Une belle tête d’homme n’a pas besoin de comporter, excepté peut-être aux yeux d’une femme, – cette idée de volupté, qui dans un visage de femme est une provocation d’autant plus attirante que le visage est généralement plus mélancolique. Mais cette tête contiendra aussi quelque chose d’ardent et de triste, – des besoins spirituels, des ambitions ténébreusement refoulées, – l’idée d’une puissance grondante, et sans emploi, – quelquefois l’idée d’une insensibilité vengeresse, (car le type idéal du Dandy n’est pas à négliger dans ce sujet), – quelquefois aussi, – et c ‘est l’un des caractères de beauté les plus intéressants, – le mystère, et enfin (pour que j’aie le courage d’avouer à quel point je me sens moderne en esthétique), le Malheur. – Je ne prétends pas que la Joie ne puisse pas s’associer avec la Beauté, mais je dis que la Joie [en] est un des ornements les plus vulgaires; – tandis que la Mélancolie en est pour ainsi dire l’illustre compagne, à ce point que je ne conçois guère (mon cerveau serait-il un miroir ensorcelé?) un type de Beauté où il n’y ait pas du Malheur. – Appuyé sur, – d’autres diraient: obsédé par – ces idées, on conçoit qu’il me serait difficile de ne pas conclure que le plus parfait type de Beauté virile est Satan, – à la manière de Milton.
XI
AUTO-IDOLÂTRIE.
Harmonie politique du caractère.
Eurythmie du caractère et des facultés.
Augmenter toutes les facultés.
Conserver toutes les facultés.
Un culte (magisme, sorcellerie évocatoire).
Le sacrifice et le vœu sont les formules suprêmes et les symboles de l’échange.
Deux qualités littéraires fondamentales: surnaturalisme et ironie.
Coup d’œil individuel, aspect dans lequel se tiennent les choses devant l’écrivain, puis tournure d’esprit satanique. Le surnaturel comprend la couleur générale et l’accent, c’est-à-dire intensité, sonorité, limpidité, vibrativité, profondeur et retentissement dans l’espace et dans le temps.
Il y a des moments de l’existence où le temps et l’étendue sont plus profonds, et le sentiment de l’existence immensément augmenté.
De la magie appliquée à l’évocation des grands morts, au rétablissement et au perfectionnement de la santé.
L’inspiration vient toujours quand l’homme le veut, mais elle ne s’en va pas toujours quand il le veut.
De la langue et de l’écriture, prises comme opérations magiques, sorcellerie évocatoire.
De l’air dans la femme.
Les airs charmants et qui font la beauté sont:
L’air blasé,
L’air ennuyé
L’air évaporé,
L’air impudent,
L’air de regarder en dedans,
L’air de domination,
L’air de volonté,
L’air méchant,
L’air chat, enfantillage, nonchalance et malice mêlés.
Dans certains états de l’âme presque surnaturels, la profondeur de la vie se révèle toute entière dans le spectacle, si ordinaire qu’il soit, qu’on a sous les yeux. Il en devient le symbole.
Comme je traversais le boulevard, et comme je mettais un peu de précipitation à éviter les voitures, mon auréole s’est détachée et est tombée dans la boue du macadam. J’eus heureusement le temps de la ramasser; mais cette idée malheureuse se glissa un instant après dans mon esprit, que c’était un mauvais présage; et dès lors l’idée n’a plus voulu me lâcher; elle ne m’a laissé aucun repos de toute la journée.
Du culte de soi-même dans l’amour, au point de vue de la santé, de l’hygiène, de la toilette, de la noblesse spirituelle et de l’éloquence.
Self-purification and anti-humanity.
Il y a dans l’acte de l’amour une grande ressemblance avec la torture, ou avec une opération chirurgicale.
Il y a dans la prière une opération magique. La prière est une des grandes forces de la dynamique intellectuelle. Il y a là comme une récurrence électrique.
Le chapelet est un médium, un véhicule; c’est la prière mise à la portée de tous.
Le travail, force progressive et accumulative, portant intérêts comme le capital, dans les facultés comme dans les résultats.
Le jeu, même dirigé par la science, force intermittente, sera vaincu, si fructueux qu’il soit, par le travail, si petit qu’il soit, mais continu.
Si un poète demandait à l’État le droit d’avoir quelques bourgeois dans son écurie, on serait fort étonné, tandis que si un bourgeois demandait du poète rôti, on le trouverait tout naturel.
Ce livre ne pourra pas scandaliser mes femmes, mes filles, ni mes sœurs.
Tantôt il lui demandait la permission de lui baiser la jambe, et il profitait de la circonstance pour baiser cette belle jambe dans telle position qu’elle dessinât son contour sur le soleil couchant.
Minette, minoutte, minouille, mon chat, mon loup, mon petit singe, grand singe, grand serpent, mon petit âne mélancolique.
De pareils caprices de langue, trop répétés, de trop fréquentes appellations bestiales témoignent d’un côté satanique dans l’amour; les satans n’ont-ils pas des formes de bêtes? Le chameau de Cazotte, – chameau, Diable et femme.
Un homme va au tir au pistolet, accompagné de sa femme. – Il ajuste une poupée, et dit à sa femme: Je me figure que c’est toi. – Il ferme les yeux et abat la poupée. – Puis il dit en baisant la main de sa compagne: Cher ange, que je te remercie de mon adresse!
Quand j’aurai inspiré le dégoût et l’horreur universels, j’aurai conquis la solitude.