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— Il y a peut-être un interrupteur ? Je suis sûr qu’en cherchant un peuc

— Ce genre d’appareil est directement connecté à l’alimentation électrique. Ne dis pas de bêtises. Je croyais que tu connaissais parfaitement ces machines. »

Newt lui adressa un hochement de tête désemparé.

Il était loin des articles de L’Électronique à la portée de tous. Pour se donner une contenance, il jeta un coup d’œil derrière les armoires.

« Communications à l’échelle mondiale, marmonna-t-il. On pourrait pratiquement tout faire. Moduler la puissance principale, se brancher sur les satellites. Absolument tout. On pourrait » tchak« aïe, on pourrait » fritch« ouille, demander aux choses de faire » zaaakk« nnngh, à peu près » tschaaff« ouhc

— Comment tu te débrouilles là-dedans ? »

Newt se suçota le bout des doigts. Jusqu’ici il n’avait rien trouvé qui ressemblât à un transistor. Il s’enveloppa la main dans un mouchoir et arracha deux ou trois cartes à leur logement.

Un jour, un des magazines d’électronique auxquels il était abonné avait publié un plan de circuit-gag, dont le non-fonctionnement était garanti. « Enfin, avaient-ils écrit avec humour, voici quelque chose que tous les maladroits parmi vous vont pouvoir monter ; ils auront l’assurance que, si rien ne se passe, c’est que tout fonctionne comme prévu. » Les diodes étaient installées à l’envers, les transistors arrangés en dépit du bon sens, et la batterie était à plat. Newton l’avait assemblé, et il avait capté Radio Moscou. Il leur avait adressé une lettre de réclamation, mais on ne lui avait jamais répondu.

« Je ne sais pas si j’améliore vraiment la situation, dit-il.

— James Bond se contente de dévisser des trucs.

— Pas seulement de dévisser », répliqua Newt, dont l’humeur se dégradait. « Et je ne suis pas » zhip« James Bond. Si j’étais James Bond », whizzz« les méchants m’auraient indiqué depuis longtemps toutes les manettes de contrôle de la machine infernale, et ils m’auraient expliqué comment fonctionnent ces saloperies, non ? » Fwizzpt« Seulement, ça ne se passe pas comme ça dans la réalité ! Je ne sais pasce qui se passe, et je ne peux rienarrêter. »

Les nuages s’épaississaient sur l’horizon. Au-dessus, le ciel était encore dégagé. Seule une légère brise fripait l’atmosphère. Mais ce n’était pas une atmosphère normale. Elle avait un aspect cristallin, si bien qu’en tournant la tête, il semblait qu’on pourrait découvrir de nouvelles facettes. Elle scintillait. S’il fallait trouver un mot pour la décrire, grouillervous venait perfidement en tête. Grouillait d’êtres immatériels qui n’attendaient que l’instant idéal pour se doter d’une présence très matérielle.

Adam leva les yeux. En un certain sens, au-dessus, le ciel était clair. En un autre sens, les armées du Ciel et de l’Enfer, aile à aile, s’étiraient à l’infini. Si on y regardait de très près et qu’on avait été spécialement entraîné, on pouvait faire la différence.

Le silence enserrait dans sa poigne la bulle du monde.

La porte du bâtiment s’ouvrit et les Quatre en émergèrent. Trois d’entre eux ne possédaient plus qu’un vague soupçon d’humanité – ils ressemblaient à des agrégats humanoïdes de tout ce qu’ils symbolisaient ou incarnaient. À côté d’eux, la Mort était presque belle. Son grand manteau de cuir et son casque à visière sombre s’étaient transformés en une robe à capuchon, mais il ne s’agissait que de simples détails. Un squelette, même ambulant, est humain, au moins ; chaque être vivant porte en lui la Mort sous une certaine forme.

« En fait, insista Adam, ils ne sont pas vraiment là. C’est comme des cauchemars, en réalité.

— Mais onc on dort pas », fit remarquer Pepper.

Toutou geignit et tenta de se dissimuler derrière Adam.

« Çui-là, on dirait qu’il est en train de fondre », dit Brian en montrant du doigt la menaçante silhouette, si on peut la définir ainsi, de Pollution.

