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Point | Utilisateur | Ouverture session à | Tâche

002   | Sarkar      | 08:14:22            | Recherche texte

Il demande une image de recopie de la tâche en cours au point de jonction 002 sur son propre écran. Il obtient une liste de termes à rechercher et un décompte en temps réel du nombre d’occurrences pour chacun d’eux. Certains, comme Toronto, en comptent déjà plusieurs centaines. D’autres…

Juste ciel ! Qu’est-ce qui lui prend ?

Les recherches de Sarkar portent sur des termes tels que « Hobson », « Peter », « Cathy »…

Peter rédige aussitôt un message : « On joue les fouinards ? » Il est sur le point de l’envoyer quand il remarque le message inscrit sur la ligne d’état : « Rechercher dans l’ensemble des systèmes et des mémoires. »

Une tâche de cette ampleur peut prendre des heures. Jamais Sarkar ne demanderait une chose pareille : il est trop bien organisé pour ne pas savoir au moins comment rétrécir le champ de ses recherches.

Peter regarde à nouveau la liste des termes à rechercher : « Larsen » ; « Hans » ; « adultère » ; « liaison »…

Merde ! Ça ne peut pas être Sarkar… Quelqu’un d’autre se balade à l’intérieur du système.

Le point 002 correspond au labo d’IA de Mirror Image. Peter fait pivoter son fauteuil en direction du téléphone et enfonce la touche d’appel de la ligne directe.

Le téléphone sonne dans le labo.

— Je peux ? demande Sarkar.

Sandra lui répond d’un vague signe de tête, absorbée dans la contemplation de l’écran. L’ordinateur a déjà relevé de nombreuses occurrences pour les termes les plus courants (« liaison », par exemple, figure plusieurs centaines de fois), mais encore rien sur Hobson et Hans Larsen.

Sarkar se dirige vers le visiophone et enfonce la touche RÉPONSE.

Le logo de la société Bell Canada cède bientôt la place au visage de Sarkar. Peter remarque immédiatement son expression soucieuse.

— Qu’est-ce… attaque-t-il pour se taire aussitôt.

Derrière l’épaule de Sarkar, il vient de reconnaître le profil de Sandra Philo. Il se hâte d’interrompre la communication.

Nom de Dieu, une descente de police !

Il reporte son attention sur l’écran : toujours rien à « Hobson ».

Quelques secondes de réflexion, puis il se met à son clavier. Il ouvre une seconde session en se servant du nom et du mot de passe de Sarkar. Il appelle alors le sous-répertoire des outils de diagnostic et demande la liste des fichiers. Parmi les centaines de programmes différents, il en dégote un au titre prometteur : TEXTREMP.

Exactement ce qu’il cherchait : recherche-terme, recherche-paramètres, recherche et remplace…

Il tape : « TEXTREMP/Hobson/Roddenberry/IA7-IA10 », autrement dit : remplacer « Hobson » par « Roddenberry », dans les systèmes d’intelligence artificielle entre 7 et 10.

L’ordinateur se met au travail. Sa recherche porte sur un unique terme à l’intérieur de seulement quatre ordinateurs, au lieu des centaines que Sandra Philo est en train de consulter. Avec un peu de chance, le travail de substitution sera achevé avant qu’il soit trop tard…

La console émet un bip signalant que la tâche est terminée. Sur ces entrefaites, Jorgenson revient bredouille de la salle du scanner. Il jette un coup d’œil à l’écran, puis à Sandra : treize occurrences pour « Hobson ».

— Fais-les apparaître dans le contexte, demande Sandra.

Deux occurrences à l’entrée « choix de Hobson » du dictionnaire.

Un dossier d’utilisateur au nom de Peter G. Hobson, sous-titré « fobson ».

Un répertoire indiquant l’adresse personnelle de Peter Hobson ainsi que celle de sa société.

Les neuf autres occurrences concernent les copyrights (au nom de Hobson Monitoring Ltd.) de divers éléments de logiciels.

