Pour une sommelière aguerrie, je ne sais pas ce que vaut leur carte des vins, mais si vous aimez les arancini à la bolognaise, les lasagnes au four, les tagliatelles au ragoût et les cannoli siciliens, alors cette adresse devrait vous plaire. Accepteriez-vous d’aller y dîner avec moi ce soir ? 20 heures ?
Matt.
Emma sentit son cœur faire des bonds dans sa poitrine. Elle répondit immédiatement :
J’en serais ravie, Matthew.
À ce soir donc !
P-S : J’adore les lasagnes et les arancini… Et le tiramisu aussi !
*
– Allô, tête de blatte ?
– Je suis en cours, Emma… chuchota Romuald.
– Il faut que tu m’aides. Connecte-toi sur le site d’Akahiko Imamura.
– Le coiffeur ? Encore ?
– Oui, j’ai besoin d’un rendez-vous dans deux heures.
– Mais, j’avais pris la résolution de me tenir tranquille et de ne plus pirater de…
– C’est ça ou tu peux dire adieu à ta réservation à l’Imperator avec Erika.
*
Portée par une douce euphorie, Emma sortit sur Rockefeller Plaza et remonta la 5 eAvenue jusqu’au magasin Bergdorf Goodman.
Elle avait l’impression d’être dans la peau d’une actrice tournant une seconde prise, mais cette fois, elle espérait pouvoir changer la fin du film. Ignorant les vendeuses, elle déambula parmi les stands du grand magasin new-yorkais. Même si la mode avait légèrement changé depuis l’an dernier, elle retrouva ce qu’elle cherchait : un manteau en brocart avec son étoffe de soie rehaussée de dessins brochés d’or et d’argent, ainsi qu’une paire d’escarpins en python, aux reflets violets et aux talons vertigineux.
Une fois ses achats effectués, elle sortit du magasin et, comme il faisait beau, elle se rendit à pied au salon d’Akahiko Imamura. Au bout de deux heures, elle avait exactement la même coiffure que l’année précédente : les cheveux relevés en un chignon torsadé qui rendait son visage lumineux et faisait ressortir ses yeux clairs et sa féminité.
Elle héla un taxi pour se rendre dans l’East Village. Dans la voiture, elle se rendit compte que ses mains tremblaient. Elle sortit sa trousse à maquillage et compléta sa tenue d’un peu de blush rosé, d’un voile doré sur les paupières et d’une touche de rouge à lèvres corail.
Alors que le chauffeur s’arrêtait devant Le Numéro 5, le doute et l’inquiétude refirent surface. Et si, cette fois encore, Matthew n’était pas là ?
Emma se revit un an plus tôt et mesura le chemin parcouru.
Jusqu’où pouvait-on impunément déjouer les plans du destin ? Quel serait le prix à payer pour avoir voulu défier les lois du temps et échapper à la fatalité ?
Elle n’allait pas tarder à le savoir. Elle régla sa course, descendit de la voiture et poussa la porte du restaurant italien.
Le cœur battant, elle dépassa le comptoir d’accueil sans s’arrêter. Le restaurant était chaleureux et intime, exactement comme dans son souvenir. Elle monta les marches de l’escalier en bois qui menait à la mezzanine au plafond voûté. Arrivée en haut, elle s’avança vers la table en bordure qui surplombait la salle principale.
Matthew était là.
Il l’attendait.
Merci
À Ingrid,
À Estelle Touzet, chef sommelière au Meurice.
Au Dr Sylvie Angel et au Dr Alexandre Labrosse.
À Bernard Fixot, Édith Leblond et Catherine de Larouzière.
À Valérie Taillefer, Jean-Paul Campos, Bruno Barbette, Stéphanie Le Foll et Isabelle de Charon.
Références
Exergue : William Shakespeare, Les Deux Gentilshommes de Vérone, Flammarion, GF, 1965 ; chapitre 1 : Tarun J. Tejpal, Loin de Chandigarh, Le Livre de Poche, 2007 ; chapitre 2 : phrase attribuée à Marilyn Monroe ; chapitre 3 : Michela Marzano, extrait d’une interview pour Le Journal du dimanche, 6 mai 2012 ; chapitre 4 : Virginia Woolf, Les Vagues, Le Livre de Poche, 2004 ; chapitre 5 : Stanislaw Jerzy Lec, Nouvelles pensées échevelées, Rivages, 2000 ; chapitre 6 : William Shakespeare, Périclès, prince de Tyr, Belles Lettres, 1967 ; chapitre 7 : Baruch Spinoza, Œuvres complètes, Gallimard, NRF, 1955 ; chapitre 8 : Paul Morand, L’Éloge du repos, Arléa Poche, 1996 ; chapitre 9 : Victor Hugo, Les Voix intérieures, Gallimard, NRF, 2002 ; chapitre 10 : phrase attribuée à William Wallace, indépendantiste écossais du XIII esiècle ; chapitre 11 : Ovide, L’Art d’aimer, trad. H. Bornecque, Gallimard, Folio Classique, 1974 ; chapitre 12 : James Ellroy, Ma part d’ombre, trad. F. Michalski, Rivages, 1997 ; chapitre 13 : Friedrich Nietzsche, Le Livre du philosophe, trad. A. Kremer-Marietti, Flammarion, GF, 1991 ; chapitre 14 : Exode, 20.17 ; chapitre 15 : proverbe chinois ; chapitre 16 : Odes de Salomon, 8, II esiècle ; chapitre 17 : Alexandre Soljenitsyne, Une journée d’Ivan Denissovitch, trad. L. et J. Cathala, Pocket, 2006 ; chapitre 18 : phrase attribuée à Eleanor Roosevelt ; chapitre 19 : Maurice Magre, La Luxure de Grenade, Albin Michel, 1926 ; chapitre 20 : phrase attribuée à Marilyn Monroe ; chapitre 21 : Paul Eluard, Œuvres complètes, 2 vol., Gallimard, NRF, 1968 ; chapitre 22 : William Shakespeare, Antoine et Cléopâtre, trad. G. Lambin, Belles Lettres, 1967 ; chapitre 23 : Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, Pocket classiques, 2009 ; chapitre 24 : Stephen King, La Ligne verte, trad. P. Rouard, Le Livre de Poche, 2010 ; chapitre 25 : Arthur Golden, Geisha, trad. A. Hamel, Le Livre de Poche, 2008 ; chapitre « Replay » : Pascal Mercier, Train de nuit pour Lisbonne, trad. N. Casanova, 10/18, 2008.
DU MÊME AUTEUR
chez XO Éditions
Et après…, 2004
Sauve-moi, 2005
Seras-tu là ?, 2006
Parce que je t’aime, 2007
Je reviens te chercher, 2008
Que serais-je sans toi ?, 2009
La Fille de papier, 2010
L’Appel de l’ange, 2011
Sept ans après..., 2012
Demain, 2013
© XO Éditions, 2013
EAN : 978-2-84563-630-9
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