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— Grâce à une aiguille aimantée on peut déceler la présence d’un courant électrique. Notre fil n’est pas enterré très profondément …

Elle souffla en s’installant dans la camionnette :

— Cela signifie qu’ils sont déjà sur la terre ferme ?

— Oui. Il leur a été facile de suivre le câble sur toute la partie où il était immergé.

Doucement il fit ronronner le moteur. Il avait suffisamment d’essence pour parcourir plusieurs centaines de miles. Mais la Floride était un cul de sac pour eux, et ils devaient essayer de se diriger vers le nord.

— Mais alors, disait Emily, ils sont à moins d’un mile d’ici ?

— Oui. Essayons d’abord le chemin creux. Tous phares éteints il roula doucement. La lune éclairait le paysage, mais il s’était longuement entraîné depuis qu’ils habitaient la ferme, et il aurait rejoint la U.S. 1 les yeux fermés. Emily se pencha par la vitre ouverte.

— Nous avons laissé de la lumière dans la cuisine. Ils croiront nous surprendre au nid.

Plus de la moitié du chemin était derrière eux. La route n’était qu’à quelques centaines de mètres quand Fred enfonça la pédale du frein.

— Qu’y a-t-il ?

— L’appareil-radio. Inutile de s’en embarrasser. Il faut le laisser dans les buissons.

En quelques minutes ils l’eurent caché à quelques mètres du chemin creux.

— Je vais filer vers le sud, dit Compton en passant sa première. Dès que nous le pourrons nous remonterons vers le nord.

Il désigna la boîte à gants.

— Nous avons là des faux papiers pour tous les deux, et je dispose de deux plaques du Kentucky.

La grosse femme hocha la tête avec un air sombre :

— Je ne sais pas si nous pourrons les utiliser. J’ai toujours eu un mauvais pressentiment ces derniers jours, Fred Compton.

— Peut-être pourrons-nous changer la couleur de notre véhicule, dit-il comme s’il n’avait pas entendu ses paroles.

Le chemin se dégageait de la lande et ils apercevaient les phares des voitures sur la highway.

— Tout semble normal.

À ce moment-là Emily poussa un cri. Deux camions fonçaient sur eux, des projecteurs s’allumaient, paraissaient vouloir les clouer au sol.

CHAPITRE X

Comme l’avait prévu Kowask, le fil clandestin suivait le fond du canal de drainage. Ils avaient découvert la boîte de dérivation étanche fixée à un gros bloc de ciment immergé. Le câble parasitaire passait dans une saignée pratiquée sur le rebord du canal et soigneusement rebouchée, continuait dans la vase vers l’ouest.

Sunn avait tout prévu, et, cinq minutes après cette découverte, un homme-grenouille aux chaussures lestées remontait le canal. Ils pouvaient suivre sa progression, le plongeur utilisant une lampe étanche dont la clarté formait une tache claire à la surface huileuse de l’eau.

Un quart d’heure plus tard l’homme remontait de l’autre côté. Kowask, Sunn et les autres traversèrent au moyen d’un radeau pneumatique.

L’homme-grenouille enlevait son masque.

— Le câble doit ressortir ici.

Sunn, dans le marécage jusqu’aux genoux, l’extirpait de la vase avec un crochet. Il exultait.

— Sectionnez-moi ça les gars, et branchez-le sur la batterie. Un contact de deux minutes, puis un arrêt de même longueur. S’agit pas de semer la panique. Hammond, envoyez un message aux patrouilleurs. Qu’ils surveillent toutes les fermes situées dans un rayon de deux à quatre miles à partir d’ici.

Clignant de l’œil en direction de Kowask.

— On ne sait pas si ces salauds n’ont pas ajouté une rallonge à leur fil.

Trop confiant il voulut poursuivre vers le nord-est, même quand le courant conformément à ses ordres, cessa d’affoler l’aiguille aimantée de son repéreur. Au cours des deux minutes suivantes, il comprit son erreur.