— Nada, fait Jorgenson en conclusion.

— Il a un dossier chez vous ? demande Sandra à Sarkar.

— Qui ça ?

— Peter Hobson.

— Nous utilisons des programmes conçus par sa société.

— C’est tout ?

— C’est également un ami personnel. C’est pourquoi son adresse figure dans mon Rolodex. Qu’espériez-vous trouver ? interroge-t-il d’un air innocent.

41

Cathy Hobson est exténuée. À l’agence, elle a trimé toute la journée sur cette fichue commande de l’office de tourisme. Sur le chemin du retour, elle s’est arrêtée au Miracle Food Mart mais l’idiot qui la précédait a entrepris de fourguer toute sa petite monnaie à la caissière. Il y a des gens qu’on devrait obliger à utiliser une carte de crédit !

Arrivée chez elle, elle appuie de toutes ses forces son pouce sur le scanner de la serrure, comme pour se retenir de tomber. La diode au-dessus du scanner lui adresse un clin d’œil avant de faire coulisser la porte. Celle-ci se referme avec un déclic une fois qu’elle est entrée.

— Lumière ! commande-t-elle.

Rien. Elle s’éclaircit la voix et répète, plus fort :

— Lumière !

Toujours rien. Avec un soupir, elle dépose les sacs à provisions et cherche l’interrupteur à tâtons. Elle finit par le trouver, mais la pièce ne s’éclaire toujours pas.

Elle se dirige alors vers le salon. Les diodes du magnétoscope brillent dans le noir, aussi n’est-ce pas une panne de secteur. L’ampoule dans l’entrée est sans doute grillée. Elle répète : « Lumière ! » mais les trois lampes en céramique (c’est elle-même qui les a faites) restent éteintes.

Elle secoue la tête : Peter et sa manie de tripoter les boutons… Après, il faut des heures pour tout remettre en ordre.

Elle se laisse tomber sur le canapé, étendant devant elle ses jambes et ses pieds endoloris. Grand Dieu, quelle journée ! Elle ferme les yeux, goûtant l’obscurité. Puis elle repense à ses courses, se lève et se dirige vers l’entrée. Là, elle fait une nouvelle tentative avec la lumière, sans plus de succès. Juste comme elle va ramasser ses sacs, elle remarque le voyant rouge du téléphone sur la table d’angle. En se rapprochant, elle déchiffre les mots « ligne occupée » sur l’écran visuel.

Pourtant, il n’y a pas eu de sonnerie… Et Peter ne peut pas être déjà rentré : il a un conseil d’administration ce soir à l’hôpital. À moins que…

— Peter ?

Sa voix résonne légèrement dans le couloir.

— Peter, tu es là ?

Pas de réponse. Comme elle décroche, un sifflement strident parvient à ses oreilles : un modem… L’écran visuel affiche maintenant : « Appel privé. »

Seigneur ! Un clo…

Elle se dépêche de raccrocher, puis décroche à nouveau et secoue furieusement la fourche, espérant interrompre la communication.

Peine perdue : Peter possède ce qui se fait de mieux en matière de modem et on dirait que le clone non plus n’est pas trop mal loti.

Vite, elle se rue vers la porte et enfonce le bouton d’ouverture automatique. Rien. Elle saisit la poignée, mais la porte refuse de bouger. En désespoir de cause, elle actionne le commutateur de secours. La porte reste close. Elle ouvre la penderie et jette un coup d’œil au tableau de commande de la porte d’entrée. Une diode rougeoie telle une goutte de sang en face de la mention « tentative d’effraction ». À pas feutrés, elle s’approche de la porte et colle son œil au judas : personne… Bien sûr.

Elle s’exhorte à garder son sang-froid. Il y a d’autres portes, mais le panneau indique qu’elles sont toutes fermées sur le même mode. Pas question non plus de passer par une fenêtre : elles aussi sont hermétiquement closes et les vitres sont en verre incassable premier choix.