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"C'est cruel," ajouta Dumbledore doucement "que toi et Sirius aient eu si peu de temps ensemble. La fin brutale de ce qui aurait du être une longue et heureuse relation."

Harry inclina la tête, les yeux résolument fixés sur une araignée qui grimpait le long du chapeau de Dumbledore. Il avait beau se dire que Dumbledore le comprenait et devait même soupçonnait que, jusqu'à l'arrivée de la lettre, Harry avait passé presque tout son temps chez les Dursley, allongé sur son lit, refusant de manger, et regardant fixement la fenêtre embrumée, la tête vide et glacée. Toutes ces réactions étaient associées généralement à l'approche des détraqueurs.

"C'est seulement très dur," finit-il par dire, d'une petite voix, " de réaliser qu'il ne m'écrira plus jamais !"

Ses yeux le brûlèrent soudain et il cligna plusieurs fois des paupières. Il se sentait stupide de l'admettre, mais le fait de savoir que quelqu'un à l'extérieur de Poudlard s'inquiétait de lui, presque comme un parent, avait été l'une des meilleures choses qu'il ait connue avec son parrain… et, désormais, les hiboux postaux ne lui apporteraient plus jamais de réconfort …

"Sirius représentait beaucoup pour toi. Bien plus que tu ne l'avais réalisé avant !" reprit doucement Dumbledore. "naturellement, c'est une terrible perte…

" Mais tandis que j'étais chez le Dursley..." le coupa Harry, sa voix s'accroissant légèrement "j'ai compris que je pourrais me couper de tout, tout casser. Sirius n'aurait pas voulu cela, n'est-ce pas ? Et de toute façon, la vie est si courte... Regardez Mrs Bones ou bien Emmeline Vance… ça pourrait être moi le suivant, n'est-ce pas ? Mais si c'était le cas," ajouta-t-il fièrement, en toisant directement les yeux bleus de Dumbledore qui brillaient à la lumière de sa baguette " Je m'assurerais que j'emporterai avec moi dans la mort le plus possible de Mangemorts, et Voldemort en plus si j'en suis capable."

"Tu parles exactement comme le digne fils de ta mère et de ton père et comme le véritable filleul de Sirius !" approuva Dumbledore, en donnant une tape dans le dos de Harry. " Je te tire mon chapeau… ou plutôt je le ferais si je n'avais pas peur de te couvrir d'araignées.

"Et maintenant, Harry, pour passer à un autre sujet... Je présume que tu as lu le Gazette du Sorcier de ces deux dernières semaines ?"

"Oui" répondit Harry, et les battements de son cœur devinrent un peu plus rapides.

"Alors tu auras vu qu'il n'y a pas eu tellement de fuites au sujet de ton aventure au département des prophéties ?"

"Oui" dit encore Harry " Et maintenant chacun sait que je suis celui…"

"Non, ils ne savent rien !" l'interrompit Dumbledore. " Il n'y a que deux personnes au monde qui connaissent le contenu exact et complet de la prophétie faite sur toi et sur Lord Voldemort, et ils se tiennent tous deux en ce moment même dans un minuscule hangar à balai plein de toiles d'araignées. Cependant, il est exact, que beaucoup de personnes ont deviné, avec justesse, que Voldemort avait envoyé ses Mangemorts voler une prophétie, et que celle-ci te concernait.

"De plus, je pense avoir raison si je dis que tu n'en as parlé à personne ?"

"Oui".

"Une sage décision, dans l'ensemble !" approuva Dumbledore. "Bien que je pense que tu doives faire une exception pour tes amis, Mr Ronald Weasley et Miss Hermione Granger. Oui," continua-t-il, quand Harry le regarda, "je pense qu'ils doivent savoir. Tu leur rends un mauvais service en ne leur confiant pas quelque chose d'aussi important !."

"Je ne voulais pas…"

"… les inquiéter ou les effrayer ?" poursuivit Dumbledore, examinant Harry par-dessus ses lunettes demi-lune. "Ou peut-être, cela t'empêchait d'admettre toi-même que tu es inquiet et effrayé ? Tu as besoin de tes amis, Harry. Pour toi et parce que Sirius n'aurait pas voulu que tu te refermes ainsi."

