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« À tous les vaisseaux de la flotte de l’Alliance. Ici le capitaine Geary, commença-t-il en s’exprimant avec un calme délibéré. Nous ignorons ce que nous réserve Daïquon. Les Syndics ne s’attendaient pas à ce que nous gagnions Sendaï, mais ils ont sûrement compris, à présent, que nous n’avions choisi comme destination aucune des autres étoiles accessibles depuis Baldur. Peut-être se douteront-ils assez tôt que Daïquon représente pour nous un objectif possible pour profiter de l’avantage de leur hypernet et y rassembler des forces. Je veux tous les vaisseaux parés au combat quand nous quitterons l’espace du saut à Daïquon. Nous aurons peut-être à affronter aussitôt un engagement, aussi tous les vaisseaux syndics que nous rencontrerons devront-ils être balayés si vite jusque dans l’étoile qu’ils chercheront encore à comprendre ce qui leur est arrivé. » Il s’interrompit encore pour réfléchir à la meilleure façon de mettre un point final à sa transmission. « En l’honneur de nos ancêtres. »

Ne lui restait plus qu’à attendre. Il tua le temps en se repassant de nouveau les données sur la condition de la flotte. Les auxiliaires avaient fabriqué à un train d’enfer de nouvelles cellules d’énergie et de nouvelles munitions, comme si leurs ingénieurs étaient résolus à rattraper leurs erreurs qui s’étaient soldées par la pénurie d’éléments trace. Même si l’on ne tenait pas compte de ces stocks, les vaisseaux seraient fins prêts pour le combat si les Syndics les attendaient à Daïquon. À l’exception de l’Orion, du Majestic et du Guerrier, bien entendu. Mais la majeure partie des dommages infligés aux croiseurs de combat du capitaine Tulev à Sancerre étaient désormais réparés, et le Léviathan, le Dragon, le Vaillant et l’Inébranlable à nouveau en état de combattre.

Si les Syndics les y guettaient, la flotte les recevrait de pied ferme.

« Capitaine Geary… » Desjani venait d’interrompre le train de ses pensées. « La flotte a atteint le point de saut pour Daïquon.

— Parfait. Fichons le camp d’ici. » Il tapota encore ses touches de communication. « À tous les vaisseaux de l’Alliance. Saut immédiat vers Daïquon. »

Dès que la flotte entra dans l’espace du saut et que le trou noir nommé Sendaï eut disparu, la sensation de soulagement qui parcourut l’Indomptable fut si sensible que Geary aurait juré que le vaisseau lui-même avait poussé un soupir de satisfaction.

Quatre jours et quelques heures avant d’atteindre Daïquon. Victoria Rione réussit à l’éviter durant tout ce temps, de sorte qu’il le consacra au travail et à d’autres simulations : il regardait exploser ses croiseurs de combat avec une frustration croissante. Dans tous les sens du terme.

Les Syndics les guettaient à Daïquon.

Juste devant le point de saut.

Alors qu’il regardait éclore les symboles représentant les vaisseaux ennemis sur l’hologramme du système stellaire, Geary concentra son attention sur deux cuirassés et deux croiseurs de combat qui rôdaient près du point de saut.

« Ils posent des mines ! » affirma Desjani.

Et la trajectoire de la flotte traverserait en partie les zones où elles étaient déjà semées. Geary calcula de tête la manœuvre d’esquive. « À toutes les unités de l’Alliance, pivotez de quarante degrés sur tribord et de vingt vers le haut. Exécution immédiate. » Il se tourna vers les vigies et aboya un autre ordre. « Dépêchez une balise de champ de mines le long de la trajectoire qu’ont dû suivre ces bâtiments ! »

