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Barbie leva les yeux vers le ciel bleu, inspira profondément l’air de plus en plus limpide. « Je n’arrive pas à croire que ça ait disparu.

— Est-ce qu’il risque de retomber, d’après vous ?

— Sur cette planète, peut-être pas, et pas à cause de cette bande-là. Ils vont grandir et quitter leur salle de jeux, mais la boîte continuera à exister. Et d’autres gosses la trouveront. Tôt ou tard, le sang finit par gicler sur les murs.

— C’est affreux.

— Peut-être… puis-je vous rapporter une chose que disait ma mère ?

— Bien sûr.

— “Après la nuit, deux fois plus le jour luit” », récita Barbie.

Ce qui fit rire Julia. Ce rire était une musique délicieuse.

« Qu’est-ce que la petite tête de cuir vous a dit, à la fin ? demanda-t-il. Faites vite, parce qu’ils sont presque arrivés et cette histoire ne concerne que nous. »

Elle parut surprise qu’il ne l’ait pas déjà su. « Ce que Kayla m’a dit ? Rentre chez toi avec, ça te fera comme une robe.

— Elle parlait du chandail marron ? »

Elle lui reprit la main. « Non. De nos vies. De nos petites vies. »

Il réfléchit. « Puisqu’elle vous l’a donnée, endossons-la… »

Julia fit un geste. « Regardez qui se pointe ! »

Horace l’avait vue. Il accéléra, doubla les hommes qui couraient et, une fois devant eux, passa la surmultipliée, truffe au ras du sol. Un grand sourire lui retroussait les babines. Il avait les oreilles aplaties sur le crâne.

Son ombre courait tout à côté de lui sur l’herbe noircie par la suie. Julia s’agenouilla et lui tendit les bras.

« Viens voir maman, mon cœur ! » s’écria-t-elle.

Il sauta. Elle tomba à la renverse en le réceptionnant et éclata de rire. Barbie l’aida à se relever.

Ils retournèrent ensemble dans le monde avec le cadeau qui leur avait été fait : la vie, rien que la vie.

La pitié n’est pas l’amour, songea Barbie… mais pour un enfant, donner des vêtements à celle qui est nue est déjà un pas dans la bonne direction.

22 novembre 2007 — 14 mars 2009

FIN

NOTE DE L’AUTEUR

J’ai tenté une première fois d’écrire Dôme en 1976 ; je l’ai abandonnée, la queue entre les jambes, au bout de deux semaines de travail après environ soixante-quinze pages. J’avais depuis longtemps perdu ce manuscrit, ce jour de 2007 où je m’installai pour m’y remettre, mais je me rappelais suffisamment le chapitre d’ouverture — « L’avion et la marmotte » — pour le recréer presque exactement.

Je me sentais débordé non pas par le nombre des personnages — j’aime bien les romans comptant une vaste population —, mais par les problèmes techniques que soulevait l’histoire, en particulier par les conséquences écologiques et climatiques du Dôme. Le fait que ces questions épineuses rendaient à mes yeux le livre important me faisait me sentir assez froussard — et paresseux —, mais j’angoissais à l’idée de tout saloper. Je passai donc à autre chose, sans pour autant oublier le projet du Dôme.

Entre-temps, mon excellent ami Russ Dorr, assistant médical à Bridgeton, dans le Maine, m’avait aidé à résoudre de nombreux points de technique médicale dans plusieurs livres, en particulier dans Le Fléau. À la fin de l’été 2007, je lui ai demandé s’il ne voudrait pas jouer un rôle plus important, en tant que documentaliste en chef pour un long roman intitulé Dôme. Il accepta et, grâce à Russ, je crois que tous les détails techniques du livre sont exacts. C’est Russ qui a fait la recherche sur les missiles téléguidés, le jet-stream, les recettes d’amphétamines, les générateurs mobiles, les phénomènes de radiation, les éventuels progrès dans la téléphonie cellulaire, et cent autres choses. C’est aussi Russ qui a inventé le costume antiradiation fait maison de Rusty Everett et qui a eu l’idée qu’on pouvait respirer l’air des pneus, au moins pendant un certain temps. Avons-nous commis des erreurs ? J’en ai bien peur. Mais la plupart me sont certainement imputables et sont dues à une mauvaise interprétation de ses réponses.

Mes deux premiers lecteurs ont été ma femme, Tabitha, et Leanora Legrand, ma belle-fille. Elles se sont montrées toutes les deux sévères, humaines et efficaces.

Nan Graham est celle qui a transformé le livre, du dinosaure qu’il était à l’origine, en un animal d’une taille légèrement plus acceptable ; pas une page du manuscrit qu’elle n’ait annotée. Je lui dois énormément et je la remercie pour tous les matins où elle s’est levé à six heures et a pris son crayon. J’ai essayé d’écrire un livre pied constamment au plancher. Nan l’avait compris et, chaque fois que je faiblissais, elle posait son pied sur le mien et me hurlait (dans les marges, comme font tous les directeurs littéraires) : « Plus vite, Steve, plus vite ! »

Surendra Patel, à qui est dédié ce livre, était une amie très chère depuis trente ans. En juin 2008, j’apprends qu’elle est morte d’une crise cardiaque. Je me suis assis sur les marches de mon bureau et j’ai pleuré. Après quoi, je me suis remis au travail. Je suis certain qu’elle aurait approuvé.

Et toi, lecteur fidèle. Merci de lire cette histoire. Si elle t’amuse autant qu’elle m’a amusé, nous voilà tous les deux récompensés.

S. K.