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— En effet, reconnut Kowask. Donnez-moi son adresse.

— 417, Fort Mims Avenue. Tâchez de me rappeler dès que vous aurez du nouveau. Hum, autre chose au sujet de vos … prisonniers.

Depuis un moment Mrs Robbins qui ne paraissait plus du tout épouvantée se livrait à une curieuse démonstration pour une dame de son rang. Elle semblait oublier la situation actuelle pour songer à des choses moins déplaisantes. Poitrine tendue et reins creusés elle regardait Kowask de façon provocante. Non loin de là, son mari ne paraissait pas en état de manifester sa jalousie.

— Il y en a trop, dit Kowask avec un sourire goguenard. Je ne peux les liquider tous. Je vais tâcher de les neutraliser pour la nuit au moins. Rice lui fit ses dernières recommandations, insista pour être rappelé le plus vite possible. Il raccrocha et se dirigea vers Mrs Robbins. Elle continua de le fixer droit dans les yeux, avec la même intensité sensuelle. Il la souleva et la traîna jusqu’au placard où se trouvait Perkson. Il imaginait ce que pourrait être la promiscuité entre ces deux êtres. Ensuite il déplaça le lourd bureau et le poussa devant le dit placard.

Robbins respirait difficilement et son pouls était très bas. Kowask s’en souciait peu. Ce qui lui importait c’était que l’homme ne puisse pas donner l’alerte. Il l’enferma également dans l’autre placard, éteignit la lumière et ferma le bureau à clé.

Quelques secondes plus tard il roulait en direction de la carrière abandonnée. Il préférait récupérer la Pontiac pour ce qu’il avait à faire.

Comme il arrivait près du véhicule, il vit Culross qui sautillait en tentant de s’enfuir. L’homme avait délié ses mains et devait être en train de libérer ses pieds lorsqu’il l’avait surpris. Sous la menace de son arme il l’obligea à s’allonger sur le ventre et le lia une nouvelle fois. Il l’installa ensuite sur le plateau de la camionnette, creva les pneus et jeta la tête de delco dans la carrière.

Quand il pénétra dans la ville de Tuscaloosa, la plupart des bars étaient fermés. La petite ville dormait paisiblement et il ne rencontra qu’une voiture de police faisant sa ronde.

L’avenue où habitait le capitaine Charles était bordée de vieilles maisons coloniales, qui en faisaient un quartier tranquille et plein de charme. Le capitaine habitait une villa cossue entourée par un grand jardin. Kowask alla garer sa voiture à cent mètres et revint à pied. Il resta de longues minutes à examiner les lieux.

Une grande grille aux flèches pointues protégeait la propriété. Difficile de l’escalader pour sauter de l’autre côté. On pouvait le voir de la maison, et, d’autre part, la patrouilleuse de la police devait faire des rondes dans le coin.

Il dut remonter trois numéros pour découvrir un mur très bas. Il l’enjamba facilement, se trouva dans un jardin quasi abandonné. Il dépassa la maison et comme il l’avait prévu découvrit avec soulagement que toutes les propriétés donnaient sur un petit chemin tranquille en bordure d’un ruisseau. L’eau clapotait doucement dans les herbes et les cailloux. Le temps était légèrement couvert et très doux. Il eut une pensée pour Mrs Robbins. Une agréable cinquantaine et des dispositions intéressantes. Une impudeur si totale qu’on pouvait oublier les défauts de son corps.

Le capitaine Charles s’était également protégé de ce côté-là par un haut mur au faîte duquel luisaient des tessons de bouteilles.

Kowask enleva ses chaussettes, les bourra d’herbes et les enfila au bout de ses mains. Il sauta et, à l’aide d’un des fameux tessons, réussit à se hisser sur le mur. Il se laissa tomber dans le noir, atterrit sans mal dans la terre meuble. Il remit ses chaussettes tout en tendant l’oreille. La nuit était parfaitement silencieuse à l’exception d’un insecte dont le cri, avec une régularité mécanique, ressemblait au bruit d’une goutte d’eau sur un plateau de cuivre.