Quatre gros vaisseaux. Les yeux de Geary parcoururent tout l’hologramme et les ajoutèrent au reste de la force syndic : trois croiseurs lourds, cinq croiseurs légers, une douzaine d’avisos. Sans doute envoyés sur place pour poser des mines devant le point de saut avant d’y laisser quelques unités légères pour prévenir de l’éventuelle irruption de la flotte de l’Alliance dans ce système. Mais ils s’étaient laissé surprendre à poser les champs de mines. Ces vaisseaux syndics ne représentaient pas une menace majeure pour la flotte, du moins si elle trouvait le temps d’engager le combat. Mais elle croisait juste au-dessus de l’ennemi, et les deux formations allaient s’entremêler sans pouvoir échafauder et encore moins exécuter un plan d’action. « À tous les vaisseaux. Engagez le combat avec les plus proches unités syndics. »

Un escadron de destroyers venait d’émerger du point de saut pratiquement dans le giron des deux cuirassés syndics. Les vaisseaux légers s’en écartèrent frénétiquement en déchargeant leurs quelques armes, dont les projectiles vinrent futilement s’écraser en scintillant sur les massifs boucliers des cuirassés ennemis. Ceux-ci ripostèrent de leurs armes lourdes, qui déchiquetèrent ceux, plus légers, des destroyers, ainsi que leur mince blindage. Le Kheten explosa et l’Épée fut réduit en lambeaux ; ses débris culbutèrent dans le vide.

L’arrivée d’un escadron de croiseurs légers de l’Alliance, surgissant directement de l’espace du saut dans la gueule des cuirassés syndics, fut leur seule planche de salut. Les cuirassés retournèrent voracement leur tir sur ces nouvelles cibles, réduisant le Glacis en miettes et envoyant valdinguer l’Égée et l’Hauberk.

Mais, entre-temps, les croiseurs lourds et les croiseurs de combat de la flotte, dotés de boucliers assez résistants pour engager le combat et d’assez de puissance de feu pour renverser spectaculairement l’équilibre des forces en présence au détriment de l’ennemi, avaient rattrapé les cuirassés syndics.

Six avisos accompagnaient ces cuirassés et cinq d’entre eux explosaient à présent sous le feu d’un essaim de destroyers de l’Alliance qui venaient de les frôler en concentrant leurs tirs sur les escorteurs plus légers. Le dernier aviso tenta de s’échapper, mais il n’eut pas le temps d’accélérer et fut déchiqueté à son tour. Deux croiseurs légers tentèrent de se cacher derrière la masse des cuirassés mais se retrouvèrent piégés entre trois divisions de croiseurs lourds de l’Alliance puis laminés. Le seul croiseur lourd ennemi accompagnant les cuirassés dut affronter la division de croiseurs de combat de Tulev : une unique rafale des gros vaisseaux de l’Alliance en eut raison.

« Première, deuxième et quatrième divisions de croiseurs de combat, transmit Geary, oubliez les cuirassés et engagez la bataille avec vos homologues et leurs escorteurs. » Il scruta son écran pour tenter de comprendre à qui d’autre il devait ordonner de se repositionner. « Deuxième, cinquième et septième divisions de cuirassés. Attaquez les cuirassés ennemis. Tous les croiseurs lourds doivent tenter d’engager le combat avec les escorteurs syndics rescapés qui accompagnent leurs croiseurs de combat. Toutes les unités plus légères de l’Alliance l’engagent avec les cibles les plus opportunes. » Finalement, il s’agissait moins d’une manœuvre tactique que d’une tentative pour submerger le plus tôt possible les forces ennemies, mais ça restait pour l’heure la meilleure solution.

Et il devait également veiller à ce que les Syndics ne tentent pas une contre-attaque désespérée. « Huitième et dixième divisions de cuirassés, montez la garde auprès de la division des auxiliaires. Assurez-vous que rien ne la traverse. » Il ignorait si tous ces cuirassés obéiraient à ses ordres dans le feu de l’action, mais, même si quelques-uns seulement s’y pliaient, ils garantiraient la sécurité des auxiliaires.