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Il l’embrassa à nouveau. Elle passa ses bras autour de lui, le serra et lui rendit son baiser du mieux qu’elle put. Et lorsque la main de Barbie dégagea son chemisier de sa ceinture pour remonter dessous et se refermer sur un de ses seins, elle lui donna sa langue. Quand ils se séparèrent, elle haletait.

« Vous voulez ?

— Oui. Et vous ? »

Il lui prit la main et la posa sur son jean, et le point auquel il la désirait devint tout de suite évident.

Une minute plus tard, il était au-dessus d’elle, se tenant sur les coudes. Elle le prit pour le guider. « Allez-y en douceur, colonel Barbara. J’ai un peu oublié comment ce truc-là se passe.

— C’est comme la bicyclette », répondit Barbie.

Il s’avéra qu’il avait raison.

15

Quand ils eurent terminé, elle resta la tête posée sur le bras de Barbie, le visage tourné vers les étoiles roses, et lui demanda à quoi il pensait.

Il soupira. « Aux rêves. Aux visions. Aux machins-trucs-chouettes. Vous avez votre téléphone avec vous ?

— Bien sûr. Et la batterie tient rudement bien le coup. Mais pour combien de temps, aucune idée. Qui voulez-vous appeler ? Cox, je suppose.

— Vous supposez bien. Le numéro est en mémoire ?

— Oui. »

Julia tendit la main vers son pantalon posé à côté et prit le téléphone accroché à la ceinture. Elle fit apparaître COX à l’écran, appuya sur le bouton vert et tendit le portable à Barbie, qui commença à parler tout de suite. Cox avait dû décrocher dès la première sonnerie.

« Bonjour, colonel. C’est Barbie. Je suis dehors. Je vais prendre le risque de vous dire où nous nous trouvons. Sur Black Ridge. L’ancien verger McCoy. Est-ce que vous — oui, vous savez où. Évidemment. Vous avez des images satellites de la ville, n’est-ce pas ? »

Il écouta, puis demanda à Cox si ces images montraient un fer à cheval lumineux entourant la colline et s’interrompant à hauteur du TR-90. Le colonel répondit que non, mais, à voir comment Barbie l’écoutait, il dut demander des détails.

« Pas maintenant, répondit Barbie. Pour l’instant, j’aimerais que vous fassiez quelque chose pour moi, Jim, et le plus tôt sera le mieux. Vous allez avoir besoin de deux hélicos. Des Chinook. »

Il expliqua ce qu’il voulait. Cox écouta puis répondit à son tour.

« Je n’ai pas le temps d’entrer dans les détails et, de toute façon, ce ne serait pas tellement plus clair pour vous. Croyez-moi simplement si je vous dis que c’est un sinistre merdier ici et que je pense que le pire est à venir. Peut-être pas avant Halloween, avec de la chance. Mais j’ai bien peur que nous n’ayons pas de chance. »

16

Pendant que Barbie parlait avec le colonel James Cox, Andy Sanders, adossé contre la remise du matériel, derrière WCIK, regardait les étoiles aberrantes. Il était pété comme une grenade, heureux comme un pape, frais comme une rose et autres métaphores dans la même veine. Et cependant, une profonde tristesse — curieusement paisible, presque réconfortante — roulait sous la surface, telle une puissante rivière souterraine. Il n’avait jamais eu la moindre prémonition au cours de sa vie prosaïque et pratique, la vie de son travail quotidien. Or voici qu’il en avait une. C’était la dernière nuit qu’il passait sur terre. Quand viendraient les hommes amers, lui et le chef Bushey disparaîtraient. Simplement. Ce n’était pas vraiment grave.

« Je faisais du rab, de toute façon, dit-il à haute voix. Depuis que j’ai failli prendre ces pilules.

— C’est quoi ça, Sanders ? » demanda le Chef qui arrivait d’un pas tranquille par l’allée à l’arrière de sa station de radio, pieds nus, éclairant le chemin juste devant lui.

