Mais sa femme et ses filles sauraient qu’il était mort honorablement.
Malko se pencha sur le colonel japonais et lui ferma les yeux.
Il faisait une chaleur étouffante dans la salle de l’Assemblée générale quand Mlle Brooks, représentante du Libéria annonça officiellement le résultat du vote sur la résolution N° 569, concernant le rétablissement des droits légitimes de la République populaire de Chine à l’Organisation des Nations Unies.
La résolution était repoussée par 56 voix contre 48, n’atteignant pas la majorité des deux tiers requise. Six pays avaient voté d’une façon « inexplicable » et il y avait eu 21 abstentions, 8 de plus que l’année précédente. Il s’en était fallu de peu que le colonel Tanaka ne réussisse.
Les délégués se pressèrent vers la sortie en s’épongeant le front. Celui de l’Australie glissa à son voisin argentin :
— Je n’ai jamais eu aussi chaud de ma vie. Ils sont fous d’avoir arrêté l’air conditionné. Décidément, rien ne marche plus en Amérique.
Jeanie avait maigri, ce qui faisait ressortir sa grande bouche et ses immenses yeux marron. Elle poussa un petit cri en voyant Malko avec la longue Cadillac noire, courtoisie de la CIA.
Après quatre jours d’hôpital, elle allait mieux. Malko prit son sac et le jeta dans la voiture. Elle monta à côté de lui.
En s’enfonçant dans le siège moelleux, sa robe remonta sur ses cuisses. Son premier geste fut de la rabattre, puis elle se jeta contre Malko et il sentit sa bouche chaude dans son cou.
— Je suis si heureuse que vous soyez venu, murmura-t-elle.
Il appuya sur la droite et arrêta la Cadillac. Aussitôt, Jeanie l’embrassa violemment, longuement, le serrant de toutes ses forces.
Krisantem allait être affreusement choqué, raciste comme il l’était. Malko espérait néanmoins que son sens du devoir lui interdirait de parler à Alexandra.