Выбрать главу

http://www.scholiast.org/history/blackdeath/index.html.

Le maréchal de Villars a bien refusé d’entraîner ses troupes dans le Höllental en évoquant l’excuse citée en exergue. La déposition du conseil municipal de Strasbourg et le massacre de juifs du vendredi 13 février sont décrits dans les Chroniques de Strasbourg. Le duc Albert et le roi Casimir ont offert asile aux juifs persécutés, et les milices des guildes de Ratisbonne ont protégé leur quartier dans cette ville. À chaque époque ses justes. L’histoire du démon du Feldberg est relatée dans les Annales de Sankt-Blasien. L’argument du droit des peuples face à leurs princes est avancé par Guillaume d’Occam dans son Opus nonaginta dierum, et avant lui par saint Thomas d’Aquin dans De la royauté. Bien qu’ayant fait des études couronnées par l’inceptio, Occam n’a jamais reçu le titre de docteur. On perd sa trace après qu’il eut quitté Munich en mars 1349 pour aller faire la paix avec le pape. Sur le monument érigé en son honneur dans cette ville, on donne 1347 comme date de son décès, mais il s’agit d’une erreur, ainsi que l’attestent plusieurs documents.

Les deux principales entorses à la vérité historique concernent la procession des Flagellants et la prise de Falkenstein. Les Flagellants ne sont arrivés à Strasbourg qu’en juin 1349 et la bulle papale condamnant leur pratique ne date que du 20 octobre de la même année, ce qui la rend postérieure à cette histoire. J’ai situé les deux événements en février pour les faire coïncider avec la conférence de Benfeld.

Les milices de Fribourg-en-Brisgau ont pris le château de Falkenstein en 1389. J’ai avancé l’événement de quarante ans afin que Manfred y prenne part. Le casus belli romantique est conforme à la vérité historique.

Autre altération : c’est après les événements décrits ici que Nicole Oresme a écrit De monete, où il énonce la loi de Gresham. Je me suis livré à quelques autres ajustements similaires.

Notes scientifiques

Le modèle que développe Sharon pour son multivers a été bricolé puis refait à neuf il y a bien des années pour mon récit également intitulé « Eifelheim » (Analog, novembre 1986), qui a inspiré les passages contemporains de ce roman. Mohsen Janatpour, aujourd’hui enseignant au San Mateo College, en Californie, m’a été d’une aide précieuse, et l’espace de Janatpour est nommé en son honneur.

Ces derniers temps, les théories portant sur une vitesse de la lumière variable (VLV) ont fait l’objet de débats animés parmi les cosmologues. L’un de leurs plus chauds partisans est João Magueijo, dont l’ouvrage Plus vite que la lumière (Dunod) constitue une excellente introduction au sujet ainsi qu’un récit passionnant sur le travail des physiciens. J’ai été ravi de découvrir en le lisant qu’il daignait examiner le modèle « Kaluza-Klein » que Mohsen et moi avions imaginé durant les années 80, bien que ce soit pour le réfuter. J’ai quand même décidé de le conserver – parce que.

En toute rigueur, je me dois de préciser que la diminution de la vitesse de la lumière semble effectivement s’expliquer par un changement dans les méthodes de mesure. Les théories VLV s’intéressent seulement à un changement postérieur au big bang, afin de trouver une solution plus élégante que celle des inflatons. L’inflaton, qui n’est là que pour sauvegarder les apparences de la théorie et disparaît de l’univers dès qu’on n’a plus besoin de lui, n’aurait jamais reçu l’imprimatur de Buridan, et Occam, en le découvrant, aurait hurlé à la multiplication des entités. Les théories VLV résolvent d’élégante façon les « problèmes cosmologiques » au moyen de boucles de rétroaction qui opèrent les réglages de l’univers par homéostasie. Nul besoin de nouvelles entités.

Lors de notre dernière rencontre, Mohsen et moi avons également évoqué la quantification du décalage vers le rouge. Certains physiciens la perçoivent, d’autres non. Les données sont les mêmes. On peut l’expliquer en supposant que le temps est quantifié tout autant que l’espace. Comme j’avais déjà inventé le « chronon » pour mon récit de 1986, cette histoire de décalage vers le rouge tombait à pic. Si tout cela est avéré, il va nous falloir à nouveau repenser l’univers.

Sources et terminologie

Les systèmes seigneurial et féodal étaient répandus dans toute l’Europe occidentale mais avaient déjà commencé à s’effriter lorsque débutent les événements relatés ici.

Le discours de Manfred dans le chapitre XIV est adapté du Victorial, la biographie de don Pero Niño rédigée au XIVe siècle par son porte-étendard Gutiere Díez de Games (disponible en France aux éditions Brepols).

La description de Manfred armé pour la guerre figurant quelques lignes plus haut est adaptée du Ruodlieb.

Le sermon du père Rudolf dans le chapitre XVI cite un texte de Pierre de Blois datant de 1170. Dans le même chapitre, les réflexions de Max à propos de l’esprit sportif s’inspirent elles aussi de sources historiques.

L’histoire d’Auberede et de Rosamund dans le chapitre IX s’inspire d’un épisode survenu en France et relaté par Régine Pernoud dans Pour en finir avec le Moyen Âge, que j’ai enrichi de la biographie d’un autre paysan. Certains seront peut-être surpris d’apprendre que deux serves ont pu posséder une maison en ville et même y vivre ensemble.

Le manque d’hygiène du voisin de Manfred, tel qu’il est déploré dans le chapitre XVI, s’inspire du cas de Brunon de Cologne, le frère d’Othon Ier, tel qu’il est rapporté par son biographe Rütger. On dit souvent que les gens ne se baignaient jamais durant le Moyen Âge, mais nous disposons de nombreuses preuves du contraire, en particulier celle, indirecte, du serment des Flagellants, qui juraient de ne jamais se laver en entrant dans cet ordre. Il semble aberrant de renoncer à une pratique que l’on n’observe pas. Plus raisonnablement, on peut supposer que ladite pratique n’était guère fréquente en Europe transalpine du fait des difficultés à se procurer de l’eau chaude.

Le Falkenlied cité dans le chapitre XIX provient de l’ouvrage de Franz H. Bäuml, Medieval Civilization in Germany, 800-1273 (Ancient People and Places, vol. 67).

La discussion de Dietrich portant sur l’intention et la rémission des formes et sur le théorème de la vitesse moyenne est adaptée du Regule solvendi sophismata de Guillaume Heytesbury, tel qu’il est cité et commenté par Edward Grant dans The Foundations of Modern Science in the Middle Ages.

Les divers philosophes évoqués ici portent des titres honorifiques latins dont la signification est le plus souvent évidente (« Docteur Éloquent » pour Pierre Auriol, « Docteur Moderne » pour Durandus…). Guillaume d’Occam, qui n’avait jamais achevé son doctorat, était surnommé Venerabilis Inceptor, le « Vénérable Initiateur ». Il s’agissait là d’un titre lui donnant le droit d’enseigner partout où il le souhaitait, ius ubique docendi.