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– Si ! s’exclama Harry en se relevant. Je veux essayer encore une fois ! Je ne me concentre pas sur des souvenirs suffisamment heureux, voilà tout… Attendez…

Il fouilla sa mémoire, à la recherche d’un souvenir heureux, vraiment très heureux… Un souvenir qui pourrait se transformer en un puissant Patronus…

Le moment où il avait découvert qu’il était un sorcier et qu’il allait quitter les Dursley pour aller faire ses études à Poudlard ! Si ce souvenir-là n’était pas heureux, aucun autre ne pourrait l’être… Harry se concentra de toutes ses forces pour essayer de faire renaître en lui le bonheur qu’il avait éprouvé en apprenant qu’il allait échapper à Privet Drive.

– Prêt ? dit Lupin qui ne semblait pas très enthousiaste à l’idée de renouveler l’expérience. Vous êtes bien concentré ? Allons-y !

Il souleva le couvercle pour la troisième fois et le Détraqueur se dressa. Les lumières s’éteignirent, le froid se répandit…

SPERO PATRONUM ! hurla Harry. SPERO PATRONUM ! SPERO PATRONUM !

Les cris avaient recommencé à résonner dans sa tête, mais, cette fois, c’était comme s’ils provenaient d’une radio mal réglée. Leur intensité diminuait, augmentait, diminuait à nouveau… Harry voyait toujours le Détraqueur qui s’immobilisa tout à coup… Alors, une immense ombre argentée jaillit de la baguette magique de Harry et flotta dans l’air, entre le Détraqueur et lui. Harry avait l’impression que ses jambes s’étaient liquéfiées, mais il tenait toujours debout… Pour combien de temps encore, il ne le savait pas…

Riddikulus ! rugit Lupin en se précipitant.

Il y eut un craquement sonore et le Patronus de Harry se volatilisa en même temps que le Détraqueur. Harry se laissa tomber sur une chaise, les jambes tremblantes, comme s’il venait de courir plusieurs kilomètres. Du coin de l’œil, il vit le professeur Lupin obliger à rentrer dans sa caisse l’épouvantard qui avait repris la forme d’une sphère argentée.

– Excellent ! s’exclama Lupin. Bravo, Harry ! C’était un très bon début !

– On peut faire un nouvel essai ? Juste un ?

– Non, pas maintenant, répondit fermement Lupin. Ça suffit pour ce soir. Tenez…

Il donna à Harry une grande barre du meilleur chocolat de chez Honeydukes.

– Mangez tout, sinon, Madame Pomfresh sera furieuse contre moi. On recommence à la même heure la semaine prochaine ?

– D’accord, dit Harry.

Il croqua un morceau de chocolat pendant que Lupin éteignait les lampes qui s’étaient rallumées lorsque le Détraqueur avait disparu. Une pensée traversa alors l’esprit de Harry.

– Professeur Lupin ? dit-il. Si vous avez connu mon père, vous avez dû connaître aussi Sirius Black ?

Lupin se tourna vivement vers lui.

– Qu’est-ce qui vous fait croire ça ? dit-il sèchement.

– Rien… Je sais simplement que eux aussi étaient amis quand ils étaient à Poudlard…

Lupin se détendit.

– Oui, dit-il, je le connaissais. Ou plutôt, je croyais le connaître. Vous feriez bien d’y aller, Harry, il est tard.

Harry sortit de la salle, avança dans le couloir et s’assit sur le socle d’une armure pour finir sa barre de chocolat. Il regrettait d’avoir parlé de Black à Lupin qui, de toute évidence, n’avait pas la moindre envie d’aborder le sujet. Harry repensa alors à sa mère et à son père… Il se sentait épuisé, étrangement vide, bien qu’il eût l’estomac plein de chocolat. Entendre répéter dans sa tête les dernières paroles prononcées par ses parents avant leur mort était une terrible épreuve, mais c’était aussi la première fois qu’il entendait leurs voix depuis sa toute petite enfance. S’il voulait produire un Patronus efficace, cependant, il devait renoncer à toute tentation de les entendre à nouveau.

– Ils sont morts, se dit-il gravement. Ils sont morts et entendre des échos de leur voix ne les fera pas revivre. Il est temps de te ressaisir si tu veux gagner la coupe de Quidditch.

