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—  Ça ne va pas ? me demanda Marc.

— Si, si, ça va.

— Certaine ? Parce que je te jure, depuis trois minutes, j’ai l’impression que ça chauffe là-dedans, déclara-t-il en posant un doigt sur mon front.

Je ris, et je me sentis mieux.

— C’est à cause du dîner chez ta sœur ?

— Non, mais prépare-toi, ça va être comique.

— Elle veut voir pour y croire, c’est ça ?

— Peut-être bien.

— Compte sur moi pour lui donner de la matière. Je vais commencer comme ça.

Il m’embrassa dans le cou.

— Et puis, je pourrais faire ça, aussi.

Il m’attrapa par la taille et me prit sur ses genoux.

— C’est vrai, tu pourrais.

— Sauf qu’à un moment il faudra passer aux choses sérieuses, pour qu’elle n’ait plus aucun doute sur les choses qu’on fait ensemble.

Il m’embrassa à pleine bouche.

— Et le coup de grâce, on partira précipitamment en lui expliquant que notre lit nous appelle.

Je me collai à lui en me cambrant.

— Bah oui, il sera tard, très tard, enchaînai-je. Comme ce soir, d’ailleurs. On devrait peut-être répéter notre spectacle.

— 11 —

Je sentis ses lèvres dans mon cou, je souris alors que je dormais encore. Je me calai plus étroitement, en serrant son bras enroulé autour de ma taille. Je n’avais pas envie de me réveiller, je voulais rester là, cachée, toute la journée.

— Bien dormi ? murmura-t-il à mon oreille.

Je me retournai ; envie de le voir.

— Oui. Très bien. Et toi ?

— Comme un bébé.

Il me mit sur le dos, en passant au-dessus de moi, il alluma la lampe de chevet et attrapa sa montre ; il grimaça, avant de l’abandonner à nouveau sur la table de nuit. Il posa son visage sur mes seins, je passai ma main dans ses cheveux.

— Quelle heure est-il ?

— 7 h 30.

— Non, c’est pas vrai… je voulais être au boulot à 8 heures, et j’ai oublié de mettre mon réveil.

— Tant pis, tu y seras à 9 heures, ce n’est pas la mort.

— Ouais, après tout.

C’est moi qui ai dit ça ?

— Je peux t’accompagner sous la douche ? me demanda-t-il en commençant à se lever.

— On ne traîne pas !

Il m’embrassa, ce fut plus fort que moi, je me pendis à son cou. Il se redressa et, sans rompre notre baiser, il se libéra puis, d’un bond, s’extirpa du lit.

— Tu vois, ce n’est pas moi qui lézarde sous la couette, me dit-il en disparaissant dans la salle de bains.

Je fixai le plafond en souriant. Je finis par me lever et le rejoignis sous l’eau. Ce fut très compliqué de rester sage, mais je restai ferme, pas le temps de batifoler, les affaires reprenaient. Sitôt séché, Marc sauta dans ses vêtements de la veille et me proposa de préparer un café. Jamais je n’avais débuté une journée de travail ainsi ; j’étais encore à mille lieues de l’agence ! Cependant, en m’habillant, petit à petit, je sentis mon esprit se conditionner, comme si mon uniforme — mon tailleur-pantalon et mes stilettos — formait un mur entre la parenthèse du week-end et mes responsabilités professionnelles. J’achevai le tout par le maquillage et la queue-de-cheval réglementaires pour le boulot. J’allais quitter ma chambre quand je vis sur ma table de nuit la montre de Marc. Je m’assis sur le lit et la pris entre mes mains ; je la touchai du bout des doigts, m’extasiant devant la finesse des aiguilles, la douceur du cuir, la forme du bracelet modelée à son poignet. Je soupirai profondément en me levant et pris la direction de la cuisine.

— Tiens, regarde ce que tu as oublié, dis-je à Marc alors que le second café coulait.

Il se tourna vers moi et me détailla d’un air indéchiffrable.

— Ton autre toi, me dit-il.

Il n’avait pas tort ; plus les minutes passaient, plus la Yaël du week-end s’endormait, se préparant à hiberner pour de longs jours, laissant sa place à l’autre, la Yaël de l’agence. Je n’y pouvais rien, c’était comme ça, même si j’avais pris du retard sur mon planning interne, j’aimais me glisser dans cette seconde peau. Je m’approchai de lui, attrapai son poignet et pris tout mon temps pour lui attacher sa montre.

— Merci, chuchota-t-il en me tendant mon café.

La Porsche était en double file devant l’immeuble de l’agence, je détachai ma ceinture.

— Ce coup-ci, c’est vraiment la fin du week-end, me dit Marc.

— Oui… je vais avoir pas mal de boulot, mais…

Il m’interrompit d’un baiser.

— Retrouve-moi à la brocante ce soir si tu veux, même tard.

— Je te tiens au courant, soufflai-je en me détachant de lui.

Je m’extirpai de la voiture et lui lançai un dernier regard en claquant la portière. À partir de là, je devais me concentrer sur ma journée, ne plus penser à lui, ni aux instants que nous avions partagés ces deux derniers jours, toute distraction m’était interdite. Malgré tout, je ne pus m’empêcher de me retourner au moment où je poussai la lourde porte de l’immeuble ; j’envoyai un sourire à Marc en soupirant et il démarra. Le silence dans la cage d’escalier me surprit ; habituellement, à cette heure-ci il y avait de l’animation, à commencer par mes collègues. La surprise ne fit que croître en pénétrant dans l’agence. Il était 9 h 05, pas une lumière n’était allumée, ni un ordinateur, aucun bruit, rien qui puisse signaler la présence ne serait-ce que d’une seule personne. Les stores étaient tirés et il faisait un froid de canard. Après avoir appuyé sur l’interrupteur, j’avançai dans l’open space en me frottant les bras. Qui avait eu l’idée de couper le chauffage en ce début décembre ? Le bureau de Bertrand était plongé dans l’obscurité. Je n’aimais pas ça et surtout je ne comprenais vraiment pas ce qui se passait. Désarçonnée, j’attrapai mon téléphone et vérifiai mes mails, je les avais tellement peu regardés ce week-end que j’étais peut-être passée à côté d’une information. Pourtant, non, rien de spécial, ça avait été tranquille.

— Je suis ici, Yaël.

Je sursautai, et me retournai, la main sur le cœur.

— Bertrand, vous m’avez fait peur ! C’est une manie d’apparaître par surprise.

— Viens par là.

Il ne portait ni veste ni cravate, les manches de sa chemise étaient remontées sur ses bras. Décidément, cette journée débutait de manière étrange. Que se passait-il ? Que me cachait-il ? Je n’aimais vraiment pas ça. Je mis quelques instants à le suivre en salle de réunion.

— Assieds-toi, m’ordonna-t-il une fois que j’eus franchi le seuil.

Je lui obéis. Il referma la porte derrière moi et se mit à marcher de long en large sans dire un mot, semblant en pleine réflexion. Il paraissait exténué. C’était rarissime de le voir ainsi.

— J’ai donné une matinée de congé à l’équipe, m’annonça-t-il sans me jeter un coup d’œil.

Depuis quand faisait-il ce genre de choses ? Dans mon dos et en ce début de semaine chargée qui plus est ? Le problème devait être grave. Il se posta face à une fenêtre en regardant la rue, les mains dans les poches.

— Tu te souviens ? Je devais revenir vers toi au moment opportun à propos de l’association.