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Leto se renfonça dans son siège et surprit le regard de son fils, le sourire triste sur son visage avant de percevoir la détente tout autour de lui, tandis que les hommes comprenaient.

Le Fremen regarda Idaho. « Tu t’es défendu dans mon sietch, Duncan Idaho. Es-tu lié par l’allégeance à ton Duc ? »

« Il me demande de ma mettre à son service, Sire », dit Idaho.

« Accepterait-il une double allégeance ? » demanda le Duc.

« Vous désirez que j’aille avec lui, Sire ? »

« Je désire que tu prennes ta propre décision », reprit le Duc, et il ne parvint pas à dissimuler la tension qui habitait sa voix.

Idaho dévisagea le Fremen. « M’accepterais-tu dans ces conditions, Stilgar ? A certains moments, il me faudra revenir pour servir mon Duc. »

« Tu as bien combattu et tu as fait de ton mieux pour notre ami, dit Stilgar. (Il regarda Leto.) Qu’il en soit ainsi : l’homme Idaho garde le couteau krys qu’il tient comme signe de son allégeance envers nous. Il doit être purifié, bien sûr, et les rites doivent être observés, mais ceci peut être fait. Il sera Fremen et soldat des Atréides. Il y a un précédent à cela : Liet sert deux maîtres. »

« Duncan ? » demanda Leto.

« Je comprends, Sire. »

« Alors c’est d’accord. »

« Ton eau est nôtre, Duncan Idaho, dit Stilgar. Le corps de notre ami reste auprès de ton Duc. Son eau est l’eau des Atréides. C’est le lien entre nous. »

Leto soupira, regarda Hawat, cherchant les yeux anciens du Mentat. Hawat acquiesça avec une expression de satisfaction.

« J’attendrai en bas, reprit Stilgar, tandis qu’Idaho dira adieu à ses amis. Turok était le nom de notre ami mort. Souvenez-vous-en quand viendra le moment de libérer son esprit. Vous êtes amis de Turok. » Et il se détourna pour quitter la salle.

« Ne resterz-vous pas un instant ? » demanda Leto.

Le Fremen le regarda, ramena le voile devant son visage d’un geste désinvolte et mit quelque chose en pale. Paul entrevit une sorte de tube très fin avant que le voile retombe.

« Y a-t-il une raison pour que je demeure ? » demanda Stilgar.

« Nous serions honorés. »

« L’honneur exige que je sois ailleurs avant peu », répondit le Fremen. Il décocha un regard à Idaho puis franchit le seuil entre les gardes.

« Si les autres Fremens lui ressemblent, notre accord sera bénéfique », déclara le Duc.

« Il constitue un bon échantillon, Sire », dit Idaho d’une voix sèche.

« Tu comprends ce que tu t’apprêtes à faire, Duncan ? »

« Je suis votre ambassadeur auprès des Fremens, Sire. »

« Il dépendra beaucoup de toi, Duncan. Nous allons avoir besoin d’au moins cinq bataillons de ces gens avant l’arrivée des Sardaukars. »

« Pour cela, il faudra du travail, Sire. Les Fremens sont plutôt indépendants. (Idaho hésita puis poursuivit : ) Autre chose, Sire. L’un des mercenaires que nous avons abattus essayait de prendre cette lame à notre ami fremen mort. Il nous a dit que les Harkonnens offraient un million de solaris au premier homme qui leur rapporterait un couteau krys.

Leto se redressa, surpris. « Pourquoi donc désireraient-ils à ce point une de ces lames ? »

« Le couteau est fait dans une dent de ver des sables. C’est l’emblème des Fremens, Sire. Avec lui, un homme aux yeux bleus peut pénétrer dans n’importe quel sietch. Ils m’arrêteraient si je n’étais connu. Je n’ai pas l’air d’un Fremen. Mais… »

« Piter de Vries », dit le Duc.

« Un homme d’une ruse diabolique, Mon Seigneur », dit Hawat.

Idaho glissa l’arme dans son fourreau sous sa tunique.

