– Et Bill lui donne beaucoup de leçons particulières, ricana Fred.
– Charlie aussi est membre de l’Ordre, précisa George, mais il est toujours en Roumanie. Dumbledore veut recruter le plus grand nombre possible de sorciers étrangers, alors Charlie essaye d’établir des contacts pendant ses jours de congé.
– Et Percy, il ne pourrait pas faire ça ? demanda Harry.
La dernière fois qu’il avait entendu parler de lui, le troisième des frères Weasley travaillait au Département de la coopération magique internationale, au ministère de la Magie.
En entendant sa question, les Weasley et Hermione, l’air sombre, échangèrent des regards éloquents.
– Quoi qu’il arrive, ne prononce jamais le nom de Percy devant maman ou papa, dit Ron à Harry, la voix tendue.
– Pourquoi ?
– Parce que chaque fois qu’on parle de Percy, papa casse ce qui lui tombe sous la main et maman se met à pleurer, répondit Fred.
– C’est une histoire affreuse, dit tristement Ginny.
– On en a tous assez de lui, déclara George, avec une expression hostile qui ne lui était pas familière.
– Qu’est-ce qui s’est passé ? interrogea Harry.
– Percy et papa se sont disputés, expliqua Fred. Je n’avais jamais vu papa se disputer comme ça avec qui que ce soit. D’habitude, c’est maman qui se charge de crier.
– Ça s’est passé à la fin de l’année scolaire, dit Ron. Nous devions venir rejoindre l’Ordre. Percy est arrivé à la maison et nous a annoncé qu’il avait eu une promotion.
– Tu plaisantes ? dit Harry.
Il savait à quel point Percy était ambitieux, mais il lui semblait qu’il n’avait pas très bien réussi dans son premier emploi au ministère de la Magie. Percy avait commis une assez considérable bévue en ne s’apercevant pas que son chef était tombé sous le contrôle de Lord Voldemort (d’ailleurs, les gens du ministère ne l’avaient pas cru non plus, ils pensaient tous que Mr Croupton était simplement devenu fou).
– Oui, nous avons tous été surpris, dit George, car Percy s’était attiré beaucoup d’ennuis dans l’affaire Croupton, il y a eu une enquête et tout ça. Ils ont dit que Percy aurait dû se rendre compte que Croupton déraillait et en informer les instances supérieures. Mais tu connais Percy, Croupton lui avait confié la direction du département, il n’allait pas s’en plaindre.
– Alors comment se fait-il qu’il ait eu une promotion ?
– C’est précisément la question que nous nous sommes posée, dit Ron qui semblait ravi d’avoir une conversation normale, maintenant que Harry avait cessé de hurler. Il était très content de lui quand il est revenu à la maison – encore plus content que d’habitude, si c’est possible – et il a annoncé à papa qu’on lui avait offert un poste dans le bureau même de Fudge. Un excellent job pour quelqu’un sorti de Poudlard depuis seulement un an : assistant du ministre. Il pensait que papa serait impressionné.
– Mais il ne l’était pas du tout, dit Fred d’un air sinistre.
– Et pourquoi ? demanda Harry.
– Apparemment, Fudge avait fait une descente dans tous les bureaux du ministère pour s’assurer que plus personne n’avait de contact avec Dumbledore, répondit George.
– Ces temps-ci, le nom de Dumbledore est haï au ministère, dit Fred. Ils sont tous persuadés qu’il cherche à semer la pagaille en prétendant que Tu-Sais-Qui est de retour.
– Papa dit que Fudge a bien fait comprendre que les alliés de Dumbledore, quels qu’ils soient, peuvent tout de suite prendre la porte, expliqua George.
– L’ennui, c’est que Fudge soupçonne papa. Il sait qu’il est ami avec Dumbledore et il a toujours pensé que papa était quelqu’un d’un peu bizarre à cause de sa passion pour les Moldus.
– Mais quel est le rapport avec Percy ? s’étonna Harry, un peu désorienté.