Il se leva, croqua le dernier morceau de chocolat et se dirigea vers la tour de Gryffondor.

Une semaine après la reprise des cours, l’équipe des Serdaigle joua son match contre les Serpentard. Ces derniers l’emportèrent, mais de peu. Si l’on en croyait Dubois, c’était une bonne nouvelle pour les Gryffondor qui prendraient la deuxième place si eux aussi parvenaient à battre les Serdaigle. Il porta donc le nombre des séances d’entraînement à cinq par semaine. Cela signifiait qu’avec les cours anti-Détraqueurs de Lupin, qui étaient en eux-mêmes aussi épuisants que six séances d’entraînement de Quidditch, Harry ne disposait plus que d’un seul soir par semaine pour faire ses devoirs. Il supportait pourtant les contraintes de son emploi du temps beaucoup mieux qu’Hermione qui paraissait écrasée par sa surcharge de travail. Chaque soir, dans un coin de la salle commune, elle étalait sur plusieurs tables ses livres, ses calculs d’Arithmancie, ses dictionnaires de runes, ses schémas représentant des Moldus en train de soulever des objets lourds et des liasses de parchemins contenant ses notes détaillées ; elle parlait rarement aux autres et répliquait d’un ton sec à quiconque l’interrompait.

– Je me demande comment elle y arrive, dit un jour Ron à Harry.

Ce soir-là, Hermione avait entassé tant de livres devant elle qu’on la voyait à peine.

– Comment elle arrive à quoi ? demanda Harry.

– À assister à tous ses cours. Ce matin, je l’ai vue avec la prof d’Arithmancie. Elles parlaient du cours d’hier, mais Hermione n’a pas pu y assister puisqu’elle était avec nous en classe de Soins aux créatures magiques ! Et Ernie Macmillan m’a dit qu’elle ne ratait jamais les cours sur les Moldus alors qu’ils ont presque tous lieu en même temps que ceux de Divination. Et ceux-là non plus, elle ne les manque jamais !

Mais pour l’instant, Harry n’avait pas le temps de sonder les mystères de cet emploi du temps impossible, car lui-même avait un devoir à faire pour Rogue. Deux secondes plus tard, cependant, il fut interrompu par Dubois.

– Mauvaise nouvelle, Harry. Je viens d’aller voir McGonagall pour lui parler de l’Éclair de Feu. Elle n’a pas été très aimable avec moi. Elle m’a dit que je me trompais de priorités. Elle avait l’air de penser que je m’occupais plus de gagner la coupe que de te garder en vie. Simplement parce que je lui ai dit que ça m’était égal que tu tombes du balai pourvu que tu attrapes le Vif d’or avant ta chute.

Dubois hocha la tête d’un air incrédule.

– Si tu l’avais entendue hurler… poursuivit-il. On aurait dit que j’avais proféré une énormité. Alors, je lui ai demandé combien de temps elle comptait garder le balai…

Dubois fit une grimace et imita la voix sèche du professeur McGonagall :

– « Aussi longtemps que cela sera nécessaire, Dubois… » Je crois qu’il est temps que tu commandes un nouveau balai, Harry. Il y a un bon de commande à la dernière page de Balai-Magazine… Tu pourrais peut-être prendre un Nimbus 2001, comme celui de Malefoy ?

– Je n’achèterai jamais quelque chose que Malefoy possède déjà, déclara Harry d’un ton sans réplique.

Février arriva imperceptiblement, accompagné d’un temps toujours aussi glacial. La date du match contre les Serdaigle se rapprochait, mais Harry n’avait toujours pas commandé de nouveau balai. À la fin de chaque cours de Métamorphose, il demandait au professeur McGonagall des nouvelles de son Éclair de Feu. Ron, plein d’espoir, restait à côté de lui pour écouter la réponse, tandis qu’Hermione se précipitait hors de la classe en détournant la tête.

– Non, Potter, je ne peux toujours pas vous le rendre, dit le professeur McGonagall pour la douzième fois, avant même que Harry ait eu le temps d’ouvrir la bouche. Nous avons vérifié s’il n’avait pas subi les sortilèges les plus courants, mais le professeur Flitwick pense qu’il a peut-être été soumis à un maléfice de Catapultage. N’ayez crainte, je vous le dirai lorsque toutes les vérifications seront terminées. En attendant, cessez de me harceler.