« Garde ce couteau », dit le Duc.

« Je sais, Mon Seigneur. (Idaho tapota sur le transmetteur placé dans sa ceinture.) Je vous contacterai dès que possible. Thufi est en possession de mon code d’appel. Utilisez le langage de bataille. » Puis il salua, pivota et suivit le Fremen.

Ses pas résonnèrent au long du couloir. Le Duc et Hawat échangèrent un regard de compréhension. Ils sourirent.

« Nous avons beaucoup à faire, Sire », dit Halleck.

« Et je te distrais de ta tâche », dit Leto.

« J’ai ici les rapports concernant les bases avancées. Dois-je attendre une prochaine fois pour vous les communiquer ? »

« Ce sera long ? »

« Pas en résumé, Sire. Parmi les Fremens, on dit que plus de deux cents de ces bases avancées ont été construites sur Arrakis durant la période où la planète constituait une Station Expérimentale de Botanique du Désert. Toutes sont censées avoir été abandonnées mais certains rapports indiquent qu’elles furent scellées auparavant. »

« Il y aurait du matériel à l’intérieur ? »

« Oui, selon les rapports de Duncan. »

« Où se trouvent-elles ? » demanda Halleck.

« La réponse à cette question est invariablement : Liet le sait. »

« Dieu le sait », murmura Leto.

« Peut-être pas, Sire, dit Hawat. Vous avez entendu Stilgar prononcer ce nom. N’aurait’il pu faire allusion à une personne réelle ? »

« Servir deux maîtres, dit Halleck. Cela évoque une citation religieuse. »

« Tu devrais la connaître », dit le Duc. Et Halleck sourit.

« L’Arbitre du Changement, reprit Leto, l’écologiste impérial, Kynes… Ne pourrait-il connaître l’emplacement de ces bases ? »

« Sire, fit remarquer Hawat, ce Kynes est au service de l’Empereur. »

« Et il est aussi très loin de l’Empereur. Je veux ces bases. Elles doivent être pleines de matériaux que nous pouvons récupérer et utiliser pour la réparation de notre équipement. »

« Sire ! Ces bases sont légalement le fief de Sa Majesté ! »

« Ici, le climat est assez rude pour détruire n’importe quoi, dit le duc. Nous pourrons toujours le rendre responsable. Trouvez ce Kynes et essayez au moins de savoir si ces bases existent vraiment. »

« Il pourrait être dangereux de les réquisitionner, dit Hawat. Duncan a clairement établi une chose : ces bases ou ce qu’elles représentent ont, pour les Fremens, une signification profonde. Nous pourrions nous les aliéner en nous en emparant. »

Paul examina les visages autour de lui et vit avec quelle intensité chacun des hommes présents écoutait la moindre parole prononcée. Tous semblaient profondément troublés par l’attitude de son père.

« Ecoutez-le, Père, dit Paul à voix basse. Il dit vrai. »

« Sire, reprit Hawat, il se peut que ces bases nous donnent le matériel nécessaire pour réparer l’équipement qui nous a été laissé, mais elles peuvent aussi bien être hors de notre portée pour des raisons stratégiques. Il serait téméraire d’agir sans autre information. Ce Kynes détient l’autorité d’un arbitre de l’Impérium. Nous ne devons pas l’oublier. Et les Fremens lui obéissent. »

« Dans ce cas, agissez en douceur, dit le Duc. Je désire seulement savoir si ces bases existent. »

« Comme vous voudrez, Sire. » Hawat se rassit et baissa les yeux.

« Très bien. Nous savons ce qui nous attend : du travail. Nous y avons été préparés. Nous en avons l’expérience. Nous savons quelles seront nos récompenses et les risques sont suffisamment clairs. Chacun de vous a ses attributions. (Le Duc regarda Halleck.) Gurney, occupe-t-oi d’abord de la question des contrebandiers. »

« Je vais donc ma porter au-devant des rebelles qui vivent au pays sec », psalmodia Halleck.