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Jack Campbell

Glaive imparfait

À Daniel V. Bears, le fantôme de Midway, ami fidèle hier comme demain.

Excelsior !

À S., comme toujours.

La flottille de Midway

KOMMODORE ASIMA MARPHISSA, COMMANDANTE EN CHEF

(Tous les vaisseaux sont d’anciennes unités mobiles des Mondes syndiqués.)

UN CUIRASSÉ

Midway (pas encore opérationnel)

UN CROISEUR DE COMBAT

Pelé

QUATRE CROISEURS LOURDS

Manticore, Griffon, Basilic et Kraken

SIX CROISEURS LÉGERS

Faucon, Balbuzard, Épervier, Busard, Milan et Aigle

DOUZE AVISOS

Guetteur, Sentinelle, Éclaireur, Défenseur, Gardien, Pisteur, Protecteur, Patrouilleur, Guide, Avant-Garde, Planton et Vigie

GRADES DE LA FLOTTILLE DE MIDWAY

(par ordre décroissant)

tels qu’établis par la présidente Iceni

Kommodore

Kapitan de première classe

Kapitan de deuxième classe

Kapitan de troisième classe

Kapitan-levtenant

Levtenant

Levtenant de deuxième classe

Enseygne de vaisseau

Chapitre premier

Pareils à un banc d’énormes squales, les vaisseaux de guerre du système stellaire rebelle libre et indépendant de Midway sillonnaient le vide noir de l’espace en quête de toute menace. Dans d’autres systèmes, l’empire émietté mais encore puissant et rapace des Mondes syndiqués rassemblait ses forces et cherchait à étouffer les révolutions partout où elles éclataient. Meneur des systèmes rebelles, Midway, qui bénéficiait d’une position stratégique, savait que le Syndicat attaquerait, que ce n’était qu’une question de temps.

« Je souhaiterais presque qu’il se passe…

— Ne le dites pas.

— Pardon, kommodore. C’est que bien peu de corvées sont aussi barbantes que la garde, répondit le kapitan Diaz. Surtout dans l’espace profond, loin de toute planète ou station orbitale.

— Et rien n’est plus dangereux qu’une sentinelle qui s’ennuie ou se laisse distraire, lui rappela la kommodore Marphissa d’une voix tranchante. Sauf à nous porter la poisse par des vœux inconsidérés !

— J’allais dire qu’il était primordial de rester vigilant », ajouta précipitamment Diaz. Il éleva la voix pour la gouverne des techniciens qui s’activaient sur la passerelle du croiseur lourd Manticore. « Quand on ne prête pas attention en montant la garde, un ennemi peut se glisser derrière vous et vous planter un poignard dans le dos.

— Ou un de vos supérieurs vous surprendre en train de roupiller, lâcha Marphissa. Auquel cas il vous arrive de regretter qu’un ennemi ne vous ait pas égorgé.

— Ça, c’est la méthode syndic, convint Diaz. Mais nous nous sommes rebellés contre le Syndicat.

— Et c’est précisément pour cette raison que nous montons la garde. Le Syndicat aimerait reprendre le contrôle de Midway. » Le regard de Marphissa se reporta sur l’écran de son fauteuil de commandement. Le grand portail de l’hypernet, qui contribuait à faire de Midway un système prédominant, n’était suspendu dans l’espace qu’à dix minutes-lumière seulement ; pourtant, sur le fond infini des étoiles, sa structure massive elle-même semblait d’une petitesse insignifiante. L’espace tend à faire passer pour naines les plus majestueuses créations des hommes. Le plus proche vaisseau, un lourd cargo qui se frayait poussivement un chemin vers l’intérieur du système, se trouvait à une heure-lumière. La présidente Iceni, seule personne dont Marphissa acceptait les ordres, était, elle, à quatre heures-lumière, sur une planète n’orbitant qu’à quelques minutes-lumière de l’étoile. Les bâtiments de Marphissa, tout comme la kommodore, étaient livrés à eux-mêmes.

« Dans quel délai croyez-vous qu’ils reprendront l’assaut ? » demanda Diaz.

Marphissa changea de position dans son fauteuil, agacée. Combien de fois avaient-ils déjà eu cette conversation ? « La semaine prochaine, peut-être, ou le mois prochain, voire dans une minute. Notre seule certitude, c’est que le Syndicat reviendra à la charge et qu’il enverra une flottille assez puissante pour nous contraindre à lutter jusqu’à la mort.

— Le croiseur de combat devrait être bientôt de nouveau opérationnel.

— Il faudrait qu’il le soit dès à présent, tout comme notre cuirassé », grommela Marphissa en baissant la voix pour ne se faire entendre que de Diaz. Certaines vérités ne sont pas faites pour les oreilles des techniciens. « Si les Syndics revenaient avec un cuirassé, nous serions des cibles faciles, et ces croiseurs et ces avisos sont nos seuls vaisseaux en état de combattre… »

Une alerte claironna. Tout le monde sur la passerelle se redressa brusquement pour se concentrer frénétiquement sur son écran : un nouveau symbole venait d’apparaître près du portail. Un objet en avait émergé dix minutes plus tôt, et l’image de cet événement qui s’était produit à quatre-vingts millions de kilomètres n’atteignait qu’à cet instant la flottille de Marphissa. Ennui et irritation se dissipèrent instantanément, remplacés par une poussée d’excitation mêlée d’appréhension, tandis qu’elle attendait que les systèmes de combat du Manticore eussent identifié le nouvel arrivant.

« Nous captons une identification syndic », annonça le technicien en chef, s’attirant un juron du kapitan Diaz.

Marphissa avait naguère envié les commandants de flottille, qu’elle imaginait affranchis des responsabilités quotidiennes qui contraignent leurs subordonnés à constamment besogner et s’inquiéter. Mais elle avait appris depuis que le fardeau du commandement, quand on n’a personne vers qui se tourner pour prendre conseil ou arrêter des décisions, était aussi pesant qu’une étoile à neutrons et aussi tyrannique que l’attraction gravitationnelle d’un trou noir.

Et c’est à elle qu’il reviendrait de les prendre toutes. Près de quatre heures se passeraient encore avant que la présidente Iceni ne vît qu’un nouveau vaisseau syndic venait d’arriver à Midway.

Il arrivait parfois à la présidente de regretter d’avoir compris qu’on ne pouvait pas résoudre tous les problèmes en ordonnant un assassinat.

Et c’était le cas ce jour-là.

Parce que, pour l’heure, elle mourait réellement d’envie de commettre un meurtre.

« Nous savons que la prochaine attaque syndic pourrait se produire à tout moment », déclara-t-elle au général Artur Drakon d’une voix qu’il lui sembla très bien contrôler. Cela étant, à la façon dont sa colère s’envenima aussitôt après, elle se soupçonna de ne l’avoir pas maîtrisée aussi bien qu’elle le croyait. « Des forces inconnues se lèvent contre nous dans ce système, bien que nous ayons réussi jusque-là à ce que les citoyens se tiennent tranquilles en leur accordant une timide voix au chapitre. Le CECH suprême d’Ulindi pourrait de nouveau nous agresser. Et, bien entendu, nous sommes incapables de prévoir quand les Énigmas rappliqueront pour nous anéantir. Ai-je oublié un des problèmes que nous affrontons actuellement ? »