"Professeur, J'ai vu dans la "gazette du sorcier" que Fudge avait été limogé..."
"C'est exact !" répondit Dumbledore, indiquant une rue sur le côté. "Il a été remplacé, comme tu le sais sûrement, par Rufus Scrimgeour, qui était précédemment le chef des Aurors."
"Est-il… Pensez-vous qu'il est bien ?" osa Harry.
"Question intéressante …" approuva Dumbledore. "Il est capable, c'est certain. Une personnalité plus décisive et plus puissante que Cornelius."
"Oui, mais je voulais dire…"
"Je sais ce que tu voulais dire. Rufus est un homme d'action et, ayant combattu les magiciens noirs la majeure partie de sa vie. Il ne sous-estime pas Lord Voldemort."
Harry attendit, mais Dumbledore n'ajouta rien sur le désaccord, rapporté par la "gazette du sorcier" qui l'opposait à Scrimgeour et il n'osa pas poursuivre sur ce sujet. Il passa donc à autre chose "Et... professeur... J'ai lu ce qu'ils disaient sur Mrs Bones."
"Oui !" fit Dumbledore tranquillement. "Une terrible perte. C'était une grande sorcière. Montons ici, je pense… aïe !"
Il s'était cogné sur sa main blessée.
"Professeur, qu'est-ce qui est arrivé à votre…?"
"Je n'ai pas le temps de te l'expliquer maintenant." L'interrompit Dumbledore. "C'est une histoire palpitante. Je veux lui rendre justice."
Il sourit à Harry, qui comprit qu'il n'était pas repoussé, et qu'il avait la permission de continuer à poser des questions.
"Professeur… J'ai reçu, par hibou, du ministère un tract sur des mesures de sécurité que nous devrions tous prendre contre les Mangemorts..."
"Oui, je l'ai reçu également !" indiqua Dumbledore, toujours souriant. "
Tu l'as trouvé utile?"
"Pas vraiment."
"Non, je ne pense pas en effet. Tu ne m'as pas demandé, par exemple, quelle est ma confiture préférée, et tu n'as pas vérifié que j'étais réellement le professeur Dumbledore et pas un imposteur."
"Je ne …" commença Harry, se demandant s'il avait été réprimandé ou pas.
"Pour le futur, Harry, c'est framboise… bien que naturellement, si j'étais un Mangemort, j'aurai commencé par rechercher ce genre de renseignement avant d'emprunter une personnalité !"
"Heu... bien ! sur ce papier, ils parlent du sort d'Inferi. Qu'est-ce que c'est exactement ? Le papier n'était pas très clair."
" Ce sont des cadavres." dit Dumbledore calmement. " Des corps morts qui ont été enchantés pour servir la magie noire. On n'a pas vu d'Inferi depuis longtemps, en tout cas, pas depuis que Voldemort était tout puissant… Il a tué assez de personnes pour en faire une armée, naturellement. C'est ici, Harry, juste ici… "
Ils étaient près d'une petite maison de pierres au milieu d'un jardin. Harry était trop occupé à digérer l'horrible image d'Inferi pour faire beaucoup d'attention au lieu, mais avant qu'ils atteignent la porte, Dumbledore s'arrêta net et Harry lui rentra dedans.
"Oh ! Oh mon cher."
Harry suivit précautionneusement son regard vers la maison et sentit son cœur s'arrêter. La porte d'entrée était entrouverte.
Dumbledore jeta un coup d'œil vers la rue. Tout semblait abandonné.
"Sort ta baguette et suis-moi, Harry.".
Il ouvrit le portillon et avança vite et silencieusement le long de l'allée, Harry sur ses talons. Là, il poussa la porte d'entrée très lentement, sa baguette magique prête à toute éventualité.
"Lumos."
Le bout de la baguette de Dumbledore s'enflamma, éclairant un vestibule étroit. Sur la gauche, s'ouvrait une autre porte. Tenant haut sa baguette, Dumbledore avança dans le salon, Harry juste derrière lui.
