"Quelle était votre maison ?"
"J'étais responsable des Serpentard !" dit Slughorn. "Oh, maintenant,"
poursuivit-il rapidement, voyant l'expression sur le visage de Harry et agitant une clochette près de lui" ne retiens pas cela contre moi ! Tu es un Gryffondor comme elle, je suppose ? Oui, c'est souvent l'habitude dans les familles. Pas toujours, cependant. As-tu entendu parler de Sirius Black ? Tu dois avoir appris - c'était dans le dernier journal - qu'il était mort, il y a quelques semaines…"
C'était comme si une main invisible avait tordu les intestins de Harry et les avait comprimés.
" Quoi qu'il en soit, il était le grand ami de ton père à l'école. Toute la famille Black est passé par ma maison, mais Sirius s'est retrouvé chez les Gryffondor ! Quelle honte… c'était un garçon très doué. J'ai eu son frère, Regulus, quand il est venu ensuite, mais j'aurai bien voulu les deux !"
Il ressemblait à un collectionneur enthousiaste qui avait surenchéri.
Complètement perdu dans ses souvenirs, il regardait fixement le mur opposé, et se dandinait sur place pour assurer une répartition égale de la chaleur sur tout l'arrière de son corps.
"Ta mère était une fille de Moldus, bien sûr. Je ne pouvais pas le croire quand je l'ai appris. Je pensais qu'elle devait être de pur sang, elle était si bonne."
"Une de mes meilleurs amis est une enfant de Moldus !" répliqua Harry,
"Et c'est la meilleure de notre promotion !"
"C'est drôle comme cela se produit parfois, n'est ce pas ?"
"Pas vraiment !" jeta Harry froidement.
Slughorn le regarda avec surprise. " Ne pense pas que je suis compromis!
Non, non, non ! I n'ai-je justement pas dit que ta mère était-elle l'une de mes étudiantes préférées ? Il y avait Dirk Cresswell l'année suivante - maintenant à la tête du bureau de liaison des Goblins - encore un enfant de Moldus, un étudiant très doué, et qui me fournit toujours d'excellentes informations sur ce qui se passe chez Gringott!"
Il sautilla légèrement, souriant, content de lui, et montra les nombreuses photographies sur le buffet, chacune occupée par un minuscule personnage qui bougeait.
" Tous des anciens étudiants, tous remarquables. Tu peux voir Barnabas Cuffe, l'éditeur de la Gazette du Sorcier, il a toujours continué à me communiquer les nouvelles du jour. Et Ambrosius Flume m'envoie un panier de confiseries à chacun de mes anniversaires, et tout ça parce que je lui ai fourni une introduction pour Ciceron Harkisss son premier employeur ! Et derrière - tu peux la voir si tu penches un peu ta tête— c'est Gwenog Jones, qui fut le capitaine de l'équipe des Harpies... Les gens sont toujours étonnés d'entendre que je suis dans les meilleurs termes avec les harpies, et que je reçoive des billets gratuits toutes les fois que je le désire !"
Cette pensée sembla le regonfler énormément.
"Et tous ces gens savent où vous trouver, pour vous envoyer tout ça ?"
demanda Harry, qui ne pouvait pas s'empêcher de se demander pourquoi les Mangemorts n'avaient pas encore dépisté Slughorn si des paniers de bonbons, des billets de Quidditch, et des visiteurs demandant son conseil et ses avis pouvaient le faire.
Le sourire de Slughorn s'effaça de son visage aussi rapidement que précédemment le sang sur les murs.
"Évidemment que non ! Je n'ai plus aucun contact avec eux depuis un an."
Harry eut l'impression que ses mots choquèrent Slughorn lui-même. Il a regarda partout, complètement déboussolé pendant un moment. Puis il s'agita.