Harry ne dit rien mais Dumbledore ne semblait pas attendre de réponse. Il continua " Sur un autre sujet, bien qu'il soit lié, je souhaite que tu prennes des leçons privées avec moi cette année."

"Privées… avec vous ?" s'exclama Harry, en sortant de son silence préoccupé.

"Oui. Je pense qu'il est temps que je prenne un peu en main ton éducation."

"Que voulez-vous m'enseigner, professeur ?"

"Oh, un petit peu de ci, un petit peu de ça," répondit évasivement Dumbledore.

Harry attendit un peu, mais Dumbledore ne semblait pas vouloir s'étendre, aussi osa-t-il lui demander autre chose qui le tracassait légèrement.

"Si je prends des leçons avec vous, je n'aurai plus de leçons d'Occlumencie avec Rogue ?"

''Professeur Rogue, Harry… et bien non, tu n'en auras plus."

"Ouf !" soupira Harry de soulagement, "parce que c'était un…"

Il s'arrêta, n'osant pas dire ce qu'il pensait vraiment.

"Je pense que le mot 'fiasco' serait très adapté en l'occurrence !" confirma Dumbledore, en inclinant la tête.

Harry sourit.

" Bien, alors je ne verrai plus beaucoup le Professeur Rogue ! parce qu'il ne voudra me laisser continuer le cours de potions à moins que je n'obtienne la mention "Optimal" aux buses, et comme je ne pense pas l'avoir…"

"Ne compte pas tes buses avant qu'elles ne soient livrées !" dit gravement Dumbledore. "D'ailleurs à ce propos, les résultats devraient arriver aujourd'hui vers une heure. Enfin, deux dernières choses, Harry, avant de quitter ce palace.

"Premièrement, je souhaite que tu gardes en permanence ta cape d'invisibilité sur toi tout le temps à partir de maintenant. Même dans Poudlard. Juste pour le cas où, tu me comprends ?"

Harry acquiesça.

"Et pour finir, tant que tu restes ici, le terrier est couvert par la protection la plus élevée que le ministère de la magie puisse fournir. Ces mesures ont causé certains dérangements à Arthur et à Molly - tout leur courrier, par exemple, transite par le ministère avant d'être envoyé. Ils ne s'en formalisent pas car leur préoccupation première est de te savoir en sécurité. Cependant, ce serait un mauvais remerciement si tu risquais ta vie en étant chez eux."

"Je comprends !" le rassura immédiatement Harry.

"Très bien, alors allons-y !" dit Dumbledore, forçant la porte du hangar à balais à s'ouvrir un peu plus et avançant dehors dans la cour. "Je vois de la lumière dans la cuisine. Ne privons pas davantage Molly du plaisir de déplorer à quel point tu es mince."

Chapitre 5 : un excès de flegme

Harry et Dumbledore s'approchèrent de la porte arrière du terrier, encadrée de l'étalage familier des vieilles bottes de Wellington et des chaudrons rouillés. Harry pouvait entendre des poulets endormis glousser doucement dans un hangar voisin. Dumbledore frappa trois fois et Harry vit quelque chose soudainement bouger derrière la fenêtre de la cuisine.

"Qui est là?" demanda une voix nerveuse qu'il reconnut comme celle de Mrs. Weasley. "Annoncez-vous!"

"C'est Dumbledore et Harry."

La porte s'ouvrit immédiatement. Mme Weasley se tenait là, petite, dodue, et portant une vieille robe de ménage verte.

" Cher Harry! Merci, Albus, tu m'as fais peur, tu m'avais dit de ne pas vous attendre avant demain matin!"

"Nous avons eu de la chance !" dit Dumbledore, conduisant Harry à l'intérieur. "Slughorn s'est montré beaucoup plus persuasif que je ne l'espérais. Grâce à Harry, bien sûr. Ah, bonjour, Nymphadora!"

Harry regarda tout autour et vit que Mrs Weasley n'était pas seule, en dépit de l'heure tardive. Une jeune sorcière au visage pâle en forme de cœur et aux cheveux bruns était assise à table tenant une grande tasse entre les mains.