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— Vous êtes merveilleusement belle, dit-il sincèrement.

Elle se pencha sur lui, effleurant son cou de ses lèvres.

— Vous aussi.

À ce stade, Victor Kurfor oublia toute subtilité diplomatique. Les yeux pratiquement hors de la tête, il fit ce qu’il avait envie de faire depuis qu’il était entré dans la pièce. Ses deux mains disparurent sous la blouse et il emprisonna les deux seins de la Noire avec un grognement de bien-être. Il s’attendait à une protestation, à un geste de recul, mais Jada se laissa aller en arrière, comme pour l’aider.

Il glissa sur elle, pressant furieusement son ventre contre le sien, lui faisant sentir son désir. Il pétrissait sa poitrine comme si c’était une galette de manioc.

Encouragé par le silence de Jada, il releva le pull et enfouit son visage entre les deux seins, léchant les mamelons tour à tour. Cette fois, Jada gémit pour de bon. Elle adorait cette caresse. La tête renversée en arrière, elle se laissa faire, guidant la langue du Noir par de petites exclamations, les jambes automatiquement ouvertes. Si Victor Kurfor l’avait prise à ce moment, beaucoup de choses auraient été changées.

Le diplomate se souvint de la cambrure extraordinaire de Jada et en fut encore plus excité. Il murmurait des mots sans suite en swahili, des obscénités particulièrement étudiées réservées aux sorciers.

Et cherchait à retourner Jada. Sa brutalité déplut à la jeune Noire et son excitation tomba d’un coup. Mais elle laissa Victor empoigner son sexe à pleines mains, à travers le lastex. Le diplomate se retenait à grand-peine, sa respiration était saccadée, son ventre le brûlait. Il avait l’impression que son sexe allait éclater.

À tâtons, il chercha la fermeture éclair du pantalon de lastex. Jada murmura :

— Pourquoi ne pas aller dans la chambre ?… Nous serons mieux.

En marchant, elle déboutonna sa blouse et se retourna vers lui, la poitrine nue, face au lit. Une nouvelle fois, il plongea sur elle, la mordant, la léchant furieusement.

Ça, c’était sa prime.

Mais cette fois, elle garda la tête froide, défaisant elle-même sa fermeture éclair et faisant glisser son pantalon sur ses jambes, par petites secousses.

Nue, elle s’étira et s’éloigna de Victor Kurfor pour qu’il puisse se déshabiller à son tour. Il arracha ses vêtements comme s’ils brûlaient. Jada passa doucement la main sur son sexe et il crut défaillir. Elle roula sur elle-même, puis s’arrêta, couchée sur le ventre.

Devant la cambrure extraordinaire de ses reins, l’ambassadeur nouvellement promu se sentit redevenir sauvage. Il s’agenouilla contre Jada, sépara brutalement les longues cuisses, grogna et s’affala sur elle, soufflant dans son dos, murmurant des obscénités en swahili.

Il la força, la saisissant à pleines hanches, s’enfonçant en elle d’un coup. Elle était chaude et profonde, et commença à bouger dès qu’il fut en elle, se cambrant encore davantage. Mais Victor Kurfor ignorait que c’était seulement pour hâter la conclusion. Elle savait qu’aucun homme ne résistait à l’attrait de ses reins. Et il fallait que Victor Kurfor perde la tête.

Il défaillit presque immédiatement, et se laissa aller sur le dos de Jada. Elle attendit une minute, puis glissa de sous lui. Le diplomate était à la fois merveilleusement bien et insatisfait. Cela avait été trop rapide.

Jada croisa le regard de son partenaire. « Il veut me tuer » pensa-t-elle instantanément. Et c’était vrai. En cette seconde, Victor, au comble de l’excitation sexuelle, pensait à forcer Jada, à l’étrangler tandis qu’il se répandrait en elle. Cette croupe fabuleuse l’avait rendu fou.

C’était drôle. La situation l’excitait. Peut-être que cette fois elle allait y prendre un certain plaisir. S’il ne la tuait pas avant.

