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— Mais tout ce que je sais, c’est qu’il a disparu ! » Ses épaules s’affaissèrent. « Et toi, tu ne sais même pas où il est. Je le vois bien. Et si Barbara l’a tué ? S’il l’a déjà tué… »

Carter l’attrapa, la fit pivoter sur elle-même comme un danseur de quadrille et lui tordit le bras dans le dos jusqu’à ce qu’on entende l’épaule craquer. Mouvement exécuté avec une telle fluidité et une si incroyable rapidité qu’elle ne comprit son intention qu’une fois la chose faite.

Il sait tout ! Il sait tout et il va me faire mal ! Me faire mal jusqu’à ce que je lui dise…

L’haleine de Carter était brûlante dans son oreille. Elle sentait sa barbe de trois jours lui chatouiller la joue pendant qu’il parlait, et ce contact la fit frissonner.

« Ne déconne pas avec un déconneur, maman. » À peine plus fort qu’un murmure. « Toi et Wettington, vous vous êtes toujours serré les coudes — et le reste. Tu voudrais me faire croire que tu ne savais pas qu’elle allait faire évader ton mari ? C’est ça que tu me racontes ?

— Si elle me l’avait dit, j’aurais averti Randolph, répondit-elle, haletante. Jamais je n’aurais voulu laisser Rusty courir un tel risque. Il n’a rien fait.

— Il a fait plein de trucs. Il a menacé le patron de ne pas le soigner s’il ne démissionnait pas. C’est pas un putain de chantage, ça ? Je l’ai entendu de mes propres oreilles. » Il tordit un peu plus le bras de Linda. Elle laissa échapper un petit gémissement. « T’as quelque chose à répondre à ça ? Maman ?

— Je ne sais pas ce qu’il a fait. Je ne l’ai pas vu et je ne lui ai même pas parlé depuis que tout ça est arrivé, comment veux-tu que je sache ? Ce que je sais, c’est qu’il est ce qui ressemble le plus à un médecin, dans cette ville, et que jamais Rennie ne le ferait exécuter. Barbara, peut-être, mais Rusty, sûrement pas. Je le sais, et tu le sais très bien, toi aussi. Lâche-moi, maintenant. »

Un instant, il fut sur le point de le faire. Ça se tenait. Puis il eut une meilleure idée et la repoussa contre l’évier. « Penche-toi, maman.

— Non ! »

Il lui tordit encore le bras. Elle eut l’impression que son épaule allait se déboîter. « Je te dis de te pencher. Comme si t’allais laver tes si jolis cheveux blonds.

« Linda ? » C’était Thurston. « Comment ça va ? »

Seigneur ! Pourvu qu’il ne me demande pas si j’ai fini de vider les placards ! Je vous en prie, mon Dieu !

Puis une autre idée lui vint brusquement à l’esprit : où sont les affaires des gosses ? Chacune des filles avait préparé un petit sac de voyage. Et s’ils étaient posés au beau milieu du salon ?

« Dis-lui que tout va bien, lui souffla Thibodeau à l’oreille. Inutile de laisser rappliquer ce hippie. Ou les gosses. On est d’accord ? »

Seigneur, non. Mais où sont donc les sacs ?

« Tout va bien ! cria-t-elle.

— Bientôt fini ? »

Oh, Thurston, la ferme !

« J’ai encore besoin de cinq minutes ! »

Thurston parut hésiter, comme s’il voulait ajouter quelque chose, puis retourna vers les balançoires.

« Bien joué. » Carter se pressait contre elle, à présent, et il bandait. Elle le sentait contre le fond de son pantalon. Un vrai démonte-pneu, son truc. Puis il s’écarta. « Bientôt fini quoi ? »

Elle faillit répondre : de préparer le petit déjeuner, mais les bols sales étaient dans l’évier. Un instant, son cerveau eut un passage à vide, et elle en vint presque à espérer qu’il presse de nouveau sa foutue trique contre elle, vu que lorsque les hommes pensent avec leur queue, il ne se passe pas grand-chose dans leur tête.

Mais il lui tordit une fois de plus le bras. « Raconte-moi ça, maman. Fais plaisir à papa.

— Les cookies ! Je leur ai promis de faire des cookies, haleta-t-elle. C’est les gosses qui m’en ont demandé !