Son pantalon de pyjama flottant tenait toujours de la manière la plus précaire sur ses hanches osseuses, mais il avait ajouté quelque chose à son accoutrement : une grande croix blanche retenue à son cou par un lacet de cuir. Il avait le GUERRIER DE DIEU à l’épaule. Deux grenades pendaient de la crosse au bout d’un autre lacet de cuir. Il tenait la télécommande dans son autre main.

« Rien, chef, répondit Andy. Je parlais tout seul. On dirait que je suis le seul à écouter, ces temps-ci.

— Tu déconnes, Sanders. Tu déconnes dans les grandes largeurs, tu déconnes complètement. Dieu écoute. Il est branché sur les âmes encore mieux que le FBI sur ton téléphone. Et moi aussi, j’écoute. »

C’était tellement beau, beau et réconfortant, qu’Andy sentit une vague de gratitude monter de son cœur. Il lui tendit la pipe. « Goûte-moi ce shit. »

Chef Bushey laissa échapper un rire enroué, prit une grande bouffée, retint la fumée et toussa en la recrachant. « Badaboum ! s’écria-t-il. Le pouvoir de Dieu ! Le pouvoir sur commande, Sanders !

— T’as tout pigé », répondit Andy. C’était l’expression que Dodee employait toujours et cette évocation de sa fille lui brisa à nouveau le cœur. Il s’essuya machinalement les yeux. « Où tu as trouvé cette croix ? »

D’un mouvement de sa torche, Chef montra la station de radio. « Coggins avait un local à lui, ici. La croix était dans son bureau. J’ai dû forcer le tiroir. Et tu sais ce qu’il y avait d’autre là-dedans, Sanders ? Les photos à branlette les plus dégueulasses que j’aie jamais vues.

— Des gosses ? » demanda Andy. Il n’aurait pas été surpris. Quand le diable s’emparait d’un homme d’Église, celui-ci tombait d’autant plus bas. Assez bas pour ramper sous un serpent à sonnette avec un chapeau haut de forme.

« Pire, Sanders. Des Orientales. »

Chef Bushey prit l’AK-47 posé en travers des genoux d’Andy. Il éclaira la crosse, sur laquelle Andy avait écrit CLAUDETTE avec l’un des Magic Marker de la station de radio.

« Ma femme, dit Andy. Elle a été la première victime du Dôme. »

Le Chef l’agrippa par l’épaule. « C’est bien de ta part de ne pas l’oublier, Sanders. Je suis content que Dieu nous ait réunis.

— Moi aussi, dit Andy en lui reprenant la pipe. Moi aussi, Chef.

— Tu sais ce qui va probablement arriver, demain, pas vrai ? »

Andy reprit CLAUDETTE par la crosse. La réponse était bien assez claire.

« Il y a toutes les chances pour qu’ils portent des protections ; alors si jamais c’est la guerre, vise à la tête. Et pas au coup par coup ; tu les arroses. Et si les choses tournent mal pour nous… tu sais ce qui nous reste à faire, hein ?

— Je le sais.

— Jusqu’à la fin, Sanders ? »

Chef Bushey brandit la télécommande et l’éclaira de sa torche.

« Jusqu’à la fin, Chef. »

Il toucha l’appareil du bout du canon de CLAUDETTE.

17

Ollie Dinsmore s’éveilla brusquement sur un cauchemar : quelque chose n’allait pas. Il resta allongé dans son lit, regardant par la fente des rideaux les premières lueurs — faibles et malpropres — du jour qui se levait, essayant de se persuader que ce n’était qu’un rêve, un horrible cauchemar qu’il n’arrivait pas à se rappeler tout à fait. N’en restait que le souvenir de flammes et de cris.

Pas des cris, des hurlements.

Son réveille-matin de pacotille égrenait les secondes sur la table de nuit. Il le prit. Six heures et quart, et pas un bruit en provenance de la cuisine. Plus parlant encore, pas d’odeur de café. Son père était toujours debout et prêt à cinq heures et quart au plus tard (« Les vaches ne peuvent pas attendre » était le leitmotiv préféré d’Alden Dinsmore) et le café toujours passé dès cinq heures et demie.