Elle l'observait comme si elle attendait que des symptômes étranges se manifestent à tout instant. Elle changea à la hâte de dispositions et adressa à Harry un sourire douteux.
"Non, naturellement pas ! Ainsi, Slughorn te semble-t-il pouvoir faire un bon professeur ?"
"Je ne sais pas." dit Harry. "Il ne peut pas être pire que Ombrage, non ?"
"Je connais quelqu'un qui est pire que Ombrage !" clama une voix près de la porte. La jeune sœur de Ron pénétra dans la chambre, passablement énervée. "Bonjour, Harry."
"Qu'est-ce qui t'arrive ?" demanda Ron.
"C'est elle !" dit Ginny, se jetant sur le lit de Harry. "elle me rend folle !"
"Qu'a-t-elle encore fait ?" se renseigna gentiment Hermione.
"C'est la manière dont elle me parle… on dirait que j'ai environ trois ans!"
"Je sais !" approuva Hermione, laissant tomber sa voix. "Elle est si imbue d'elle-même."
Harry était étonné d'entendre Hermione parler ainsi de Mrs Weasley et ne pouvait pas blâmer Ron de dire avec colère "Ne peux-tu pas l'oublier pendant cinq secondes ?"
"Oh, c'est bien ! défends-la !" lui jeta Ginny. "Nous savons tous que tu ne peux pas obtenir ce que tu veux d'elle !"
C'était un commentaire désagréable impossible à faire sur la mère de Ron.
Commençant à croire qu'il avait loupé quelque chose, Harry dit "De qui es-tu.... ?"
Mais sa question eut une réponse, avant même qu'il put finir de la poser.
La porte de la chambre s'ouvrit encore une fois en grand, et Harry tira instinctivement sur lui ses couvertures jusqu'au menton, si fort que Hermione et Ginny glissèrent du lit sur le plancher.
Une jeune femme se tenait dans l'encadrement de la porte, une femme d'une beauté réellement stupéfiante au point que la chambre semblait étrangement privée d'air. Elle était grande et élancée avec de longs cheveux blonds qui semblaient rayonner d'une faible lueur argentée. Pour compléter cette image de la perfection, elle portait un plateau copieusement recouvert d'un petit déjeuner.
"Harry !" fit-elle d'une voix gutturale. "ça fait longtemps!"
Pendant qu'elle franchissait le seuil, Mrs Weasley arriva, dans son sillage, regardant plutôt de travers.
"Il n'y avait pas besoin d'apporter le plateau, j'étais sur le point de le faire moi-même!"
"Cela ne m'a pas gêné !" assura Fleur Delacour, en posant le plateau en travers des genoux de Harry et en l'embrassant sur les deux joues. Il avait l'impression que les endroits où sa bouche l'avait touché le brûlaient. "Je suis venue désirant ardemment te voir. Tu te rappelles ma sœur, Gabrielle ? Elle ne cesse jamais de parler de Harry Potter. Elle sera enchantée de te revoir."
"Oh... elle est aussi ici ?" coassa Harry.
"Non, non, garçon idiot !" le taquina Fleur, avec un rire clair "Je la verrai l'été prochain, quand nous... mais tu ne sais pas ?"
Ses grands yeux bleus s'élargirent et regardèrent, avec reproches, Mrs Weasley qui s'excusa "Nous n'avons pas encore eu le temps de lui apprendre la nouvelle !"
Fleur se retourna vers Harry, faisant osciller ses longs cheveux argentés de sorte qu'ils fouettèrent le visage de Mrs Weasley.
"Bill et moi allons nous marier!"
"Oh !" exprima Harry tout blanc. Il n'était pas aidé par les regards de Mrs Weasley, d'Hermione, et de Ginny qui l'évitait avec détermination. "Wouah.
Heu... félicitations !"
Elle lui sauta au coup et l'embrassa une nouvelle fois.
"Bill est très occupé en ce moment, son travail est très dur, et je travaille seulement à mi-temps chez Gringott pour perfectionner mon anglais, ainsi il m'a amené pendant quelques jours pour bien faire connaissance avec sa famille. Ça m'a fait plaisir d'apprendre que tu allais venir... ici il n'y a pas grand chose à faire d'autre que la cuisine! Bon… profite bien de ton petit déjeuner, Harry !"
Sur ces mots elle se tourna avec élégance et sembla s'envoler hors de la chambre, en fermant la porte tranquillement derrière elle.
