installation, capitaine Tyrosian, aboya Geary.

— De quelle quantité de ce matériel avons-nous besoin ? s’enquit Carabali. Pour accéder aux réserves de minerais exigées, faire analyser la roche et la charger ? »

Tyrosian eut un geste courroucé. « Il vous faut disposer des sous-systèmes de minage. Demander aux principaux systèmes fonctionnels de leur envoyer des instructions. Si les programmes de sécurité ne sont pas activés et ne surveillent pas les opérations des systèmes fonctionnels principaux et des sous-systèmes de minage, les blocages de sécurité leur interdiront tout fonctionnement.

— Presque tout, en tout cas », fit observer Geary.

Tyrosian hocha la tête.

« Nous ne pouvons pas… » Geary s’interrompit ; une diode venait de clignoter, signalant un message à haute priorité lui apprenant qu’on tentait de le contacter pendant sa conférence avec Carabali et l’ingénieur. Il jeta un coup d’œil au voyant et constata que la communication provenait du Titan. Les transmissions de ce bâtiment tendaient à annoncer de mauvaises nouvelles. Exaspéré par les délais, Geary faillit frapper la touche de refus. Vraiment pas besoin qu’on me complique encore l’existence. Bon sang, jusqu’à quel point peut-elle l’être ? Il me faudrait plutôt une embellie, et celui qui m’appelle aura peut-être une idée. Il s’accorda une pause, compta jusqu’à cinq et accepta le contact.

Le visage du capitaine de frégate Lommand, commandant du Titan, lui apparut. Il était encore jeune, mais Geary avait déjà eu l’occasion d’apprendre qu’il compensait le manque d’expérience par le zèle et l’initiative. Pour l’instant, Lommand semblait légèrement contrit. « Pardonnez-moi cette interruption, capitaine Geary, mais on m’a dit que le capitaine Tyrosian était en contact direct avec vous et j’ai pensé qu’elle tiendrait à savoir sans délai que les deux mobiles d’extraction unitaires du Titan sont chargés sur des navettes à grues de levage parées au lancement. »

Geary coula un regard vers Tyrosian, qui s’efforçait vainement de donner l’impression que cette annonce ne la surprenait pas. « Des mobiles d’extraction unitaires ? s’enquit Geary. Ça pourrait nous avancer ?

— Oui, si l’équipement de l’installation est inutilisable, répondit ingénument Lommand. Ça m’avait paru une bonne idée de les tenir prêts à intervenir si ça se produisait.

— En effet, renchérit Tyrosian comme si elle en avait elle-même donné l’ordre. Certes, les déployer comporte un risque, dans la mesure où il ne reste plus à la flotte que les deux du Titan, mais les MEU peuvent localiser, analyser et charger les réserves d’éléments trace dont nous avons besoin.

— Quelle sera la durée de leur trajet ? s’enquit Geary en cherchant dans ses commandes celle qui pouvait lui fournir cette information.

— Trente et une minutes si nous les larguons tout de suite », répondit aussitôt Lommand.

Le colonel Carabali vérifiait un autre détail de son côté. « On ne peut pas prendre le risque d’utiliser sur site un équipement crucial tant que les systèmes des Syndics restent en activité et en mesure de lancer une opération style cheval de Troie. Les éteindre complètement exigerait environ… vingt minutes. »

Geary hocha la tête. « Mais songez à tout ce que nous devrons encore faire avant d’y recourir. Ne devrions-nous pas plutôt nous servir de ces… euh… MEU ?

— Inspecter et nettoyer tous les systèmes syndics exigera au moins deux heures, et il faudra encore une demi-journée pour les réactiver sous notre contrôle…

— Quand les MEU pourront-ils commencer à fonctionner une fois débarqués ? demanda Geary aux ingénieurs.

— Dans l’immédiat, capitaine, répondit Lommand. Leur démarrage sera effectué à bord des navettes. Dès qu’elles auront atterri, les meuh-meuh pourront descendre la rampe et se mettre à paître. »

Génial. Encore un autre menu détail que Geary devait apprendre de la bouche de ses subordonnés. Fort heureusement, l’un d’eux était le capitaine Lommand. Il s’apprêtait à lui ordonner de larguer les navettes du Titan quand il se reprit et se tourna vers Tyrosian, son supérieur. Lommand avait encore négligé la voie hiérarchique, mais au moins l’avait-il fait cette fois de manière apparemment légitime en feignant d’informer Tyrosian. « Capitaine Tyrosian, ordonnez au Titan de larguer ces navettes et de les faire atterrir près de l’installation. Qu’elles se mettent au travail dès leur débarquement. Merci pour l’information, capitaine Lommand. Colonel Carabali, priez vos informaticiens de mettre en berne tout ce que les Syndics ont laissé en activité. Que tout soit coupé quand les navettes du Titan se poseront.

— Oui, capitaine, répondit Carabali avec un mince sourire. Voulez-vous que nous les épluchions en quête d’éventuels sabotages ?

— Uniquement si cela s’avère nécessaire pour la sécurité de vos gars. Je n’ai pas l’intention de les rallumer avant notre départ et nous laminerons tout le matériel de cette installation en la quittant. »

Le sourire de Carabali s’élargit. « À vos ordres, capitaine. »

Alors que s’effaçait l’image du colonel des fusiliers, le capitaine Tyrosian lança à Geary un regard assuré, comme si elle avait conçu ce plan elle-même. « J’ai ordonné au Titan de larguer les navettes, capitaine.

— Merci. » Au moins Tyrosian avait-elle su recouvrer ses esprits et réagir correctement quand Lommand s’était immiscé dans la conversation. « Beau travail. Amassons ces cailloux et dégageons. »

Les fenêtres disparurent, ne laissant plus flotter devant Geary que le seul hologramme du système stellaire. Il regarda les symboles représentant les vaisseaux de sa flotte dépasser à grande vitesse la lune qui hébergeait l’installation minière syndic, avant de décrire une boucle autour de la géante gazeuse pour revenir vers le satellite, puis il se livra à quelques calculs rapides pour vérifier s’il ne devrait pas les ralentir davantage en fonction des retards prévus à la surface.