Les yeux bleus de Dumbledore balayèrent la salle au-dessus des étudiants avant de se remettre à sourire.
"Mais maintenant, vos lits vous attendent, aussi chaud et confortable que vous pourriez probablement le souhaiter, et je sais que la première priorité est de bien vous reposer pour vos leçons demain. Disons-nous donc bonne nuit. Hip hip hip!"
Avec le bruit de frottement habituel, les bancs s'écartèrent et les centaines d'étudiants commencèrent à sortir de la grande salle pour se diriger vers leurs dortoirs. Harry, qui n'était aucunement pressé de partir avec la foule béate, ni de passer assez près de Malefoy pour lui permettre de raconter de nouveau l'histoire de l'emboutissage du nez, traînait derrière, feignant de refaire le lacet sur sa basket, permettant à la majeure partie des Gryffondor de se retirer avant lui. Hermione s'était élancée en avant pour accomplir son devoir de préfet pour escorter les premières années, mais Ron était resté avec Harry.
“ Alors, qu'est-il arrivé à ton nez?" demanda-t-il, une fois qu'ils furent très en arrière de la multitude, et loin des oreilles de n'importe qui d'autre. Harry le lui dit. C'était la marque de la force de leur amitié que Ron ne se mit pas à rire.
“J'ai vu Malefoy mimer quelque chose qui avait un rapport avec un nez."
Fit-il sombrement.
"Ouais, bien, ne t'occupe pas de ça !" répliqua Harry amèrement. "Écoute plutôt ce qu'il disait avant qu'il ne comprenne que j'étais là…"
Harry avait prévu que Ron croirait que Malefoy se vantait. Harry considéra que c'était par obstination pure que Ron continuait à ne pas être impressionné.
"Allons, Harry, il faisait juste le m'as-tu vu devant Parkinson.... Quel genre de mission Tu-Sais-Qui lui aurait donné ?"
"Comment pouvez savoir si Voldemort n'a pas besoin de quelqu'un à Poudlard ? Ce ne serait pas le premier…"
"Je souhaite que tu arrête de dire son nom comme ça, Harry !" fit une voix lourde de reproches derrière eux. Harry regarda par-dessus son épaule pour voir Hagrid secouer la tête.
"Dumbledore utilise ce nom." indiqua Harry obstinément.
"Ouais, mais c'est Dumbledore, n'est ce pas?" soupira Hagrid mystérieusement.
"Comment se fait-il que tu sois arrivé si tard, Harry ? J'étais inquiet."
"J'ai été retenu dans le train." Dit Harry. "Et vous pourquoi étiez-vous en retard?"
"J'étais avec Graup." rayonna Hagrid. " Je n'ai pas perdu mon temps. Il a une nouvelle maison dans les montagnes maintenant, Dumbledore lui a préparé… une grande et belle caverne. Il est beaucoup plus heureux qu'il n'était dans la forêt. Nous étions en pleine causerie."
"Vraiment ?" s'étonna Harry, faisant attention de ne pas attirer l'attention de Ron. la dernière fois qu'il avait rencontré le demi-frère de Hagrid, un géant méchant avec du talent pour déraciner les arbres, son vocabulaire ne comportait que cinq mots, dont deux qu'il ne pouvait pas prononcer correctement.
"Oh oui, il s'y est vraiment mis !" s'enthousiasma Hagrid fièrement "C'est stupéfiant. J'envisage de le former pour devenir mon assistant."
Ron s'étrangla de rire, mais il parvint à le faire passer pour un éternuement violent. Ils se tenaient maintenant près des portes d'entrée en chêne. " Quoi qu'il en soit, Je vous verrai demain. Les premières leçons commencent après le petit déjeuner. Venez tôt et vous pourrez dire bonjour à Buck — Je veux dire, Witherwings!”
Soulevant un bras dans un joyeux signe d'adieu, il se dirigea vers l'extérieur dans l'obscurité. Harry et Ron se regardèrent l'un l'autre. Harry pouvait parier que Ron éprouvait le même sentiment de chute que lui-même.
"Tu ne prends pas soin aux créatures magiques ?"
Ron secoua la tête. "Et toi non plus ?"
Harry secoua aussi la tête.
