À sa grande surprise, le professeur Trelawney se redressa à cette suggestion, l'air hautain.
"Le directeur m'a suggéré qu'il préférerait recevoir moins de visites de ma part !" dit-elle froidement. "Je ne suis pas de ceux qui imposent leur compagnie à ceux qui ne l'apprécient pas. Si Dumbledore choisit d'ignorer les avertissements que les cartes indiquent… "
Sa main osseuse se refermée soudain autour du poignet de Harry.
"À plusieurs reprises, quelle que soit la façon dont je les étale…"
Et elle tira une carte de sous ses châles.
"… la tour frappée par la foudre," chuchota-t-elle. "Calamité. Désastre.
Presque sur l'heure… "
"D'accord" redit Harry. "Bon… Je pense toujours que vous devriez parler à Dumbledore de cette voix, de l'obscurité et qu'on vous a jeté de la salle… "
"Tu le pense ?"
Le professeur Trelawney sembla examiner la question pendant un moment, et Harry pouvait dire qu'elle appréciait l'idée de répéter sa petite aventure.
"Je vais le voir immédiatement." dit Harry. "J'ai une réunion avec lui.
Nous pourrions y aller ensemble."
"Oh, bien, dans ce cas…" fit le professeur Trelawney avec un sourire. Elle se pencha, souleva ses bouteilles de xérès et les vida sans cérémonie dans un grand vase bleu et blanc se tenant à proximité.
"Tu me manques dans ma classe, Harry," continua-t-elle, comme ils s'éloignaient ensemble. "Tu ne voyais pas grand chose… mais tu étais un sujet merveilleux…"
Harry ne répondit pas. Il avait détesté être l'objet des prévisions désastreuses et continuelles du professeur Trelawney.
"J'ai bien peur," continua-t-elle "que le petit cheval - je suis désolé, le centaure - ne connaisse rien de la cartomancie. Je lui ai demandé si - d'un voyant à l'autre - il n'avait pas senti, lui aussi, les vibrations lointaines de la prochaine catastrophe ? Mais il a semblé me trouver presque comique. Oui, comique !"
Sa voix monta de façon hystérique et Harry sentit un relent puissant de xérès quoique les bouteilles aient été laissées.
"Peut-être que le cheval a entendu que les gens disent que je n'ai pas hérité des dons de ma grand-grand-grand-mère. Ces rumeurs ont circulées dans les environs, difusées par des jaloux, pendant des années. Tu sais ce que je dis à de telles personnes, Harry ? Dumbledore m'aurait-il laissée enseigner dans cette grande école, s'il n'avait pas eu confiance en moi, durant toutes ces années ?"
Harry marmonna quelque chose d'indistinct.
"Je me rappelle ma première entrevue avec Dumbledore," poursuivit le professeur Trelawney, avec une voix gutturale. "Il a été profondément impressionné, naturellement, profondément marqué… J'étais à la Tête de Sanglier, que je ne conseille pas, par ailleurs - plein de cafards, cher garçon -
mais je manquais d'argent. Dumbledore m'a fait la courtoisie de m'inviter dans sa chambre à l'auberge. Il m'a interrogé…Je dois admettre que, au début, j'ai pensé qu'il semblait mal disposé envers la divination… et je me rappelle que je commençais à sentir un peu un mal, je n'avais pas mangé beaucoup ce jour là… et puis… "
Et alors, pour la première fois, Harry prêta une grande attention aux propos du professeur Trelawney, parce qu'il savait ce qui s'était produit alors : elle avait fait la prophétie qui avait changé le cours de sa vie toute entière, la prophétie sur lui et Voldemort.
"... mais alors nous avons été insolemment interrompus par Severus Rogue!"
"Quoi ?"
"oui, il y a eu de l'agitation de l'autre côté de la porte et elle s'est ouverte en grand. Ce grossier barman tenait Rogue, qui tergiversait à propos d'une erreur en haut des escaliers, mais je pense plutôt qu'il avait écouté clandestinement mon entrevue avec Dumbledore, avant d'être appréhendé -
tu vois, il cherchait lui-même du travail alors, et aucun doute n'inclinait à penser qu'il serait pris ! Bien, après ça, tu sais, Dumbledore a semblé beaucoup plus disposé à me donner un travail, et je ne pouvais pas m'empêcher de penser, Harry, que c'était parce qu'il appréciait le contraste très net entre mes propres façons discrètes, mon talent silencieux, en comparaison de l'initiative, poussant ce jeune homme, disposé à écouter par le trou de la serrure… Harry, mon cher ?"