— Des cookies ? Sans électricité ? C’est la meilleure de la semaine, celle-là.

— Mais si, c’est ceux qu’on ne fait pas cuire ! T’as qu’à regarder dans le placard, fils de pute. »

Si jamais il y regardait, il trouverait effectivement une préparation spéciale ne nécessitant pas de cuisson. Mais il verrait aussi dans un coin de la pièce les provisions qu’elle avait préparées.

« Donc, tu ne sais pas où il est. » Son érection avait repris. L’épaule de Linda lui faisait tellement mal que ce fut à peine si elle en eut conscience. « Tu en es bien certaine ?

— Oui. Je croyais que tu le savais, toi. Je croyais que tu venais me dire qu’il avait été blessé ou que… que…

— Et moi, je crois que tu mens comme une arracheuse de dents, avec ton joli p’tit cul. » Il fit remonter le bras de Linda encore plus haut ; la douleur était maintenant atroce, son besoin de crier irrépressible. Sans savoir comment, elle le réprima tout de même. « Je crois que tu sais des tas de chose, maman. Et si tu ne me les dis pas, je vais faire sauter ton bras de l’articulation. Dernière chance. Où est-il ? »

Linda se résigna à se laisser déboîter un bras. Et peut-être les deux. La question était de savoir si elle pourrait s’empêcher de hurler, ce qui ferait immanquablement rappliquer les filles et Thurston au pas de course. « Dans mon cul. T’as qu’à l’embrasser, espèce de branleur. Peut-être qu’il va en sortir et te dire bonjour. »

Au lieu de lui casser le bras, Carter se mit à rire. Elle était bien bonne, celle-là, vraiment bien bonne. Et il la crut. Jamais elle n’aurait osé lui parler sur ce ton si elle n’avait pas dit la vérité. Il regrettait simplement qu’elle ait porté un jean. Il n’aurait probablement pas pu la baiser, mais l’affaire aurait pu être beaucoup plus chaude si elle avait eu une jupe. N’empêche, un coup tiré à blanc, ça n’était pas la pire manière d’entamer la Journée des Visiteurs, même si c’était contre un jean, et non contre une jolie petite culotte soyeuse.

« Tiens-toi tranquille et ferme-la, dit-il. Si tu te tiens à carreau, t’auras une chance de sortir de ce truc en un seul morceau. »

Elle entendit tinter une boucle de ceinture, glisser une fermeture Éclair. Puis ce qui frottait contre elle reprit de plus belle, mais entre eux avec une épaisseur de tissu beaucoup moins grande. Elle jubila vaguement à l’idée que son jean était presque neuf ; avec un peu de chance, il aurait la queue douloureusement enflammée par le frottement.

Pourvu que les filles n’arrivent pas et ne me voient pas comme ça…

Soudain, il se pressa plus fort contre elle, plus rigide que jamais. La main qui ne lui tordait pas le bras tâtonna à la recherche de son sein. « Hé, m’man… hé-hé… mm… mm… » Elle sentit son spasme, mais non l’humidité qui suit aussi sûrement que la nuit suit le jour ; le jean était trop épais pour cela, grâce à Dieu. L’instant suivant, la pression qui maintenait son bras tordu cessa. Elle en aurait pleuré de soulagement mais n’en fit rien. Ne voulut pas pleurer. Elle se retourna. Il refermait sa ceinture.

« Ce serait peut-être une bonne idée d’aller changer de jean avant de préparer tes cookies. C’est ce que je ferais, à ta place. » Il haussa les épaules. « Mais qui sait ? Peut-être que ça te plaît. Chacun ses goûts.

— C’est comme ça que vous faites respecter la loi, maintenant ? Tu crois que c’est comme ça que ton patron veut qu’on respecte la loi, ici ?

— Lui, il voit plutôt l’ensemble du tableau. » Carter se tourna alors vers l’arrière-cuisine et Linda eut l’impression que son cœur qui battait la chamade venait de s’arrêter. Puis Thibodeau jeta un coup d’œil à sa montre et remonta sa fermeture Éclair. « Tu m’appelles ou t’appelles Mr Rennie si ton mari prend contact. C’est ce qu’il y a de mieux à faire, crois-moi. Si tu le fais pas et que je l’apprends, le prochain coup ira tout droit dans ta bonne vieille chatte. Que les gosses regardent ou non. Je déteste pas avoir un public.