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— D’accord, coupe Stéphane, mais le cadavre… Pourquoi ce transport funèbre, comme l’a demandé Barthélemy ?

Je ris :

— Parce que, mes petits gars, les Allemands ignorent la particularité du tatouage crânien.

Mes compagnons sursautent :

— Vous plaisantez !

— Pas du tout. L’objection de Barthélemy est valable, que dis-je, elle nous fournit la preuve de ce que j’avance… Jamais les Allemands, connaissant cette histoire de tatouage, n’auraient promené le cadavre… Ils se seraient en effet contentés de le photographier… D’autant qu’ils sont fortiches sur la question photo. Seulement ils l’ignoraient. Parmi les anciens collaborateurs d’Hossaïnem, il s’en est trouvé sans doute un, de la même nationalité que lui, qui s’est souvenu de cette coutume persane. Mais le bougre est malin et compte s’enrichir. Il n’a pas fait part de ses soupçons aux sulfatés. Simplement, il a dû leur dire que s’ils lui apportaient le cadavre, il se ferait fort de découvrir le secret…

— En ce cas, objecte cet entêté de Barthélemy, pourquoi n’ont-ils pas plutôt emmené l’assistant vivant auprès du mort, plutôt que de véhiculer le mort auprès du vivant ? C’eût été plus facile, non ?

— Barthélemy, mon vieux, vous manquez de phosphates… Les Allemands savent mieux que quiconque que les temps sont périlleux. Réfléchissez : avec la pluie de bombes qui s’abat à chaque minute sur l’Europe, il était plus prudent de faire voyager un mort qu’un vivant. Le mort n’avait de valeur qu’en tant que matière, et le vivant qu’en temps qu’esprit. Le mort pouvait se placer dans un coffre blindé, pas le vivant…

Stéphane est trop sidéré pour pouvoir l’ouvrir.

— Voilà, dis-je, l’heure tourne, je vais bientôt pratiquer la petite ablation dont je viens de vous parler. Un coup de rhum serait le bienvenu.

Je rigole et j’ajoute.

— Si un jour vous inventez une arme secrète, utilisez de préférence à votre crâne un bloc correspondance, les feuillets sont plus faciles à détacher.

FIN