— Les salopards ! fulminait-il. Ils ont fait un coude à angle droit.

Le câble filait en effet vers le nord-ouest. Plus sagement ils attendirent les minutes d’irrigation. Hammond, chargé de la liaison-radio, les suivait, pas à pas.

Tout le dispositif est en place. Pas un chat ne risque de passer au travers … Trois fermes suspectes.

Perdant patience, Sunn voulait déterrer le câble mais cela demandait trop de temps. Mieux valait se fier à l’aiguille du repéreur. Les tiges en forme de canne étaient trop profondément enfoncées dans la couche de vase solidifiée.

Sur la terre ferme de la lande tout alla plus vite. Les installateurs clandestins n’avaient pas perdu leur temps à finauder. Le câble filait droit vers le nord.

— Regardez là-bas, dit Kowask qui avait une vue perçante. Je vois un cyprès et une maison.

— Fonçons ! dit Sunn.

Au même moment ils entendirent un ronronnement de moteur.

— Ils nous filent entre les doigts ! rugit l’agent de la C.I.A.

Une douzaine d’hommes se mirent à courir dans la direction de la ferme. La barrière fut aisément franchie. D’un geste Sunn les immobilisa en désignant les fenêtres éclairées.

— On les tient.

Mais un moteur s’éloignait vers l’U.S. 1.

— Ils seront coincés là-bas si ce sont eux, certifia Hammond qui venait de recevoir un message. Deux camions ont barré l’entrée du chemin creux.

Kowask suivit Sunn qui se dirigeait vers la maison. Ils risquèrent un regard dans la cuisine.

— Vide !

— Allons-y ! dit Kowask.

La porte n’était pas fermée. Son arme à la main il pénétra dans la pièce. Sunn et deux hommes le suivaient. En même temps au loin éclataient quelques coups de feu.

— Pourvu qu’ils ne passent pas, dit Sunn.

En quelques secondes ils découvrirent le récepteur de fac-similés et la compositrice, de même qu’un stock de papier spécial pour les cartes météo et les bandes de papier à perforer. Sunn s’interrogeait visiblement devant le dernier appareil.

Soudain les détonations éclatèrent tout près, et Kowask fila aux nouvelles.

— Ils essayaient de revenir ici, lui cria un des hommes de Sunn. Ils ont enfoncé la barrière. Maintenant ils sont planqués derrière le véhicule.

* * *

Fred Compton ouvrit son portefeuille en sortit les papiers qu’il contenait.

— Que faites-vous ? demanda Emily allongée non loin de lui dans le lichen poisseux de la lande.

— Je vais mettre le feu à la camionnette, et pendant qu’elle brûlera nous pourrons peut-être filer.

Une balle vint percuter la portière gauche.

Mais plusieurs autres s’enfoncèrent dans la terre sous le véhicule.

— Ils nous savent là.

— L’incendie couvrira notre fuite. Ils ne pourront pas nous voir.

Il poussa le tas de papiers froissés sous le moteur et y mit le feu. D’un coup de couteau il creva le réservoir latéral et recula rapidement. Le véhicule s’embrasa presqu’aussitôt. Lui et Emily couraient loin de là déjà.

Alors qu’ils atteignaient la barrière la grosse femme tomba lourdement. Il crut qu’elle avait trébuché, mais quand il voulut l’aider il constata qu’elle était morte. Une balle l’avait frappée entre les deux épaules.

Sa vie s’arrêta là. Il se sentit incapable d’aller plus loin, de s’enfuir seul. Il le pouvait et il était suffisamment habitué à de telles situations pour s’en sortir. Il laissa aller le cadavre de sa compagne et se dressa, les mains plaquées au corps.

Il n’opposa aucune résistance quand trois hommes lui ordonnèrent de lever les bras en l’air.

Kowask apprit la mort de la grosse femme et l’arrestation d’un homme alors qu’il rejoignait la ferme. La camionnette achevait de brûler. On essayait d’éteindre les flammes avec un tuyau d’arrosage, et les extincteurs des camions.