« Eh ben, tu vois, répliqua Adam pour l’encourager. Ça peut pas être vrai, non ? C'est pas raisonnable. Un truc comme ça, ça peut pas exister vraiment.»

Les Quatre s’arrêtèrent à quelques mètres d’eux.

La tâche est accomplie, dit la Mort. Il se pencha un peu en avant et posa ses orbites vides sur Adam. Il était difficile de juger s’il était surpris.

« Oui, bon, fit Adam. Le problème, c’est que je veux pas que vous fassiez ça. Je vous ai jamais rien demandé. »

La Mort regarda ses trois acolytes, puis ramena son attention sur Adam.

Derrière eux, une jeep dérapa en freinant à mort. Tous deux l’ignorèrent.

Je NE COMPRENDS PAS, dit la Mort VOTRE SEULE EXISTENCE IMPLIQUE FORCÉMENT LA FIN DU MONDE. C’EST ÉCRIT AINSI.

« Je ne vois pas pourquoi quelqu’un est allé écrire des bêtises pareilles, répondit calmement Adam. Le monde est plein de choses super et j’ai pas encore tout vu, et je veux pas qu’on le casse ou qu’on l’arrête avant que j’aie eu le temps de les découvrir. Alors, vous pouvez vous en aller. »

\'7b« Le voilà, M r Shadwell, c’est lui », dit Aziraphale, dont les mots furent rongés par le doute, alors même qu’il les prononçait, «  celui qui., portec un T-shirtc »)

La Mort contempla Adam.

« Tuc fais partiec de nous, déclara Guerre entre ses dents qui ressemblaient à des balles magnifiques.

—  C'est accompli. Nous recréonsc lec monde »,déclara Pollution d’une voix qui semblait sourdre de bidons rouillés, pour s’insinuer dans la nappe phréatique.

« Tuc nousc guides », dit Famine.

Et Adam hésita. Des voix au fond de lui criaient toujours que c’était la vérité, que le monde lui appartenait aussi, et qu’il lui suffisait de faire demi-tour et de les conduire à travers une planète désemparée. C’étaient des gens selon son cœur.

En rangs serrés au-dessus de lui, les armées célestes attendaient le Signal.

(« J’pouvions point lui tirer eud’ssus ! C’est qu’un lou-piot !

—  Euh,fit Aziraphale. Euh. Oui. Il vaudrait peut-être mieux patienter un peu. Qu’est-ce que tu en penses ?

— Tu veux attendre qu’il grandisse ? » rétorqua Rampa.)

Toutou commença à gronder.

Adam regarda les Eux. C’étaient aussides gens selon son cœur.

Il suffisait de décider qui étaient ses vrais amis.

Il se retourna vers les Quatre.

« Allez-y », déclara Adam d'une voix calme.

La nonchalance, les marmonnements avaient disparu de sa voix. Elle possédait des harmoniques étranges. Personne d’humain n’aurait pu désobéir à une telle voix.

Guerre éclata de rire, et regarda les Eux avec intérêt

« Des petits garçons qui s’amusent avec leurs jouets, dit-elle. Réfléchissez à tous les jouets que je peux vous offrirc pensez à tous les jeux.Je peux vous faire tomber amoureux de moi, petits garçons. De petits garçons avec leurs petits fusils. »

Elle rit encore, mais son bégaiement de mitrailleuse mourut quand Pepper s’avança en levant un bras tremblant.

Ce n’était pas une très belle épée, mais c’était ce qu’on pouvait faire de mieux avec deux morceaux de bois et une ficelle. Guerre la regarda.

« Je vois, dit-elle, mano a mano,hein ? » Elle tira sa propre épée et la leva de telle façon qu’elle produisit le bruit d’un doigt qu’on promène sur le rebord d’un verre en cristal.

Quand les armes se croisèrent, il y eut un éclair.

La Mort regarda Adam dans les yeux.

On entendit un lamentable tintement.

« N y touche pas ! » lança Adam, sans bouger la tête.

Les Eux contemplèrent l’épée qui tanguait encore sur la voie bétonnée.

« ”De petits garçons” », répéta Pepper, ulcérée. Tôt ou tard, il faut décider à quelle bande on appartient.