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Du Loup et de la Tête.

Un Loup étant entré dans la boutique d’un Sculpteur, y trouva une tête de relief fort bien travaillée. Il la tourna de tous côtés et la contempla à loisir, sans qu’elle proférât une parole. – Oh la belle tête! s’écria-t-il; que cet ouvrage est admirable! C’est grand dommage qu’elle n’ait point de cervelle, et qu’elle ne puisse donner aucun signe de vie. -

Du Geai paré de plumes de Paon.

Un Geai plein de vanité se para avec des plumes de Paon qu’il avait ramassées. Cet ornement emprunté lui causa tant d’orgueil, qu’il en conçut du mépris pour les autres Geais. Il les quitta et se mêla fièrement parmi une troupe de Paons, qui reconnaissant sa supercherie, le dépouillèrent sur-le-champ de ses plumes postiches. Cet animal tout honteux après cette disgrâce, voulut retourner avec les Geais; mais ils le rebutèrent violemment, et lui donnèrent tant de coups de bec, qu’ils lui arrachèrent toutes ses plumes empruntées; de sorte qu’il se vit méprisé des autres Oiseaux, et même de ceux de son espèce.

De la Mouche et du Chariot.

Une Mouche s’étant arrêtée sur un Chariot qui courait dans la lice, où les chevaux et l’agitation des roues élevaient une grande poussière: – Quelle nuée de poudre je fais élever, s’écria-t-elle en s’applaudissant! -

De la Fourmi et de la Mouche.

La Fourmi eut un jour querelle avec la Mouche, qui se vantait de voler comme les oiseaux, d’habiter dans les Palais des Princes, de faire toujours grande chère, sans qu’il lui en coûtât aucune peine. Elle reprochait à la Fourmi la bassesse de sa naissance, et qu’elle rampait toujours à terre pour chercher de quoi vivre avec beaucoup de travail et d’assiduité; qu’elle était réduite à ronger quelques grains, à boire de l’eau, à habiter les cavernes. La Fourmi répondait à tous ces reproches qu’elle était contente de son sort; qu’une demeure sûre et arrêtée lui plaisait mieux qu’une vie errante et vagabonde; que l’eau des fontaines et les grains de blé lui paraissaient d’un goût exquis, parce que c’étaient des fruits de son travaiclass="underline" au lieu que la Mouche se rendait incommode à tout le monde, et méprisable par sa fainéantise.

D’un Singe et d’un Renard.

Dans une Assemblée générale des Animaux, le Singe sauta avec tant de légèreté et tant d’adresse, qu’ils l’élurent pour leur Roi, avec l’approbation de toute l’Assemblée. Le Renard, qui ne put regarder son élévation sans envie, ayant aperçu dans une fosse de la viande cachée sous des filets, mena le Singe sur le bord de la fosse, lui disant qu’il avait rencontré un trésor, et que c’était au Roi à s’en saisir, parce que la Loi le lui attribuait. Le Renard exhorta donc le Singe à s’emparer promptement de ce trésor. Le Singe étant entré inconsidérément dans la fosse, fut attrapé au piège qu’il n’avait pas aperçu. Se voyant pris de la sorte, il reprocha au Renard sa perfidie. – Monsieur le Singe, lui répliqua le Renard, puisque vous êtes si peu avisé, comment prétendez-vous avoir l’empire sur tous les autres Animaux? -

De la Grenouille et du Boeuf.

La Grenouille ayant un jour aperçu un Boeuf qui paissait dans une prairie, se flatta de pouvoir devenir aussi grosse que cet animal. Elle fit donc de grands efforts pour enfler les rides de son corps, et demanda à ses compagnes si sa taille commençait à approcher de celle du Boeuf. Elles lui répondirent que non. Elle fit donc de nouveaux efforts pour s’enfler toujours de plus en plus, et demanda encore une autre fois aux Grenouilles si elle égalait à peu près la grosseur du Boeuf. Elles lui firent la même réponse que la première fois. La Grenouille ne changea pas pour cela de dessein; mais la violence qu’elle se fit pour s’enfler fut si grande, qu’elle en creva sur-le-champ.

Du Cheval et du Lion.

Un vieux Lion ne pouvant plus chasser avec la même vitesse et le même succès, eut envie de manger un Cheval qu’il trouva en son chemin. Il s’avisa de contrefaire le Médecin, et de lui demander des nouvelles de sa santé. Le Cheval qui comprit à peu près la mauvaise intention du Lion, lui répondit qu’il ne se portait pas trop bien, et que depuis peu il s’était mis une épine au pied, dont il se sentait fort incommodé. Le Lion s’offrit sur-le-champ à la lui tirer. Le Cheval accepta l’offre et se mit en posture. Quand le Lion se fut approché pour tirer l’épine, le Cheval allongeant le pied frappa rudement le Lion au milieu du front, et se mit à fuir de toute sa force, laissant le Lion dans un état pitoyable et désespéré d’avoir manqué son coup.

Le Combat des Oiseaux et des Animaux terrestres.

Les Oiseaux et les Animaux terrestres se déclarèrent la guerre pour la prééminence, et pour défendre l’honneur de leur espèce. Pour décider leur grande querelle, ils se donnèrent bataille. La victoire balança longtemps sans se déclarer et sans prendre parti. La Chauve-Souris, qui se persuada que les Oiseaux allaient être vaincus, se rangea du côté des Animaux terrestres. Sa prévoyance fut trompée; les Oiseaux remportèrent une victoire complète sur leurs ennemis, contre l’attente de la Chauve-Souris qui fut chassée de la compagnie des Oiseaux. Elle eut tant de honte et de douleur de son infortune, que depuis ce temps-là elle n’ose plus voler en plein jour, et ne se montre que la nuit.

De l’Épervier et de la Colombe.

L’Épervier en poursuivant une Colombe, tomba imprudemment dans les filets qu’un Paysan avait tendus. Se voyant pris de la sorte, il employa toute son éloquence pour persuader au Paysan de lui rendre la liberté. Entre les raisons qu’il lui allégua pour le toucher, il lui dit qu’il ne lui avait jamais fait de tort. – Cela peut être, lui répliqua le Paysan; mais la Colombe que tu poursuivais maintenant avec tant d’ardeur, dans l’intention de la dévorer, ne t’avait aussi jamais offensé. -

D’un Loup et d’un Renard.

Le Loup avait ramassé dans sa tanière de grandes provisions, pour y subsister assez longtemps, sans être obligé d’en sortir. Le Renard eut envie d’en avoir sa part. Il vint rendre visite au Loup et lui demander des nouvelles de sa santé. Le Loup se défiant des finesses du Renard, et craignant qu’il ne voulût lui jouer quelque mauvais tour, feignit de se trouver mal, disant que son indisposition ne lui permettait pas de sortir de sa tanière, et que c’était pour se remettre qu’il se tenait en repos. Il le pria d’aller demander aux Dieux le retour de sa santé. Le Renard mal satisfait de cette réponse, et du procédé du Loup qui rompait toutes ses mesures, alla trouver un Berger, lui exposa l’état où le Loup se trouvait, et lui conseilla de venir promptement en sa tanière, où il lui serait fort aisé de le tuer, parce qu’il ne se tenait pas sur ses gardes. Le Berger persuadé par le conseil du Renard, vint attaquer le Loup, et le tua sans une grande résistance. Cette mort mit le Renard en possession de la tanière et de toutes les provisions du Loup; mais il n’en jouit pas longtemps: le Chien du Berger survint, qui prit le Renard, et l’étrangla sur-le-champ.