"Et Hermione," demanda Ron, "non plus ?"
Harry secoua encore une fois la tête. Que dirait exactement Hagrid quand il réaliserait que ses trois étudiants préférés avaient abandonné sa matière ? il préférait ne pas y penser.
Chapitre 9 : Le prince de sang mêlé
Harry et Ron rencontrèrent Hermione dans la salle commune, avant l'heure du petit déjeuner. Espérant se sentir soutenu dans sa théorie, Harry n'avait perdu aucune temps pour répéter à Hermione ce que Malefoy avait dire dans le Poudlard-express.
"Mais il était visiblement très occupé par Parkinson, n'est-ce pas ?"
s'exclama vivement Ron, avant qu'Hermione ait pu dire quelque chose.
"Évidemment !" dit-elle, pas encore convaincue "Je ne sais pas. Ce serait bien le genre de Malefoy de se montrer plus important qu'il n'est… mais ce serait un tel mensonge à faire… "
"Exactement," poursuivit Harry, mais il ne pouvait pas insister davantage, car beaucoup de personnes essayaient d'écouter leur conversation en plus du fait qu'ils le regardaient et chuchotaient dans leur barbe.
"C'est grossier de montrer du doigt !" lança Ron en s'adressant à un garçon particulièrement minuscule de première année qu'ils avaient rejoint dans la file qui attentait de se faufiler par le trou de portrait. Le garçon, qui avait murmuré quelque chose sur Harry à son copain, devint écarlate, se retourna promptement et s'extirpa très vite du trou. Ron rit sous cape. "Je suis content d'être en sixième année. Nous aurons plus du temps libre cette année. Des périodes entières durant lesquelles nous pourrons juste nous asseoir et nous détendre."
"Nous allons avoir besoin de ces moments pour étudier, Ron !" répliqua Hermione, comme ils arrivaient de l'autre côté du couloir.
"Ouais, mais pas aujourd'hui," dit Ron. "Aujourd'hui sera un vrai jour de repos, j'y compte bien."
" Regardez-moi ça !" dit Hermione, en projetant son bras pour stopper une élève de quatrième année qui essayait de passer devant elle à l'aide un disque jaune-vert étroitement tenu dans sa main. "les frisbees à crocs sont interdits, ouvre ta main !" le gronda-t-elle sévèrement. Le garçon de mauvaise humeur lâcha le féroce le frisbee, dégagea son bras, et retourna auprès de ses amis. Ron attendit qu'il disparaisse, puis prit le frisbee de la main d'Hermione.
"Excellent, j'ai toujours voulu en avoir un comme ça !"
La remontrance d'Hermione fut étouffée par un fort rire bébête. Lavande Brown avait apparemment trouvé la réflexion de Ron hautement amusante.
Elle continuait à rire en les dépassant, jeter un coup d'œil en arrière sur Ron par-dessus son épaule. Ron semblait plutôt satisfait de lui.
Le plafond du grand Hall était bleu clair et strié par quelques nuages frêles et minces, un peu comme des carrés de ciel visible à travers de hautes fenêtres à meneaux. Tandis qu'ils se servaient de porridge d'œufs et de bacon, Harry et Ron parlèrent à Hermione de leur conversation gênante avec Hagrid la veille au soir.
"Mais il ne peut quand même pas raisonnablement penser que nous allons continuer le cours de soins aux créatures magiques !" s'exclama-t-elle, affligée. "Je veux dire, quelqu'un d'entre nous a-t-il exprimé. . . vous savez. ..
un quelconque enthousiasme ?"
"C'est bien de lui !" dit Ron, avalant un œuf sur le plat tout entier. "Nous sommes ceux qui avons fait le plus d'effort dans les classes parce que nous aimons bien Hagrid. Mais, du coup, il pense que nous aimions cette matière stupide. Vous en connaissez qui veulent aller au ASPIC?"
Ni Harry ni Hermione ne répondit. Ce n'était pas nécessaire. Ils savaient parfaitement qu'aucun élève de leur année ne voulait continuer les cours de soins aux créatures magiques. Ils évitèrent les coups d'œil de Hagrid et lui renvoyèrent un vague sourire sans enthousiasme quand ils le virent à la table des professeurs dix minutes plus tard.