Une scène de complète dévastation s'offrait à leurs yeux. Une horloge contoise était brisée à leurs pieds, son cadran fendu, son pendule se trouvant plus loin comme une épée abandonnée. Un piano était renversé, ses touches répandues sur le sol. L'épave d'un lustre tombé se trouvait tout près. On voyait de nombreux coussins éventrés, perdant leurs plumes par des trous sur les côtés. Des tessons de verre et de porcelaine étaient répandus partout comme si on les avait saupoudrés sur l'ensemble de la pièce. Dumbledore leva sa baguette un peu plus haute, de sorte que la lumière puisse se réfléchir sur les murs, sur lesquels on voyait des éclaboussures d'un liquide obscurément rouge et visqueux par-dessus le papier peint. Harry respirait à petits coups pendant que Dumbledore regardait autour de lui.
"Pas joli, n'est ce pas ? Oui, quelque chose d'horrible s'est produit ici."
Dumbledore avança soigneusement vers le milieu de la salle, repoussant le lustre du pied. Harry le suivit, regardant fixement autour de lui, à moitié effrayé par ce qu'ils pourraient trouver derrière l'épave du piano ou du canapé retourné, mais nulle part, on n'apercevait trace d'un corps.
"Il y a peut-être eu une bagarre… et ils sont allés plus loin, professeur?"
suggéra Harry, essayant de ne pas penser à l'état dans lequel se trouvait une personne qui avait laissé les tâches à mi-hauteur des murs.
"Je ne pense pas !" répondit Dumbledore tranquillement, observant l'arrière d'un fauteuil rembourré près de lui.
"Vous croyez qu'il est… ?"
" Toujours ici quelque part ? Oui."
Et sans avertissement, Dumbledore comme une flèche, plongea le bout de sa baguette magique dans le coussin du fauteuil, qui hurla, "aïe!"
"Bonsoir, Horace !" salua Dumbledore, en se redressant.
Harry en était bouche bée. Un homme se faufilait par une déchirure sur l'avant du fauteuil. Cet homme était excessivement gros, chauve, vieux et se frottait le bas du ventre en louchant vers Dumbledore avec un œil triste et larmoyant.
"Il n'y avait aucun besoin de me piquer aussi fort avec ta baguette."
Grogna-t-il en se remettant sur ses pieds. "Tu m'as fait mal !"
La lumière magique se refléta sur son crâne luisant, ses yeux globuleux, son énorme moustache argentée, à la gauloise, les boutons fortement polis de la veste en velours marron qu'il portait au-dessus d'un pyjama en soie couleur lilas. Le haut de sa tête atteignait à peine le menton de Dumbledore.
"Qu'est-ce qui vous amène ?" grogna-t-il en chancelant sur ses pieds, et frottant toujours le bas de son ventre. Il semblait remarquablement peu intimidé pour un homme qui venait d'être découvert à l'intérieur d'un fauteuil.
"Mon cher Horace," dit Dumbledore, amusé, "Si les Mangemorts étaient vraiment venus te chercher, la marque des ténèbres serait visible au-dessus de la maison."
Le magicien se frappa le front avec une main .
"la marque des ténèbres" chuchota-t-il. "Je savais qu'il y avait quelque chose... ah bien ! Je n'aurais pas eu le temps de toute façon, J'en étais juste aux finitions de la tapisserie quand tu es entré ici."
Il poussa un grand soupir qui fit bouger les extrémités de sa moustache.
" Acceptes-tu que je t'apporte mon aide ?" demanda poliment Dumbledore.
"S'il te plaît !" répondit l'autre.
Ils se mirent dos à dos, un sorcier mince et grand d'un côté, l'autre petit et dodu de l'autre. Ils remuèrent leur baguette dans un même mouvement rapide.
Les meubles se replacèrent dans leur position d'origine. les lustres reprirent leur place entre ciel et terre, les plumes retournèrent dans leurs coussins, les livres déchirés se réparèrent alors qu'ils débarquaient sur leurs étagères, les lampes à huile se posèrent sur les guéridons et s'allumèrent, la collection de bibelots, de cadres et de tableaux cassés volèrent en scintillant à travers la pièce et se posèrent intacts sur un bureau , les déchirures, les fissures, et les trous se comblèrent partout, et les murs se nettoyèrent.
"Quel genre de sang était ce ?" se permit de demander Dumbledore faisant sonner la pendule contoise.
"Sur les murs ? Sang de dragon ! " cria le sorcier appelé Horace qui dans un tintement de cristal, revissait le lustre au plafond.