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– Justement, il n’est pas mort, il est même en parfaite santé, alors à quoi bon…

– Molly, on dit que Sirius Black est fou et c’est sans doute vrai, mais il a été suffisamment intelligent pour arriver à s’évader d’Azkaban alors qu’en principe, c’est impossible. Il y a maintenant plus de trois semaines qu’il est en fuite et on n’a pas retrouvé la moindre trace de lui. Fudge peut bien dire tout ce qu’il veut à La Gazette du sorcier, on n’est pas plus près d’attraper Black que d’inventer des baguettes magiques automatiques. La seule chose certaine, ce sont les intentions de Black…

– Mais Harry sera parfaitement en sécurité à Poudlard.

– On pensait aussi que la prison d’Azkaban offrait toutes les conditions de sécurité. Si Black a réussi à s’en échapper, il peut aussi s’introduire à Poudlard.

– Mais on n’est pas vraiment sûr qu’il en veuille à Harry…

Il y eut un coup sourd, comme si Mr Weasley venait de taper du poing sur la table.

– Molly ! Combien de fois faudra-t-il que je te le répète ? Ils n’en ont pas parlé dans la presse parce que Fudge ne veut pas que ça se sache, mais il s’est rendu à Azkaban la nuit où Black s’est évadé. Les gardiens lui ont dit que depuis un certain temps, Black parlait dans son sommeil et qu’il répétait toujours la même chose : « Il est à Poudlard… Il est à Poudlard… » Black a l’esprit dérangé, Molly, et il veut tuer Harry. À mon avis, il doit être persuadé que tuer Harry permettrait de ramener Tu-Sais-Qui au pouvoir. Black a tout perdu le soir où Harry a mis un terme aux agissements de Tu-Sais-Qui et il a eu tout le temps de ruminer ça pendant les douze ans qu’il a passés à Azkaban…

Il y eut un silence et Harry se pencha un peu plus vers la porte, avide d’en entendre davantage.

– Tu n’as qu’à faire ce que tu crois utile, Arthur, dit Mrs Weasley, mais tu oublies Albus Dumbledore. Je ne pense pas qu’il puisse arriver quoi que ce soit à Harry avec Dumbledore comme directeur de Poudlard. J’imagine qu’il est au courant ?

– Bien entendu. Il a fallu lui demander l’autorisation de poster des gardiens d’Azkaban aux différentes entrées de l’école. Il n’était pas très content, mais il a quand même accepté.

– Pas très content ? Pourquoi serait-il mécontent s’ils parviennent à capturer Black ?

– Dumbledore n’aime pas beaucoup les gardiens d’Azkaban, dit Mr Weasley. Moi non plus, d’ailleurs… Mais quand on a affaire à un sorcier tel que Black, il faut parfois travailler avec des gens qu’on préférerait éviter.

– S’ils arrivent à sauver Harry…

– Dans ce cas, je ne dirai plus jamais rien contre eux, assura Mr Weasley d’un ton las. Il est tard, Molly, on ferait bien d’aller se coucher…

Harry entendit bouger des chaises. Dans le plus grand silence, il fila alors en direction du bar où on ne pouvait le voir. La porte du petit salon s’ouvrit et des bruits de pas lui indiquèrent que Mr et Mrs Weasley montaient l’escalier.

La bouteille de tonique pour rat se trouvait sous la table à laquelle ils s’étaient assis dans l’après-midi. Harry attendit que la porte de la chambre de Mr et Mrs Weasley se soit refermée puis il monta l’escalier à son tour avec le flacon.

Fred et George, accroupis dans la pénombre du couloir, se retenaient de rire en écoutant Percy fouiller partout dans la chambre pour essayer de retrouver son insigne.

– C’est nous qui l’avons, chuchota Fred à Harry. On l’a un peu arrangé.

À présent, on pouvait lire sur l’insigne : Roquet-en-chef.

Harry se força à rire, alla donner à Ron le tonique pour rat, puis s’enferma dans sa chambre et s’allongea sur son lit.