– J’y viens. Papa pense que Fudge veut prendre Percy auprès de lui dans le seul but de s’en servir pour espionner la famille – et Dumbledore par la même occasion.
Harry émit un léger sifflement.
– J’imagine que ça a dû faire plaisir à Percy.
Ron eut un rire jaune.
– Il est devenu fou de rage. Il a dit… il a dit tout un tas de choses horribles. Que depuis son arrivée au ministère, il avait dû se battre contre l’exécrable réputation de papa, que papa n’avait aucune ambition et que c’était pour ça que nous avions toujours été… enfin, je veux dire… qu’on n’avait jamais eu beaucoup d’argent…
– Quoi ? s’exclama Harry, incrédule, tandis que Ginny laissait échapper un grondement de chat furieux.
– Je sais, dit Ron à voix basse. Et c’est devenu encore pire. Il a dit que papa était idiot de fréquenter Dumbledore, que Dumbledore allait avoir de graves ennuis, et qu’il entraînerait papa dans sa chute et que lui – Percy – savait où était la loyauté, qu’elle était du côté du ministère. Et si maman et papa devaient trahir le ministère, il s’arrangerait pour que tout le monde sache qu’il n’appartenait plus à notre famille. Là-dessus, il a fait ses valises et il est parti le soir même. Maintenant, il vit ici, à Londres.
Harry murmura un juron. Parmi tous les frères de Ron, Percy était celui qu’il aimait le moins mais il n’aurait jamais imaginé qu’il puisse dire des choses pareilles à Mr Weasley.
– Maman était dans un bel état, dit Ron, elle n’arrêtait pas de pleurer. Elle est allée à Londres pour essayer de parler à Percy mais il lui a claqué la porte au nez. Je me demande ce qu’il fait quand il croise papa dans les couloirs du ministère – il détourne la tête, j’imagine.
– Mais Percy sait sûrement que Voldemort est de retour, dit lentement Harry. Il n’est pas idiot, il se doute bien que ton père et ta mère ne prendraient pas tous ces risques sans avoir de preuves.
– Ouais, et c’est là que ton nom est apparu dans la dispute, répondit Ron en jetant à Harry un regard furtif. Percy dit que la seule preuve qu’on ait, c’est ta parole et… enfin… il ne pensait pas que ce soit suffisant.
– Percy croit ce qui est écrit dans La Gazette du sorcier, dit Hermione d’un ton amer.
Les autres acquiescèrent d’un signe de tête.
– De quoi parlez-vous ? demanda Harry en les regardant tour à tour.
Ils eurent tous l’air gêné.
– Tu… tu ne recevais pas La Gazette du sorcier ? demanda Hermione, mal à l’aise.
– Si, bien sûr ! répondit Harry.
– Et tu… tu l’as lue attentivement ? poursuivit-elle, de plus en plus anxieuse.
– Pas de la première à la dernière ligne, répondit Harry sur la défensive. S’ils avaient eu quelque chose à dire sur Voldemort, la nouvelle aurait fait les grands titres, non ?
Les autres tressaillirent en entendant prononcer le nom.
– Si tu ne la lisais pas en entier, tu ne pouvais rien remarquer, reprit précipitamment Hermione. En tout cas, ils ont… heu… parlé de toi environ deux fois par semaine.
– Je m’en serais aperçu…
– Pas si tu te contentais de lire la première page, dit-elle en hochant la tête. C’étaient de simples allusions, pas de grands articles. Une sorte de plaisanterie à répétition.
– Qu’est-ce que tu… ?
– En fait, ils sont assez méchants, dit Hermione qui s’efforçait de parler d’une voix calme. Ils se servent des histoires de Rita.
– Mais elle n’écrit plus pour eux ?
– Oh non, elle a tenu sa promesse – d’ailleurs, elle n’avait pas le choix, ajouta Hermione avec satisfaction. Mais elle a jeté les bases de ce qu’ils font maintenant.