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 » Bonne chance, kommodore.

 » Au nom du peuple, Iceni, terminé. »

Elle poussa un soupir puis adressa au kapitan Kontos l’ordre de se démettre du commandement du Midway pour assumer celui du Pelé. Elle fit la grimace avant d’envoyer un troisième message, destiné celui-là au kapitan Freya Mercia et lui ordonnant de se substituer à Kontos à la tête du cuirassé Midway. Ne lui restait plus qu’à adresser copie de ses trois derniers messages à Drakon puis à l’informer que le capitaine Bradamont devait être transférée au plus vite sur le Faucon.

Et c’était à peu près tout ce qu’elle pourrait faire pour préparer la défense de Midway contre la toute dernière agression du Syndicat. Personne dans son bon sens n’aurait cherché à dicter les détails d’une opération critique en termes de temps sur une distance de quatre années-lumière, encore qu’Iceni ait connu (et parfois même travaillé avec) des gens qui croyaient pouvoir le faire efficacement. Tout reposerait désormais entre les mains de Marphissa, de Kontos, des ouvriers qui s’efforçaient de préparer le Pelé au combat et du capitaine Bradamont. La flotte de l’Alliance de l’amiral Geary avait déjà sauvé Midway à deux reprises, sauvetage pour le moins surprenant en soi compte tenu de la très récente conclusion d’une guerre d’un siècle entre l’Alliance et les Mondes syndiqués, qui avait exacerbé pendant plusieurs générations la haine entre les deux empires. Mais Midway n’appartenait plus au Syndicat, Black Jack n’était plus un banal officier de l’Alliance et, maintenant, le capitaine Bradamont, qu’il avait laissée en poste à Midway pour servir de conseiller et d’agent de liaison, allait peut-être aider les vaisseaux de Midway à sauver leur système pour la troisième fois.

Iceni fixa son calendrier d’un œil morose, consciente que les prochains jours allaient s’étirer interminablement tandis qu’on attendrait que tombe le couperet.

Au moins la perspective d’un interrogatoire du CECH Jason Boyens promettait-elle, entre-temps, d’être divertissante.

Chapitre deux

Drakon tomba sur le colonel Rogero en entrant dans le bâtiment du QG. « Avez-vous pris congé du capitaine Bradamont ? »

Rogero hocha la tête, l’air malheureux. « Il me serait plus facile de partir affronter un rude combat que de la voir le faire.

— Vous savez qu’il en irait de même pour elle si elle vous voyait partir. Je viens de donner certaine information aux colonels Gaiene et Kaï, et je dois aussi vous la transmettre en personne. » Drakon fit de son mieux pour poursuivre d’une voix égale. « Prise d’effet immédiate : ni vous ni personne ne devez suivre les ordres du colonel Morgan, même si elle affirme qu’ils viennent de moi. »

À son crédit, Rogero réussit à rester impassible. « Compris, mon général. Puis-je vous demander pourquoi…

— Non. Le colonel va partir en mission spéciale, de sorte que vous ne la verrez plus. Mais, si elle tente de vous contacter, pliez-vous aux ordres que je viens de vous donner. »

Rogero opina derechef. « Oui, mon général. Compte tenu du… revirement perceptible dans vos ordres, puis-je vous demander si le statut du colonel Malin a lui aussi changé en quelque façon ? »

Drakon s’accorda quelques secondes de réflexion avant de répondre. Au cours des années précédentes, Malin et Morgan avaient été sa main droite et sa gauche. En perdre une était déjà pénible en soi et trop difficile à expliquer pour le moment. Couper l’autre risquait de lui nuire bien davantage que toute hypothétique intrigue fomentée par Malin. « Non. Sauf sous un certain angle. Si jamais le colonel Malin vous transmettait des ordres qu’il prétendrait venir de moi, suivez votre instinct. Si quelque chose dans ces ordres vous semblait louche, consultez-moi directement avant de les appliquer.

— Compris, mon général.

