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Du Paon et du Rossignol.

Le Paon se plaignit un jour à Junon, soeur et femme du Maître des Dieux, qu’il se rendait ridicule auprès des autres Oiseaux, par la rudesse et le désagrément de sa voix; au lieu que le Rossignol les charmait tous par sa mélodie et par la douceur de son chant. – J’en conviens, lui répliqua Junon; mais les Dieux l’ont ordonné de la sorte. Ils ont voulu que chaque Animal eût un talent particulier. Si le Rossignol vous surpasse par la douceur de sa voix, vous le surpassez par la beauté de votre plumage. La force est le partage de l’Aigle. Le Corbeau donne de bons augures. La Corneille est faite pour annoncer les malheurs. Il faut que chacun se contente de sa condition, et qu’il se soumette à la volonté des Dieux. -

De l’Oiseleur et du Merle.

Un Oiseleur tendait des rets pour y prendre des Oiseaux. Le Merle qui l’aperçut de loin, lui demanda à quoi il s’occupait. – Je bâtis une Ville, lui répondit l’Oiseleur. – Après qu’il se fût retiré, le Merle eut la curiosité de venir voir cet ouvrage, se fiant à la parole et à la bonne foi de l’Oiseleur; mais s’étant trop approché du filet, il y demeura pris. – Je vous proteste, dit-il à l’Oiseleur qui accourut promptement pour s’en saisir, que si vous bâtissez toujours de semblables villes, vous n’aurez guère d’habitants. -

Du Cerf et du Cheval.

Le Cheval qui n’avait point encore été dompté par le mors ni par la bride, se plaignait un jour à un Paysan d’un Cerf qui venait manger l’herbe dans un Pré où il paissait, et le pria de l’aider à en tirer vengeance. – Je le veux bien, dit le Paysan, à condition que vous ferez tout ce que je vous dirai. – Le Cheval y acquiesça. Alors le Paysan profitant de l’occasion, lui mit sur le dos une selle et un mors à la bouche. Il monta dessus, et poursuivit le Cerf avec tant d’ardeur, qu’il l’atteignit et le tua. Le Cheval hennissait de joie, se voyant si bien vengé, et ne craignant plus les insultes du Cerf. Mais le Paysan qui connut combien le Cheval lui pouvait être utile dans la suite, au lieu de le mettre en liberté, le conduisit chez lui, l’attacha à une charrue, et le fit servir à labourer la terre.

De l’Âne et du Lion.

L’Âne paissait un jour dans la compagnie d’un Coq. Un Lion vint pour attaquer l’Âne. Le Coq chanta. On dit que le Lion a une horreur naturelle du chant de cet animal. Le Lion se mit à fuir. L’Âne, qui s’imagina follement que le Lion le redoutait, le poursuivit à toute outrance; mais quand le Lion se vit assez éloigné pour ne plus craindre le chant du Coq, et pour ne le plus entendre il revint sur ses pas, se jeta sur l’Âne et le dévora. – Malheureux que je suis, s’écria-t-il, en se voyant aux derniers abois, de quoi me suis-je avisé de vouloir faire le vaillant, et pourquoi ai-je voulu m’exposer au combat, puisque je ne suis point né de parents guerriers? -

D’un Vautour et des autres Oiseaux.

Un Vautour ayant manqué plusieurs Oiseaux de son voisinage, feignit qu’il avait envie de les traiter et de leur donner un grand repas, en signe d’une parfaite réconciliation. Les Oiseaux, trop faciles et trop crédules, trompés par ces belles apparences, ne manquèrent pas de se trouver en foule à la fête, se flattant d’être bien régalés, et que c’était une belle occasion de se réconcilier pour toujours avec un ennemi si dangereux, et qui leur faisait depuis longtemps une guerre si cruelle. Mais ils furent bien épouvantés quand ils virent qu’il se jetait sur eux, et qu’il les égorgeait impitoyablement les uns après les autres. Ils reconnurent à leurs dépens le peu de fond qu’il faut faire sur les belles paroles d’un ennemi.

Du Lion et du Renard.

Le Lion affaibli par la vieillesse, ne pouvait plus prendre les autres animaux à la course. Il résolut de se servir d’artifice pour les surprendre et pour en faire curée. Il se retira dans le fond de sa caverne pour mieux exécuter ce dessein, et fit savoir partout qu’il était malade. Les autres animaux accoururent pour le visiter, mais il les étranglait et les dévorait à mesure qu’ils entraient dans sa caverne. Le Renard se douta de la ruse du Lion, et du mauvais tour qu’il avait joué à ceux qui étaient venus le visiter. Il se contenta donc de demander de loin au Lion, et sans entrer dans sa caverne, comment il se portait. – Je me porte fort mal, dit le Lion; pourquoi n’entrez-vous pas, ajouta-t-il? – C’est, lui répliqua le Renard, que je vois fort bien les vestiges de ceux qui sont entrés dans cette caverne, mais je n’aperçois point les traces de ceux qui en sont sortis. -

De l’Âne malade et des Loups.

L’Âne fut obligé de garder le lit pour quelque indisposition. Le bruit de sa maladie s’étant répandu, les Loups et les Chiens, croyant qu’il mourrait bientôt, accoururent pour le visiter. Ils aperçurent l’Ânon au travers des fentes de la porte, et lui demandèrent des nouvelles de la santé de son père. – Il se porte beaucoup mieux que vous ne voudriez, leur répondit l’Ânon. -

Du Chevreau et du Loup.

Le Chevreau étant assis sur une fenêtre assez élevée, vit passer un Loup, dont il se moqua longtemps, et l’accabla d’injures. Le Loup, sans s’émouvoir des paroles offensantes de cet animaclass="underline" – Mon ami, lui dit-il, ce n’est point toi qui m’injuries; tu n’aurais garde de me parler de la sorte, si tu ne te prévalais de l’avantage du lieu où tu te crois en sûreté. -