S’approchant de la maison il repéra le balcon, la porte-fenêtre aux volets ouverts. Cela sentait le piège, mais qui pouvait avoir alerté le capitaine Charles ? Robbins seul était en rapport avec lui et pas en état de le prévenir.

Après deux essais infructueux il attrapa le bas d’une des volutes en fer forgé. Toute la balustrade frémit sourdement tandis qu’il opérait son rétablissement. Quand il posa les pieds sur le balcon, son cœur battait un peu plus vite et il avait l’impression que toute la maisonnée éveillée l’attendait à l’intérieur. En fait il ignorait si le capitaine vivait seul ou non.

La vitre ne lui donna aucun mal. Il fit sauter le mastic, les pointes sans tête, déposa le carreau sur le balcon et tourna l’espagnolette.

Il avait trop l’habitude de ce genre d’expéditions pour ne pas deviner tout de suite que la maison était vide. Pourtant il continua avec prudence.

CHAPITRE XIV

Une demi-heure après son intrusion clandestine dans la villa, Kowask avait une certitude : le capitaine Charles vivait seul et n’utilisait que le bas de la maison, cuisine et living. Il devait coucher sur le divan et faire lui-même ses repas. Il avait visité la cave avec soin mais n’avait rien découvert. En apparence l’officier menait une vie tranquille et retirée. Quelques bouquins, policiers et livres de poche, empilés à la tête du divan achevaient de créer l’illusion.

Perplexe, le marin se demandait s’il n’était pas sur une fausse piste. Le capitaine avait démissionné de l’armée en même temps que le général Walker, mais était-il déjà à la tête d’un complot destiné à nuire au prestige du nouveau président ? Ne jouait-il pas plutôt le demi-solde de province pour impressionner favorablement les filles de bonne famille de la petite ville ?

La direction d’un réseau nécessitait des archives, un moyen de transmission, une planque inviolable. La villa était entourée de hauts murs, mais là se bornaient les précautions de Charles.

Kowask avait beau regarder autour de lui, il n’arrivait pas à imaginer l’homme recevant ses collaborateurs, préparant des plans d’action dans ce cadre-là. Ou alors existait un autre quartier général puissamment organisé.

Il se traita d’idiot. Ce quartier général existait bel et bien. Il ne pouvait se trouver qu’au terrain d’aviation qu’utilisait le club, ou même au siège urbain de l’association.

Dix minutes plus tard il reprenait le volant de la Pontiac et roulait vers le terrain d’atterrissage. Sa montre indiquait une heure dix.

Il atteignit l’endroit assez facilement, abandonna sa voiture pour parcourir le dernier demi-mile. Les installations du club étaient plus que modestes et il fit la grimace. Si le capitaine Charles était le chef d’un réseau d’activistes, il n’utilisait certainement pas ce vieil hangar rouillé et la maisonnette du gardien pour ses activités.

Cette dernière était basse et ne pouvait se composer que de deux-trois pièces. Sous le hangar il reconnut un Twin-Bonanza qui luisait dans la nuit, et, plus loin, il nota la présence d’un Cessna 195 et d’un Fairchlid. Ces appareils étaient neufs, ce qui rendait plus suspecte la vétusté du hangar.

Dans un recoin il y avait un bureau vitré. Trois classeurs, une table avec une machine à écrire et divers appareils de navigation l’encombraient au point qu’il dut avancer de côté jusqu’aux classeurs. Ceux-ci ne contenaient que les dossiers des membres du club, et des papiers concernant le fonctionnement du groupe. Il apprit cependant que le siège social était situé en ville, 453 Main street, et empocha une feuille à en-tête.

Il quitta le terrain sans que le gardien se soit manifesté. La meilleure preuve que ce qu’il cherchait ne se trouvait pas dans le coin.

Le siège du club se trouvait au deuxième étage d’un immeuble moderne de cinq étages. En consultant discrètement les plaques vissées sur le marbre de l’entrée, il apprit qu’au premier étage était installée une association pour le Réarmement Moral, au troisième le Comité local de Sauvegarde patriotique.