Mme Weasley fit un bruit qui ressemblait à "tchah!"
"Maman la déteste !" souligna Ginny tranquillement.
"Je ne la déteste pas!" soupira Mrs Weasley. "Je pense juste qu'ils ont fait un peu trop vite, c'est tout !"
"Ils se connaissent depuis un an !" remarqua Ron, qui était curieusement chancelant et regardait fixement la porte fermée.
"Bien, ce n'est pas très longtemps ! Je sais pourquoi ça se passe comme ça, naturellement. Tout est incertain depuis le retour de Tu-Sais-Qui, les gens pensent qu'ils pourraient être mort demain, aussi précipitent-ils toutes les décisions qui prendraient normalement plus de temps. C'était la même chose quand il était tout puissant, les gens faisaient un pas à gauche, à droite, et au milieu… "
"Comme toi et papa !" sourit Ginny.
" Oui, bien, votre père et moi on était fait l'un pour l'autre, ce n'était pas la peine d'attendre ?" répliqua Mrs Weasley. " Considérant que Bill et Fleur...
bien... qu'ont-ils vraiment en commun ? Lui c'est un acharné du travail, comme une fourmi, quant à elle..."
"Une vache !" termina Ginny "Mais Bill n'est pas une fourmi. C'est un joli-coeur, il aime un peu d'aventure, un peu de charme… Je pense que c'est la raison qui l'a attiré vers Flegme."
"Arrête de l'appeler comme ça, Ginny !" se fâcha Mrs. Weasley, alors que Harry et Hermione riaient. " Bien, ça finira par aller mieux… mange tes œufs tant qu'ils sont chauds, Harry."
Regardant le sol, elle quitta la chambre. Ron semblait toujours légèrement hébété. Il secouait sa tête exactement comme un chien qui essaye de débarrasser ses oreilles pleines d'eau.
"Vous ne savez pas combien de temps elle va rester dans cette maison?"
demanda Harry.
"Bien... tu…" bafouilla Ron, "Si elle ne saute pas inopinément, comme tout à l'heure…"
"C'est pathétique !" grogna Hermione furieusement, s'éloignant autant que possible de Ron se tournant pour lui faire face les bras pliés une fois qu'elle eut atteint le mur.
"Tu n'espère pas vraiment qu'elle reste ici pour toujours ?" demanda Ginny à Ron incrédule. Quand il fit simplement un geste, elle ajouta
"Maman va mettre un frein à toute cette affaire, je te le parie !"
"Comment pourrait-elle s'y prendre ?" demanda Harry.
"Elle continue à essayer de retenir Tonks avec nous pour le dîner. Je pense qu'elle espère que Bill laissera tombé l'autre pour Tonks. Je l'espère, je l'accueillerais plus volontiers dans la famille."
"Oui, c'est du beau travail !" railla Ron " Écoutez-moi ça, aucun type en pleine possession de ses moyens ne choisirait d'aimer Tonks quand Fleur est dans les parages. Je veux dire, Tonks est tout à fait bien quand elle ne fait rien subir de stupide à ses cheveux et à son nez, mais… "
" C'est une fichue gentille fille ! bien plus que Flegme ? coupa Ginny.
"Et elle est bien plus intelligente, c'est un Auror !" ajouta Hermione de son coin.
" Fleur n'est pas stupide, elle était assez bonne pour participer au tournoi des trois sorciers ! "fit remarquer Harry.
"Non, pas toi aussi !" reprit Hermione amèrement.
"Je suppose que tu aimes bien quand Flegme te dit "Harry !" ?" ajouta Ginny.
"Non !" Harry aurait préféré n'avoir rien dit, "Je faisais juste un constat, Flegme… Je veux dire, Fleur… "
"Je préférerais de beaucoup avoir Tonks dans la famille !" insista Ginny.
"Au moins elle sait rire !"
"Elle n'a pas beaucoup ri récemment." dit Ron. "Chaque fois que je l'ai vue, elle ressemblait à un crapaud mort !"
"Ce n'est pas juste !" le coupa Hermione. "Elle n'a toujours pas surmonté ce qui s'est passé… tu sais… je veux dire, c'était son cousin!"
Le cœur de Harry se souleva. Ils en étaient arrivés à Sirius. Il prit une fourchette et commença à se fourrer des œufs brouillés dans la bouche, espérant trouver un dérivatif à la présente conversation.