"Le sorcier prudent maintient toujours sa tête hors de l'eau dans de genre d'histoires. … Tout semble très bien quand Dumbledore en parle, mais prendre un poste à Poudlard en ce moment seraient l'équivalent qu'une déclaration d'allégeance à l'ordre du Phœnix ! Et autant je suis sûr de ses capacités, de son courage et de toutes ses autres qualités, autant je n'aime pas beaucoup le taux de mortalité…"
"Vous n'avez pas besoin de rejoindre l'ordre pour enseigner à Poudlard !"
remarqua Harry. Il ne pouvait pas empêcher complètement un petit air de dérision de percer dans sa voix. Il était difficile de sympathiser avec Slughorn et sa vie douillette quand il se rappelait Sirius, tapi dans une caverne et menant une vie de rat. "La plupart des professeurs n'en font pas partie, et aucun d'eux n'a jamais été tué - à moins de compter Quirrell, qui a obtenu ce qu'il avait mérité en travaillant pour Voldemort."
Harry était sûr que Slughorn était l'un de ces sorciers qui n'était pas capable d'entendre, prononcé à haute voix, le nom de Voldemort, et il ne fut pas déçu : Slughorn frissonna et protesta, mais Harry l'ignora.
"J'oserai même dire que tout le personnel de Poudlard est bien plus en sécurité que la plupart des gens tant que Dumbledore en est le directeur. Il est censé être la seule personne qui n'ait jamais craint Voldemort, non ?"
continua Harry.
Slughorn regarda fixement dans le vide une minute ou deux : Il semblait réfléchir aux propos de Harry.
"Et bien, oui, il est vrai que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom n'a jamais cherché à affronter Dumbledore," murmura-t-il à contrecœur. "et je suppose que pouvant arguer du fait que je n'ai pas rejoint les Mangemorts, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ne me compte pas parmi ses amis… Dans ce cas, je pourrais tout aussi bien rejoindre l'équipe des professeurs et le rapprocher d'Albus… Je ne peux pas feindre que la mort d'Amelia Bones ne m'ait secoué… Si elle, avec tous ses contacts au ministère et ses protections … "
Dumbledore revint dans le séjour et Slughorn sauta comme s'il avait oublié qu'il était dans la maison.
"Oh, c'est toi, Albus ! Tu as été bien long ! Tu as des maux d'estomac?"
"Non, Je lisais simplement les magazines des Moldus. J'aime bien en feuilleter quelques exemplaires. Bien, Harry, nous avons abusé assez longtemps de l'hospitalité de Horace. Je pense qu'il est temps pour nous de partir."
Disposé à obéir, Harry se leva. Slughorn était interloqué.
"Tu pars ?"
"Oui, évidemment. Je sais reconnaître une cause perdue quand j'en vois une."
" Perdue…?"
Slughorn s'agitait. Il s tripotait les doigts et tournait en rond en observant Dumbledore remettre sa cape, et Harry fermer le haut de sa veste.
"Bon, je suis désolé que tu ne veuilles pas de ce travail, Horace," dit Dumbledore, en levant sa main intacte dans un signe d'adieu. "Poudlard aurait été heureux de te revoir à nouveau. Nonobstant notre sécurité considérablement accrue, tu seras toujours bienvenu comme visiteur, si tu le souhaites."
"Oui...... très aimable bon… comme je dis…"
"Au revoir, à plus !"
"Au revoir !" reprit Harry.
Ils étaient près de la porte d'entrée quand il y eut un cri derrière eux.
"Très bien, très bien, je le ferai !"
Dumbledore se tourna pour regarder Slughorn qui se tenait essoufflé à la porte du salon.
"Tu quitteras ta retraite?"
"Oui, oui," dit Slughorn impatiemment. "je dois être fou, mais oui."
"Merveilleux !" rayonna Dumbledore "Donc, Horace, nous te verrons sur le premier septembre."
"Oui, j'y serai !" grogna Slughorn.
Pendant qu'ils quittaient l'allée de la maison, la voix de Slughorn s'éleva derrière eux, "Je souhaiterai une augmentation de salaire, Dumbledore!"
Dumbledore rit sous cape. Le portillon se ferma derrière eux, et ils tournèrent le dos au bas de la colline dans l'obscurité et la brume tourbillonnante.
"Bien joué, Harry !" remercia Dumbledore.
"Je n'ai rien fait !" s'étonna Harry.
"Oh si .Tu as montré à Horace tout ce qu'il avait à gagner en retournant à Poudlard. Il t'a plu ?"
"Heu..."