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Le jeune soldat ne bouge pas, regard fixe dans le lointain.

Oui, vraiment, ce n'est encore qu'une enfant.

Sa voix.

Le jeune soldat ne dit rien. Il ne bouge pas, perdu dans ses pensées.

C’est bien sa voix. Son visage. Son pistolet. Un coup de feu. Il sent le recul dans son poignet.

La photo tremblait. Sa main tremblait. Pas d’issue. Ce n’était pas un rêve. Il n’avait pas pu faire ça. Et pourtant, si, c’était indéniable.

Fresen se leva.

— Bon, il faut que j’y aille maintenant. On prendra contact avec vous.

Il partit sans le saluer, disparut en se baissant sous les branches. Peu de temps après, il marchait sur la route en direction de la voiture qui s’éloigna. Juste avant qu’elle ne disparaisse derrière une petite côte, une limousine noire entra à vive allure dans la cour du centre de formation et freina devant Haas.

On venait le chercher. Il froissa la photo dans son poing.

Mâchoires crispées, il suivit du regard le chauffeur qui chargeait ses bagages dans le coffre. Il se jeta sur le siège arrière.

— Où allons-nous, camarade capitaine ? Directement au ministère, ou bien vous voulez faire vos courses à l’Ouest avant ? demanda le chauffeur en clignant de l’œil.

— Allez-y, vous connaissez les ordres.

Le chauffeur mit les gaz. Le centre de formation s’éloigna rapidement. Il avait appuyé sur la détente. Il l’avait fait. Tout était allé trop vite. Il y avait été obligé — ordre d’urgence, pas le choix. C’était la seule solution. Oui, Merit, c’était de la lâcheté. On ne pouvait pas tout oublier, tout effacer. Mais il venait de prendre sa décision. Car sa pénitence ne servirait plus à personne, et à lui moins qu’à tout autre.

Il remarqua que le chauffeur le regardait en coin et il s’efforça de respirer plus calmement. Ils roulaient sur la départementale en direction de Berlin. Le paysage fuyait dans le rétroviseur.

Fresen avait raison au moins sur un point : qu’y avait-il à redire à une bonne assurance-vie.