Elle regarda en arrière, seulement quand elle se rendit compte que Harry n'était plus avec elle. Il s'était arrêté de marcher et ils étaient maintenant à dix pieds l'un de l'autre.
"Harry ? répéta-t-elle perplexe.
Peut-être que son visage était blanc, pour provoquer un tel regard aussi consterné et effrayé. Harry s'était figé sous le choc et se sentait comme si des vagues se brisaient contre lui, les unes après les autres, effaçant tout excepté l'information qu'il avait ignorée pendant si long…
C'était Rogue qui avait surpris la prophétie. C'était Rogue qui avait appris la nouvelle de la prophétie à Voldemort. Rogue et Peter Pettigrew ensemble qui avaient lancé la chasse de Voldemort derrière Lily, James et leur fils…
Rien n'importait d'autre à Harry, en ce moment.
"Harry ?" répéta encore le professeur Trelawney. "Harry… Je croyais que nous allions voir le directeur ensemble ?"
"Vous restez ici !" dit Harry entre ses dents.
"Mais, mon cher... J'allais lui dire la façon dont j'ai été assailli, dans la salle…"
"Vous restez ici !" répéta Harry en colère.
Elle semblait alarmée quand il passa en courant près d'elle, tourna au coin du couloir menant chez Dumbledore, où la gargouille montait la garde.
Harry cria le mot de passe à la gargouille et monta trois par trois les marches de l'escalier en spirale. Il ne toqua pas à la porte de Dumbledore, il la martela. Et une voix calme répondit "entrée" après que Harry se soit déjà jeté dans la salle.
Fumsek, le Phœnix le regarda, ses yeux noirs lumineux reflétaient l'or du coucher du soleil de l'autre côté de la fenêtre. Dumbledore se tenait près de la fenêtre regardant dehors, un long manteau noir de voyage dans ses bras.
"Bien, Harry, j'ai promis que tu pourrais venir avec moi."
Pendant une seconde ou deux , Harry ne comprit pas. la conversation avec Trelawney avait conduit toute sorte de choses hors de sa tête et son cerveau semblait fonctionner très lentement.
"Venir ... avec vous ... ?"
"Seulement si tu le souhaite, bien sûr !"
"Si je…"
Et alors Harry se rappela pourquoi il avait été si désireux de venir au bureau de Dumbledore en premier lieu.
"Vous en avez trouvé un ? Vous avez trouvé un Horcrux ?"
"Je le crois."
Fureur et ressentiment, choc et excitation se combattirent : pendant quelques instants, Harry ne put pas parler.
"Il est normal d'avoir peur." dit Dumbledore.
"Je ne suis pas effrayé!" répliqua Harry immédiatement, et c'était parfaitement vrai. La crainte était une émotion qu'il ne ressentait pas du tout.
"Quel Horcrux est-ce ? Où est-il ?"
" Je ne sais pas avec certitude lequel c'est - bien que je pense que nous puissions éliminer le serpent - mais je crois qu'il est probablement caché dans une caverne sur la côte à quelques milles d'ici, une caverne que j'essaye de localiser depuis longtemps : la caverne dans laquelle, par le passé, Tom Jedusor a terrorisé deux enfants de son orphelinat au moment du voyage annuel. Tu t'en souviens ?"
"Oui. Comment est-elle protégée ?"
" Je ne sais pas. J'ai des soupçons qui peuvent s'avérer entièrement faux."
hésita Dumbledore, puis il continua, "Harry, Je t'ai promis que tu pourrais venir avec moi, et je me tiens prêt pour cette promesse, mais il serait très malhonnête de ma part de ne pas t'avertir que ce sera excessivement dangereux."
"J'y vais !" dit Harry, avant même que Dumbledore ait fini parler.