Très chatte, elle l’attira sur elle, bougeant très doucement. Elle le laissa bien s’installer, sentit son désir renaître, l’embrassa de toute sa langue, les bras étendus en croix. Il fallait qu’il s’habitue à cette position. Pendant quelques minutes, ils flirtèrent. Victor recommença à lui lécher la poitrine. Son bassin vint de lui même à la rencontre de l’homme et elle l’aida à s’enfoncer en elle. Aussitôt, il commença à remuer furieusement, haletant comme un soufflet de forge, les yeux clos, la bouche entrouverte.

Les yeux ouverts, elle le surveilla.

Tout doucement, sa main droite glissa vers le bord du lit et commença à chercher ce qu’elle avait caché.

* * *

Le téléphone sonna à huit heures moins vingt dans l’appartement de Malko. Krisantem décrocha, répondit, et, couvrant le récepteur de sa main, annonça :

— C’est un monsieur très énervé qui veut parler à Son Altesse. Je ne comprends pas très bien ce qu’il veut.

Malko, qui venait d’avaler un gallon de café, alla jusqu’au téléphone.

Le monsieur excité était Al Katz.

— Votre négro, dit-il immédiatement, appartient à la délégation du Lesotho. En fait, il en est même le dernier survivant, puisqu’ils n’étaient que deux. Et il a le droit de vote.

Malko jura en autrichien. Un très vilain mot. Beaucoup de choses s’éclairaient. Voilà pourquoi la belle Jada avait tellement voulu l’éliminer. Involontairement, il avait mis la main dans la fourmilière.

— Où est-il ? demanda-t-il immédiatement.

— Je n’en sais fichtre rien, fit l’Américain. En tout cas, ni à son bureau, ni à l’ONU, ni chez lui.

— Et Jada ?

— Pas grand-chose. C’est une cover-girl. Côté adresse on n’a rien de précis depuis des mois. La Red Squadron du FBI est en train de retourner Harlem.

— Ils feraient bien d’aller vite, dit sombrement Malko, parce que, si vous voulez mon avis, notre ami Victor n’est pas l’affaire en or pour une compagnie d’assurances…

» Je dirais même qu’il est en danger de mort. Faites n’importe quoi pour le retrouver.

Il raccrocha, plutôt de mauvaise humeur. À quoi bon avoir pris le contact pour le reperdre aussitôt.

* * *

La main gauche de Jada massait doucement la nuque de Victor, ses ongles s’enfonçaient dans son cuir chevelu. Elle gémissait, s’arquait sous lui. Elle sentit son souffle s’accélérer. La main qui tenait Jada aux reins remonta et vint se glisser autour de son cou, le pouce posé sur une carotide.

« Ça y est », pensa la Noire.

Victor Kurfor lui faisait l’amour de plus en plus vite, le visage enfoui dans son épaule.

Tout doucement, la main de Jada sortit du matelas, tenant le poinçon. C’était le moment délicat. Les ongles de sa main gauche avaient parfaitement repéré l’endroit où il devait s’enfoncer.

Le diplomate leva la tête en sentant la piqûre et rencontra son regard froid. Il sut tout de suite ce qu’il en était.

Sa main droite remonta à son tour et commença à serrer le cou de Jada, mais, en même temps, le bas de son corps continuait une vie indépendante. Lorsque Jada enfonça le poinçon d’un coup, il sentit une légère douleur, puis un immense éblouissement, comme s’il avait contemplé le soleil en face. Mais ce n’était que la mort.

Il se raidit, serra autant qu’il put et mourut au moment où il jouissait. Jada se mordit les lèvres, balayée d’un trouble inhabituel.

D’un coup sec, elle retira le poinçon, le jeta par terre et se dégagea du corps en train d’agoniser. Victor poussa encore quelques gémissements puis resta étendu sur le ventre, les mains crispées sur le drap. Jada reprit son souffle et dut s’avouer que c’était la peur de la mort qui avait déclenché cet orgasme. Pensivement, elle contempla le corps de l’homme qu’elle venait de tuer. Quelques secondes plus tôt, c’était un être vivant, plein de désir, vibrant. Maintenant ce n’était plus qu’un tas de viande qui allait commencer à sentir. Avec des yeux morts comme les poissons du supermarché.