— Très bien », répondit Drakon, conscient que de nombreuses questions continuaient de bouillonner derrière la façade impavide de Rogero. Mais il n’était pas encore prêt à y répondre, de sorte qu’il orienta la conversation vers un autre sujet d’inquiétude. « Où en est votre brigade ? » Il le lui avait très souvent demandé, si bien que le colonel comprendrait qu’il ne parlait pas de chiffres mais du moral et du mental de ses hommes.

« Aucun problème grave, répondit le colonel. Mais, quand j’ai parlé ce matin aux chefs de mes techniciens, ils m’ont dit avoir remarqué que s’étaient multipliées d’étranges rumeurs, qu’ils croient alimentées par nos forces terrestres.

— D’étranges rumeurs ? insista Drakon. Quelque chose de neuf ?

— Seulement dans le détail. » Rogero fixa la rue en fronçant les sourcils. Il réfléchissait. « Ces bruits de couloir se partagent en trois larges catégories. La première affirme que la présidente Iceni et vous n’agissez que pour garder le contrôle du système stellaire et que vous restez des CECH syndics sous un nom différent. Ces rumeurs-là ne rencontrent guère de sympathie puisque nos soldats connaissent vos faits et gestes et savent que la présidente Iceni a aboli les camps de travail. La deuxième catégorie de bruits laisse entendre que vous vous disposeriez à trahir Midway et sa population en vous servant du système comme d’une base pour instaurer votre propre empire syndic. Je serai franc : les soldats s’inquiètent assez de ceux-là pour que ça me mette mal à l’aise. La troisième se présente sous la forme de diverses moutures d’un projet de la présidente Iceni, qui commencerait par vous assassiner et éliminer vos forces terrestres afin de s’assurer le trône de Midway. »

Drakon eut un rire tranchant. « Comment est-elle censée y parvenir ? Avec l’aide d’une milice planétaire ?

— Non, mon général. C’est ce qu’il y a de plus fourbe dans ces on-dit. Ils affirment qu’une partie de nos forces terrestres, des unités entières ou seulement des officiers, trahiront les autres et soutiendront Iceni. » Les lèvres de Rogero se retroussèrent en un rictus. « Si bien qu’elles distillent de la méfiance à la fois envers la présidente et nos camarades.

— Futé, admit Drakon. Je ne crois pas un instant que la présidente médite un tel forfait, mais ces bruits sont suffisamment bien tournés pour engendrer crainte et suspicion. »

Rogero inspira profondément, expira puis fixa Drakon d’un œil perçant. « Êtes-vous bien certain que la présidente ne tentera pas de vous éliminer ? Il y a déjà eu plusieurs attentats dirigés contre vous et moi.

— Je sais. » Au tour de Drakon de se fendre d’un sourire sans gaieté. « Mais, si la présidente Iceni complotait réellement de me faire assassiner, nous n’en entendrions pas parler. Elle en donnerait l’ordre et je ne serais plus. Elle a ce don. En outre, je sais pouvoir me fier à vous. Vous sauriez déceler tout complot échafaudé par les soldats de votre brigade.

— Merci, mon général. Vous pouvez également vous fier au colonel Gaiene, vous savez. Il ne surveille peut-être pas d’aussi près que moi ce qui se passe dans sa propre brigade, mais son second s’en charge pour lui.

— Et le colonel Kaï a toujours été loyal », fit remarquer Drakon.

Rogero sourit jusqu’aux oreilles. « Vous pouvez compter sur lui, mon général. Vous trahir exigerait de sa part promptitude et intrépidité. Quand Kaï s’est-il jamais montré rapide ou imprudent ? »

Cette fois, Drakon s’esclaffa ouvertement. « C’est un roc, pour le meilleur ou pour le pire. Nul ne saurait l’ébranler. Efforcez-vous de démentir ces rumeurs, tenez-m’en informé et demandez à vos techniciens en chef de remonter jusqu’à leur source. J’aimerais assez m’entretenir avec ceux qui les font courir dans nos rangs.