Ainsi donc, Sirius Black cherchait à le tuer. Tout s’expliquait à présent. Fudge s’était montré indulgent envers lui simplement parce qu’il avait été soulagé de le retrouver vivant. Et il avait fait promettre à Harry de rester sur le Chemin de Traverse où il y avait plein de sorciers pour veiller sur lui. Et il allait envoyer deux voitures officielles qui les emmèneraient à la gare pour que les Weasley puissent le surveiller jusqu’à ce qu’il monte dans le train.

Harry resta immobile à écouter les cris étouffés qui provenaient de la chambre voisine en se demandant pourquoi il avait beaucoup moins peur qu’il n’aurait dû. Sirius Black avait tué treize personnes en lançant un seul sort et Mr et Mrs Weasley étaient persuadés qu’il serait saisi de panique s’il venait à apprendre la vérité. Mais Harry était parfaitement d’accord avec Mrs Weasley lorsqu’elle affirmait qu’il n’y avait pas d’endroit plus sûr au monde que là où se trouvait Albus Dumbledore. Ne disait-on pas que Dumbledore était la seule personne que craignait Lord Voldemort lui-même ? Black, qui avait été le bras droit de Voldemort, n’aurait-il pas tout aussi peur de lui ?

Et puis il y avait aussi ces gardiens d’Azkaban dont tout le monde ne cessait de parler. Ils semblaient inspirer une véritable terreur et s’ils étaient postés tout autour de l’école, Black aurait beaucoup de mal à y entrer.

Finalement, ce qui préoccupait le plus Harry, c’était qu’il n’avait pratiquement plus aucune chance d’obtenir l’autorisation de visiter Pré-au-lard. Personne ne le laisserait quitter le périmètre protégé du château tant que Black n’aurait pas été rattrapé. Harry s’attendait à faire l’objet d’une surveillance de tous les instants jusqu’à ce que tout danger soit écarté.

Il fronça les sourcils en contemplant le plafond plongé dans la pénombre. Pensaient-ils vraiment qu’il était incapable de se débrouiller tout seul ? Il avait échappé trois fois aux griffes de Voldemort, il n’était donc pas si empoté…

L’image de la bête tapie dans l’obscurité de Magnolia Crescent s’imposa alors à son esprit. Que faire lorsque l’on sent venir le pire… ?

– Je ne me laisserai pas assassiner, dit Harry à haute voix.

– Excellent état d’esprit, cher ami, répondit le miroir d’une voix endormie.

5. LE DÉTRAQUEUR

Le lendemain, Tom réveilla Harry avec son habituel sourire édenté et une tasse de son thé préféré. Une fois habillé, Harry tentait à grand-peine de convaincre Hedwige d’entrer dans sa cage lorsque Ron fit irruption dans la chambre. D’humeur massacrante, il était en train d’enfiler un pull.

– Vivement qu’on soit dans le train ! lança-t-il. Au moins, quand on sera arrivés à Poudlard, je pourrai éviter d’avoir Percy sur le dos. Maintenant, il m’accuse d’avoir renversé du thé sur la photo de Pénélope Deauclaire, sa petite amie, ajouta-t-il avec une grimace. Elle se cache derrière le cadre parce qu’elle a un bouton sur le nez…

– J’ai quelque chose à te dire, commença Harry, mais il fut interrompu par Fred et George qui étaient venus féliciter Ron d’avoir rendu Percy à nouveau furieux.

Ils descendirent prendre leur petit déjeuner dans la salle du Chaudron baveur où Mr Weasley lisait La Gazette du sorcier en fronçant les sourcils tandis que Mrs Weasley racontait à Hermione et à Ginny qu’elle avait fabriqué un philtre d’amour lorsqu’elle était jeune. Toutes trois avaient l’air de bien s’amuser.

– Qu’est-ce que tu voulais me dire ? demanda Ron.

– Plus tard, murmura Harry en voyant arriver Percy d’un pas impérial.

Dans l’agitation du départ, Harry n’avait aucune chance de pouvoir parler à Ron tranquillement : ils étaient trop occupés à descendre leurs valises et à les entasser devant la porte du Chaudron baveur avec les cages d’Hedwige et d’Hermès, le hibou de Percy, posées dessus. À côté de la montagne de bagages, il y avait un petit panier d’osier d’où s’échappaient des crachements furieux.